[Live] MaMA 2014 – Jour 3

Il y a ces soirées qui du début à la fin séduisent par leur atmosphère, liées aux rencontres faites, aux artistes découverts sur scène et aux surprises inattendues.

Lonely The Brave par Solene Patron
Lonely The Brave © Solène Patron

Ce vendredi 17 octobre, il est 18h15 quand Mark Berube, prix du Jury des Inouïs du Printemps de Bourges, démarre son concert dans le très bel espace privatif du Pigalle, entouré de plantes très vertes et de cages à oiseaux. Ambiance détendue malgré l’ouverture sur la rue et le passage incessant des voitures le long du très emprunté boulevard de Clichy.
Pourtant, au moment où la voix du chanteur montréalais se pose sur les notes de son piano accompagné de ses trois musiciens, la violoncelliste et autoharpiste Kristina Koropecki et ses manchettes tatouées, le bassiste Hugo Chaput et le batteur Marc-André Pételle, on oublie tout pour se laisser emporter par l’univers sublime de Berube à la poésie d’un Patrick Watson.
Véritable association de talents, de voix et d’une orchestration touchante et émotionnelle, on a rarement autant savouré et aimé se laisser prendre par des ballades folks, par une magie musicale presque impalpable, mais pourtant tellement ancrée. Et tellement apprécié également ces interludes pendant lesquels le chanteur nous parle de son enfance au Swaziland, qui a tant forgé ses influences et son histoire peu commune.

Mark Berube par Fred Lombard

Plus vibrant, plus essentiel sur scène, Mark Berube a appuyé sur nos cordes sensibles là où l’émotion est la plus belle et la plus sincère. On a eu les larmes au bord des yeux à force de pouvoir admirer l’intensité des compositions prendre le dessus, quand devant la scène les musiciens viendront chanter unis autour d’un micro a cappella le superbe « Yebo Mama » ou quand les cordes de Kristina Koropecki viendront soutenir la tendresse du chant de Berube sur « Russian Doll ». On se souviendra longtemps de cet inoubliable moment, salué par deux fois en rappel et en fin de set par un public attentif et fasciné. Un concert fabuleux qui a grandement participé à sa façon à la réussite et à l’appréciation de toute une soirée.

Après la plénitude folk, l’enthousiasme nous pousse jusqu’aux portes du Backstage de l’O’Sullivans pour vivre par deux fois un rock fougueux et animé.

Nous serons d’abord en présence du trio montréalais We Are Wolves, authentiques bêtes de scène, qui, cachés derrières leurs voiles mystiques, laissent transpirer leurs instincts 80’s avec une fureur toute particulière. Sur un chant habité et emporté, des synthés barrés, des riffs électriques et une batterie très très animée, après les premières pistes, Alexander Ortiz, Vincent Levesque et Pierre-Luc Bégin font tomber les masques pour révéler leurs vrais visages, habillés d’une douce folie.

We Are Wolves par Fred Lombard

Entre punk saturé et grunge aux nappes électroniques, entre le très agité « Moving Fast », le bouillant « We Are Made of Fire (Sisyphus) » et l’excitant « Night », le dernier album des Canadiens « La Mort Pop Club » prend une toute autre dimension en concert.
On appréciera notamment l’énergie déployée sur scène, l’envie de communier avec le public et le climat orageux mais jamais effrayant d’une set avant tout bien rodé. Très bonne découverte.

Du côté de Birdy Hunt, on avait vraiment hâte de découvrir les titres de l’excellent « Shoplift » sur scène.
Pendant le montage de l’installation du logo dégoulinant du groupe parisien sur l’arrière scène, on reconnaîtra, honteusement, « La Ferme » des Fatals Picards. Ambiance.
Le quintet parisien ne décevra pas. En neuf titres, – on a fait le calcul -, Marc au chant et sa bande de baroudeurs de l’indie pop, Manu au clavier, Marius derrière les fûts, Nicolas à la guitare et le petit nouveau de la bande, Romain à la basse ont mis l’ambiance au Backstage.

Birdy Hunt par Fred Lombard

Un set très animé qui de « Snoopy » à « Maria » aura fait danser bien du monde, des fans acquis dès la première note, connaissant déjà sur le bout de la langue les nouvelles compos alors même que l’album n’est pas encore sorti, et ceux qui découvraient ce soir la formation pour leur plus grand entrain et bonheur. Entre le charisme de Marc et les solos de Manu au clavier-guitare, il sera bien impossible de ne pas se laisser emporter par l’atmosphère particulièrement détendue, amicale et insouciante de ce vendredi soir.

Pas question alors de laisser retomber l’atmosphère. En route une dernière fois pour le Divan du Monde, afin de découvrir les Anglais de Lonely The Brave.
Un phénomène rock alternatif montant de Cambridge, emmené par le discret David Jakes à la voix pourtant retentissante, en promenade dans la zone laissée vierge par ses trois frontmen ; le duo de guitaristes Ross Smithwick et Mark Trotter et le bassiste Andrew Bushen, plus le batteur Gavin Edgeley.

Lonely The Brave par Fred Lombard

Honnêtes défenseurs d’un 1er album « The Day’s War » annoncé depuis 2012 et sorti en septembre dernier, le quintet britannique a témoigné de toute la passion et la vigueur qui animent ses plus beaux titres de « Trick Of The Light » à « Backroads », jusqu’à nous faire ressentir les tremblements d’émotion jusqu’au plus profond de nous sur « The Blue, The Green », titre puissant de sincérité.
Entre grosses frappes et sens de la mélodie, Lonely The Brave n’a pas souffert de solitude tant le public au rendez-vous s’est laissé emporté par la force instinctive de ses compositions.

Notre soirée aurait pu s’arrêter là mais Kadebostany, dernier concert du MaMA, réunissant une foule plus que compacte dans un Bus Palladium archibondé en a décidé autrement.
Arrivé dans la salle, sous une chaleur presque écrasante, pas moyen de bouger, ni d’avancer. On se tasse pour fendre un chemin à travers un public sous l’emprise du groupe suisse. Les agoraphobes ont dû se sentir bien mal à l’aise et on les comprend.

Kadebostany par Benoit Billard

Pourtant, on aura du mal à redire quoi que ce soit sur un spectacle ultramillimétré et maîtrisé, où le chant de la mystérieuse Amina se voit synchronisé à la perfection avec des séquences filmées projetées sur deux écrans en forme de drapeaux, duquel l’autoproclamé président Kadebostan galvanise sa foule de fidèles et où les cuivres portent les hymnes fraternels d’un projet fascinant d’énergie. Une prestation remarquable, pour des tubes faisant le grand écart entre la vitalité des Black Eyed Peas période « Elephunk » et le charme obsédant de l’hypnotisante Sia.
En résumé, Kadebostany nous a offert sa version d’un pop show réglé comme une horloge…suisse. On s’en serait presque douté.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques