Quelques mois après la sortie de son album « Aïda », Maïa Barouh prolonge la portée, les nuances du contenu conscient, personnel et vibrant de son long format, avec le clip du morceau « ChinXoise », dans laquelle elle s’élève contre le racisme anti-asiatique qui sévit depuis quelques années, en particulier en France. Mais sa réponse est avant tout créative et sensible, humoristique et autodérisoire. Ainsi dans sa nouvelle vidéo, elle pointe du doigt avec une justesse de ton extrêmement pertinente, de nombreux clichés associés culturellement aux enfants, femmes et hommes d’origines asiatiques en particulier en matière de mode de vie. Le titre de son album « Aïda » (signifiant « entre ») prend une nouvelle fois tout son sens, lui qui par sa richesse culturelle peut prendre de la hauteur sur la culture occidentale et la culture japonaise.
En forme de mise en abîme cinématographique, ce clip s’impose d’ailleurs comme un pied de nez espiègle face aux industries culturelles occidentales (cinéma, jeux vidéos, musique…), qui sous couvert d’une ouverture d’esprit et d’un esprit cosmopolite, transmettent et utilisent tout de même de nombreux préjugés culturels. En à peine 2 minutes 42, les différentes saynètes illustrent de manière très concrète des images vraiment ancrées dans l’imaginaire collectif autour des cultures asiatiques, trop souvent réduites à un même ensemble homogène et uniforme. La musique de Maïa Barouh en elle-même est par essence un argument de poids face à l’ignorance, l’inculture, mais aussi l’intolérance. Musicalement, « ChinXoise » est le fruit d’une alchimie complexe, mais extrêmement vivante entre la culture hip-hop, le rap américain, le rap français, les musiques électroniques, le dub, les musiques traditionnelles japonaises, le jazz…
À tel point que nous oublions bien vite à l’écoute de ce morceau entraînant et malin, la question de la situation géographique, pour nous laisser porter par cette vibe solaire et percutante. Les artistes, en particulier les groupes, les musicien·ne·s liés à la Pop Culture de plus en plus globalisée, sont en quelque sorte à leurs échelles, des messager·ère·s de ce Nouveau Monde qui se construit aujourd’hui, en dépit des conservatismes, de la xénophobie ambiante, un monde qui entre dans une nouvelle phase de la globalisation, avec l’émergence de nouvelles cultures hybrides, portées par la jeunesse du monde entier. À n’en point douter, Maïa Barouh devient actrice de ce devenir fraternel, coloré, pacifique et créatif, qui pourrait être l’espoir de l’humanité, face aux dérives autoritaires, guerrières, patriarcales actuelles.
« Aïda » de Maïa Barouh est disponible depuis le 21 octobre 2022 chez Saravah, avec Kurokeno.
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