La fréquence discographique de Magon depuis 2019, année de sortie de son album inaugural, excitant et jubilatoire « Out in The Dark », est tout simplement démentielle. Ce génial activiste rock indé est à l’aube de sortir son 6e album même si pour l’instant « Did You Hear The Kids? » est seulement le premier et l’unique prévu en 2023 (mais tout peut encore arriver !). Il est définitivement un stakhanoviste de l’objet rock, dont l’inspiration ne semble jamais pouvoir se tarir. Et si elle pourrait pâtir de cette effervescence permanente, en matière de qualité, au contraire, chez lui, elle décuple les nuances de sa musique sensible et personnelle, qui se nourrit avec tant de bonheur de son parcours de vie, de son intimité, comme le démontre avec malice le single « Onie Was A Kid », en compagnie du groupe parisien SOS Citizen. Son clip est à découvrir ce jour en exclusivité sur indiemusic.
Pour commencer, il faut bien avouer qu’« Onie Was A Kid » est tout simplement (et encore une fois) un bijou de sensibilité pop, délicieuse ballade à l’humeur rock rêveuse et joueuse, comme peu d’apprentis songwriters ne peuvent espérer en composer, ne serait-ce qu’une fois dans leur vie. Au rythme des sorties de cet esthète indie, nous pourrions nous lasser de sa musique simple et décomplexée, de sa voix immuable, nonchalante et chaleureuse, de ses bouts de mélodies lumineux et jubilatoires, de ces chœurs généreux et fédérateurs, de son romantisme poétique, faussement naïf et amoureux de la vie. Mais voilà, Magon a pour lui un feeling renversant, qui lui permet en partant d’un petit rien de la vie, d’une observation, d’une sensation, d’un moment intime, d’une rime, d’un accord… de façonner de petits miracles de simplicité et d’émotions, le tout sans vraiment le calculer. Même si la tentation est toujours très grande de le comparer à des figures comme Frank Black des Pixies ou encore Julian Casablancas des Strokes, comparaisons d’ailleurs pas forcément fondées d’un point de vue influences réelles, il faut quand même avouer qu’il s’inscrit dans une filiation évidente, en particulier depuis son album « Enter by the Narrow Gate » sorti en 2022, par rapport à des monuments du songwriting comme Bob Dylan et Lou Reed. Avec ce nouveau single, il confirme que sa productivité n’a rien d’une posture. Il n’y a rien de flamboyant dans cette manière de composer et finalement d’être, mais à l’inverse, il y a quelque chose de naturel, de vital et d’humain. D’une certaine manière, Magon construit avec sa musique une bulle échappatoire imaginaire face à l’hérésie du monde actuel, une bulle pour lui, une bulle pour ses proches, une bulle pour sa petite famille. Le geste créatif est certainement chez lui sa manière de résister, de croire en un monde meilleur et plus humain, d’inventer des alternatives poétiques et surréalistes, de façonner un ailleurs imaginaire et protecteur.
Point de détail, mais qui a vraiment son importance, Magon s’est entouré sur ce morceau du duo composé par Louise et Alan soit SOS Citizen, véritable pépite du label La Cèpe Records, ayant sorti un délicieux EP l’année dernière. Force est de constater que la communion d’esprit qui habite cette rencontre musicale est d’une évidence remarquable, elle active les ressorts d’une sensibilité toute en nuances, qui donne beaucoup de légèreté et de profondeur à « Onie was A Kid ».
Ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard si le clip s’incarne dans les traits d’un dessin en noir et blanc, un dessin fluide et vivant, volontairement minimaliste, pouvant évoquer les lignes de certains mandalas. Ces dessins prennent vie au travers du travail complice entre le réalisateur Hugo Tran et le graphiste et designer Titouan Pouliquen. En résulte une vidéo à l’esthétique DIY, que n’aurait pas renié par exemple, la scène anti-folk de New York pour ne citer qu’elle. Au cœur de ce clip s’installe un imaginaire tendrement hippie qui colle particulièrement à l’humeur générale du morceau. Le dessin est ici à la fois ce symbole de l’enfance, auquel Magon se réfère souvent (et est en quelque sorte le fil conducteur de son prochain album), ne serait-ce que parce qu’il est devenu papa ces dernières années, mais aussi parce qu’il semble vouloir garder intact, en tant qu’artiste, ce rapport juvénile et émerveillé face au monde. Le dessin n’était ainsi certainement ni un choix par défaut ni par commodité, facilité… Pour les fans de littérature jeunesse, un artiste de l’envergure de Tomi Ungerer insufflait à ses livres, à ses dessins, à ses histoires une puissance d’imagination et de réflexion absolument phénoménale, tout en étant particulièrement parlante, accessible et honnête par rapport aux enfants. Et d’une certaine manière, il est possible de voir des parallèles entre les dessins du nouveau clip de Magon et l’œuvre du génial alsacien. Comme quoi, chez Magon, le rock ne se nourrit pas uniquement des disques cultes des années 70 et de la légende des grands anciens. Dans son tourbillon musical créatif sont aspirés de multiples éléments qui donnent beaucoup de relief et de justesse à sa musique. En atteste, l’inspiration vibrante de Magon qui se manifeste avec plein de vie, d’amour et d’humanité dans ce nouveau clip, ouvrant avec beaucoup de générosité les portes de l’album « Did You Hear The Kids? », à venir toujours sur le label December Square, et qui, nous l’affirmons déjà, ne rompt en aucune façon la dynamique impressionnante de son créateur, bien au contraire.
« Did You Hear The Kids? » de Magon sortira le 2 juin 2023 chez December Square.
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