[Live] Main Square Festival 2022

Du 30 juin au 3 juillet derniers, le Main Square Festival effectuait son grand retour dans la Citadelle d’Arras après 2 ans d’absence pour cause de pandémie. Excités par ce retour, on est allé voir comment le festival avait encaissé ce congé sabbatique forcé. Nous ne pouvions malheureusement être présents le premier jour du festival, on débarque donc le vendredi, non sans avoir dû faire preuve de patience pour nous extirper des embouteillages du premier vendredi de juillet.

crédit : David Tabary

Le géant, la découverte et la confirmation

Premier artiste à avoir été reprogrammé après les deux annulations du festival, Sting était sans doute LA tête d’affiche du festival. Dire qu’il était attendu au tournant était sans doute un doux euphémisme. Pourtant, il n’aura fallu que deux petits titres iconiques (”Message in a Bottle” de Police, et “Englishman in New York”) pour mettre toute la Citadelle d’accord. Les titres s’enchaînent et le seul constat que l’on puisse faire, c’est que même si on n’a jamais vraiment écouté Sting, on connaît tous ses plus grands titres par cœur, ce qui prouve que le bonhomme fait partie d’une sorte de patrimoine culturel mondial quasi immémorial. La qualité limpide de sa voix finira de nous convaincre que Sting était bien là au rendez-vous qu’il nous avait fixé dès 2020. On regrettera seulement de ne pas avoir été autorisés à prendre des photos de son concert.

Pendant que Sting jouait, on est allé faire un tour devant la scène du Bastion où jouait en même temps le duo YN. Là, devant cette petite scène, s’était massées quelques centaines de jeunes sans doute hermétiques à la musique du bon vieux Sting. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’on a bien fait de venir voir ce qu’il se passait ici car c’est une véritable claque collective que nous administre les Lillois. Au chant, N’Zaki Forbon délivre un flow lourd et puissant, dans la nuit tombante son regard possédé nous transperce et nous hypnotise. quand il nous demande de sauter on s’exécute, s’il nous demande de reprendre ses paroles ciselées, on s’exécute encore, non par crainte mais parce qu’on est pris dans la ferveur d’une prestation implacable. Derrière ses fûts, Yann Forleo martèle un rythme lourd et entêtant. La prestation de YN : un des moments les plus forts de tout le festival, tout simplement !

On les avait vus 6 ans plus tôt sur la même scène le même jour, ils en ont parcouru du chemin depuis Last Train. Et on se fait la réflexion que chaque fois que l’on croise la route du quatuor, leur prestation scénique est un ton au-dessus de la précédente, ce qui n’est pas la moindre des performances. Leur concert ici le dimanche ne fait pas exception à cette règle. Les quatre membres du groupe sont survoltés, quadrillent la Main Stage, haranguent la foule, jusqu’à ce que Jean-Noël, le chanteur, finissent dans le public à littéralement marcher sur la foule. C’est fort, c’est efficace et on en redemande !

Derrière ces trois concerts emblématiques du Main Square on n’oubliera pas la prestation mémorable de Feu! Chatterton lors de la deuxième journée. Programmés en début de soirée, devant un public se massant devant la Main Stage encore baignée de soleil pour ne rien manquer du concert de Sting, il n’était vraiment pas gagné que la mayonnaise prenne. Et pourtant, le groupe entre en scène manifestement habité par la poésie de ses morceaux, les musiciens jouent les yeux fermés, Arthur Teboul mime l’oiseau pendant le titre éponyme. Feu! Chatterton parle à la foule, à son cœur, et ça fonctionne. Le résultat : un beau moment de communion.


Le retour au Bastion

Il faut absolument parler du Bastion ! On en avait déjà dit le plus grand bien lors de son apparition en 2019. Cette troisième scène installée à l’écart de la Main Stage aura de nouveau attiré les foules. On aura même parfois eu du mal à y accéder, même si certaines mauvaises langues diront que c’est la proximité des baraques à frites typiques du Nord – Pas de Calais qui aura drainé cette foule nombreuse. Pour autant on aura vu de très belles choses sur scène. On a déjà évoqué la prestation de YN. Mais on pense aussi à Space Alligators et sa pop-rock bondissante que ne renierait pas Franz Ferdinand. Programmés en début d’après-midi, le groupe aura réussi à faire danser un public pas encore bien réveillé.

Même topo pour Baasta, les locaux de l’étape toujours aussi énervés auront mis une bonne petite claque à un auditoire un peu sage qui se sera indubitablement fait remettre les idées en place. Dans le public, on aura vu s’agiter quelques maillots du RC Lens, ce qui n’aura pas dû déplaire au duo.

On pense encore à Lena Deluxe et sa pop psychédélique très 70’s distillée dans un soleil couchant du plus bel effet. Son concert aura agi sur le public comme un véritable boost d’énergie et de bonne humeur.

Dans un autre genre, on aura pris un grand plaisir à voir Okala sur la scène du Bastion. Sans doute programmé trop tôt, Okala, jupe longue et paillettes, aura tout de même réussi à déployer avec une facilité déconcertante son univers onirique et scintillant pour un moment d’une poésie rare.

On fait le grand écart avec le concert de Junon, seul groupe de véritables furieux programmé au Bastion, on mentirait si on disait ne pas s’être inquiétés en voyant l’espace devant la scène totalement désert au moment où le groupe démarrait son set. Mais peu à peu on a vu des spectateurs allongés sur la butte en face du bastion se lever et venir pour la bagarre. Au final, Junon pourra se targuer d’avoir ramené un peu de l’ambiance du Hellfest dans la Citadelle d’Arras.

On finira en disant deux mots du concert de Eesah Yasuke, programmée en même temps que Caballero et JeanJass sur la Greenroom, elle nous permettra de mesurer à quel point il peut y avoir des styles très différents dans le rap. Celui d’Eesah avec ses textes engagés, humanistes ou antiracistes, est un rap qui fait du bien, à l’image du large sourire que l’artiste arbore sur scène.


La ferveur populaire retrouvée

Au final on aura eu grand plaisir à retrouver le Main Square Festival et tous ces groupes qu’on attendait, ou pas, et qui auront animé et nourri cette grande ferveur populaire retrouvée : The Inspector Cluzo venus jouer au pied levé en lieu et place de Pixies (qui auront annulé pour un cas de covid dans l’équipe), Edgär, Marcel et son Orchestre, Brass Against, Declan McKenna, Skip The Use, Larkin Poe, Last Night We Killed Pineapple, Richard Allen, P.R2B, Only The Poets, You Me At Six et tous les autres ! Merci à tous et à l’année prochaine !


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures