[EP] Maison Brume – Les saisons d’être, chapitre 1 : Carnet d’hiver

Un premier disque sensible et dépouillé, introduction d’une épopée introspective qui s’annonce aussi bouleversante qu’émotionnellement entière et subtile. Maison Brume signe une étape essentielle, conciliant mal-être et ambition avec une sagesse et une générosité immenses.

Ce qui frappe avant tout en découvrant « Les saisons d’être, chapitre 1 : Carnet d’hiver », le nouvel EP du compositeur québécois Florian Seraul, alias Maison Brume, c’est bel et bien la fluidité cristalline que musique et verbe portent en eux, chaque tonalité vocale et sonore devenant la pulsion d’un cœur tantôt ralenti, tantôt excité. Folk sans être réduit à cette simple définition, l’opus traverse les ombres et les lumières d’arrangements sobres mais idylliques, car tous orientés vers un seul et même but : le frémissement de nos âmes et de nos échines face à ces chansons de la confidence et du dialogue, témoins d’une existence évoquée à un instant T, de ses impressions, de ses cicatrices. Un premier chapitre qui permet de rapidement nous insinuer dans l’histoire qui nous est contée, avec sensibilité et sincérité.

« L’âgé », celui qui a trouvé la sagesse dans l’épreuve, développe un langage simple et confortable ; une confiance que l’auteur nous accorde à travers quelques guitares et cordes mélancoliques et chaleureuses, bientôt suivies d’échos de batteries et de chœurs en apesanteur, le temps se suspendant, comme nous, aux lèvres de notre interlocuteur. Retour aux origines de l’amour avec « Les cœurs obliques », monologue destiné à l’être chéri avec une volonté croissante, portée par des arrangements plus optimistes et lumineux. Résultant de ces deux phases différentes dans la forme mais complémentaires dans le fond, « Champs de neige » plante un décor plus sombre, bien qu’immaculé dans ses termes et images, avant de s’envoler sur un final bouleversant d’intensité et de spleen, une montée en puissance splendide et déstabilisante ; annonce d’une ultime épopée minimaliste sur « L’éclaircie », en grande partie instrumental avant d’affiner son propos dans un échange masculin et féminin se perdant au sein d’une nature se préparant au printemps.

Cohérent et immédiat, cet EP aux saveurs de sucre et de soufre nous permet de nous immerger dans les eaux froides et scintillantes de Maison Brume, qui devient, à travers une voix fragile et sensitive, notre guide autant que notre maître à penser. Penser ses chansons, bien sûr, car elles exigent de prendre le temps de s’arrêter pour mieux les contempler. Mais, surtout, penser à notre propre journal intime, notre for intérieur qui trouve une fabuleuse résonance émotionnelle dans les flux de température de cette première saison. Tout en laissant augurer un langage à la fois complémentaire et différent sur les futures œuvres de Florian Seraul, qu’il nous tarde de partager avec lui.

« Les saisons d’être, chapitre 1 : Carnet d’hiver » de Maison Brume est disponible depuis le 20 janvier 2017 chez Another Record.


Retrouvez Maison Brume sur :
Site officielFacebookBandcamp

Photo of author

Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.