[Interview] Ludovic Rétif, programmateur du festival l’Ère de Rien

Le 25 et 26 avril prochain se tiendra la 3e édition du festival gratuit l’Ère de Rien à Rezé, près de Nantes. L’association Melos Nova est derrière l’organisation du festival. Nous avons rencontré Ludovic Rétif, son président pour parler de la programmation excitante des deux journées, ainsi que des activités de l’association durant l’année.

Festival l'Ère de Rien - 3e édition

  • Bonjour Ludovic, peux-tu me présenter ton association ainsi que ses activités tout au long de l’année en plus du festival ?

L’asso a été créée en 2009, dans le but d’organiser à court terme un festival cool et singulier. Nous sommes neuf membres actifs, nous avons entre 22 et 26 ans et nous sommes tous bénévoles. À côté de ça, nous éditons notre propre fanzine gratuit sobrement intitulé « Citronnade », et ce à raison de deux fois par an. Nous développons également en collaboration avec l’asso « Là où le film court », le concept des « vidéos sauvages » : des vidéos acoustiques dans des lieux insolites de la métropole nantaise avec des groupes locaux et internationaux. On a notamment eu la chance de bosser avec Piers Faccini, Why, Jackson Scott et j’en passe. Enfin, via notre site internet, nous communiquons sur ce qui nous anime, nous chavire, fait vibrer notre âme en publiant tous les mois une playlist, des articles,des live-reports et des chroniques en tous genres.

  • Quand on me dit l’Ère de Rien, je repense à la fameuse chanson de Blankass. Le nom du festival vient-il de là ?

« C’est la foi qui s’éteint et ça fait mal aux mains… ». À vrai dire pas vraiment, on a appris après avoir trouvé le nom qu’une chanson de Blankass portait le même… parfois le hasard fait mal les choses.

  • La programmation de cette année est très excitante : BRNS, Fyfe, Jonathan Boulet, Mozes & The Firstborn… des groupes anglais, belges, australiens, hollandais ainsi que quelques projets régionaux. Comment faites-vous cette sélection de projets ?

La prog de l’Ère de Rien c’est avant tout la prog du festival auquel on aimerait assister nous. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a créé le festival : parce qu’il y avait trop peu de propositions à notre goût.
On invite donc des artistes qui nous font vibrer, qu’on écoute dès l’aube et jusqu’au crépuscule et qui la plupart du temps sont vraiment indés dans leur démarche artistique. Après c’est un réel plaisir de fouiller pour trouver la perle rare, c’est une sorte de chasse au trésor sans fin. On écoute beaucoup de choses, on épluche les revues anglo-saxonnes, les radios indé, les webzines et puis souvent les choix s’imposent d’eux-mêmes. Il faut que ça fasse résonner notre sensibilité intérieure, qu’il y ait un parti pris artistique fort, mais surtout que ça nous procure de l’émotion, car la musique pour moi c’est avant tout ça. C’est quand tu écoutes un morceau et que ça te bouleverse, que ça parle à on inconscient, l’expérience artistique au sens premier du terme.

  • Aussi, comment êtes-vous parvenus à réunir tous ces très bons groupes sur cette édition ?

Pour certains, cela faisait déjà plusieurs années qu’on les suivait et qu’on souhaitait les programmer. Je pense notamment à Jonathan Boulet, à BRNS ou à Paul Dixon alias Fyfe. Pour d’autres, ce sont des découvertes récentes et des opportunités qui se sont présentées. La plupart du temps on passe par le réseau classique et on entre en contact avec des tourneurs pour voir si les artistes sont disponibles. Après on n’hésite pas à contacter les artistes en direct quand c’est possible. C’est super intéressant pour un projet comme le nôtre de fonctionner de la sorte, car beaucoup d’artistes soutiennent notre démarche et lorsqu’on prend le temps de leur présenter le festival, cela facilite grandement leur venue.

  • Un petit mot sur chacun des groupes programmés cette année. Sur la raison principale qui vous a fait choisir ce projet en particulier ?

Sur la soirée du vendredi, on débutera avec les Angevins d’Eagles Gift puis avec les Lorientais de The Same Old Band. Ce sont deux jeunes groupes issus de la nouvelle scène psyché française avec un gros potentiel, ils ont déjà fait de belles scènes et en ferons bien d’autres encore. On poursuivra avec Mozes and the Firstborn, découvert aux Trans cette année, qui rentre d’une tournée magistrale aux États-Unis et dont le rock frondeur nous a vraiment séduits. On finira par Jonathan Boulet, le génie australien qui a marqué les esprits avec son dernier album et qui nous présentera en exclu mondiale son nouveau set orienté heavy indie rock.

Le samedi, on entamera la soirée avec les Bantam Lyons, un groupe en pleine ascension et sans doute l’une des futures figures de proue de la scène indé nantaise. Puis on poursuivra avec Fyfe ; le jeune londonien nous présentera son premier album à paraitre fin avril, une pop onirique et rythmique aux accents électro et r&b. Suivront les jeunes gallois de Blaenavon, 17 ans de moyenne d’âge, mais un talent hors du commun et une classe certaine. Et enfin nous clôturerons le festival avec BRNS et leur indie pop percutante, là encore de nouveaux morceaux à découvrir puisque leur second album sortira en août prochain.

  • À l’inverse du « trompeur » Free Music Festival qui est bel et bien payant, l’Ère de Rien, c’est gratos ! Défendre une programmation de qualité et une entrée gratuite, on l’observe à l’échelle des villes sur les évènements estivaux (Fnac Live à Paris), mais c’est, me semble-t-il, plus rare au niveau des festivals, non ? Peut-on sous-entendre l’idéal d’un accès à la culture « indépendante » pour tous derrière le festival de l’Ère de Rien ?

Oui je pense que c’est rare effectivement, d’autant plus sur ce type de programmation. Sur l’agglo nantaise, on a de très beaux festivals gratuits comme Les Rendez-vous de l’Erdre ou Soleil bleu, mais c’est plutôt sur des programmations jazz, électro ou hip-hop. La difficulté pour un festival comme le nôtre est de se financer : nous sommes tous bénévoles au sein de l’association et sans une passion et une volonté certaine on ne pourrait pas organiser ce type d’évènement. Étrangement, ce n’est pas forcément plus simple de valoriser un projet gratuit vis-à-vis des collectivités territoriales, et vis-à-vis de potentiels partenaires privés et médias. En tout cas, il est certain que la gratuité nous offre une liberté en matière de direction artistique plus forte que celle d’un festival payant. Et elle permet à tous les publics de découvrir une programmation qui reste relativement pointue même si très accessible. Mais oui, je pense que la gratuité reste une de clés essentielles de l’accès à la culture pour le plus grand nombre.

  • En parallèle des concerts, l’Ère de Rien met en place des ateliers dits « graphiques » : sérigraphie, typographie, bande dessinée… Cette association entre la musique et les arts graphiques est-elle nouvelle de cette année ?

l'Ère de Rien - atelier

Non, dès le départ nous avons associé les deux. Cela s’est fait de façon plutôt naturelle, car nous avions des connaissances qui évoluaient dans les milieux de la sérigraphie, de l’impression, de la BD indépendante, de la linogravure… C’est une façon de valoriser des savoirs faire, mais surtout d’échanger, d’amener les gens à découvrir des techniques singulières et de faire vivre le festival autrement que par la musique.

  • Pour finir, vous présentez l’Ère de Rien comme « le plus grand des petits festivals indés ». Combien de festivaliers sont attendus pour cette 3e édition et que peut-on vous souhaiter, sinon du beau temps et un public nombreux et conquis par la programmation ?

Idéalement cette année nous attendons plus de 1000 personnes en simultané sur le site du festival le vendredi et le samedi. On souhaite réellement que cette troisième édition nous permette de franchir un cap pour pouvoir faire évoluer le projet dans le bon sens, le pérenniser et proposer encore de beaux moments sur les bords de Sèvre tout en conservant l’esprit et l’éthique du festival, en réduisant notre impact écologique et en étoffant encore davantage la programmation et le travail scénographique.


Toute la programmation de la 3e édition du festival l’Ère de Rien :
melosnova.com/programmation-de-lere-de-rien-3-25-et-26-avril-2014

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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques