Il y a très peu de temps, je portais – sans concession – tout mon crédit au moule islandais. Véritable chaudron d’une musique toujours plus perspicace, les terres grises et gelées du pays nordique dispensent les œuvres de ses disciples, surclassant sans conteste les productions occidentales et américaines.
S’il y a un dauphin à cette nation défendue par les Sigur Rós et autres Dad Rocks!, c’est bien le Canada ! Le cas Half Moon Run n’est plus à débattre, le cas Patrick Watson est guère différent… Avec des artistes émergents comme Marie-Pierre Arthur ou encore Monogrenade, les nord-américains recollent de façon légitime l’écart avec l’Islande. Aujourd’hui, Louis-Jean Cormier ajoute tout son poids dans la balance.
Le membre de Karkwa nous offre cette semaine un premier album solo, « Le Treizième Étage » qui ne manquera pas de marquer les amoureux du folk, du vrai ! A mesure que les titres défilent, l’idée que cet album puisse tout simplement regrouper tout les éléments imputables au disque folk idéal fait son chemin. Les guitares sont exquises (impression à son apogée sur L’ascenseur), les voix sont feutrées et apaisantes, laissant beaucoup de place aux paroles – tout simplement magnifiques.
Les composants de l’album sont mesurés, très bien enregistrés, au service d’un tout qui n’ira pas sans marquer les esprits ! Si les individualités qui composent ce disque sont impactantes au possible, la Musique de Louis-Jean Cormier est au service d’un texte, d’une idée qui nous est contée. Elle se passe de prémisse, parfois de fin, et nous transporte le temps d’un épisode parfait.
L’écriture est donc à l’honneur, tout comme les arrangements, d’une qualité exceptionnelle. Louis-Jean Cormier nous propose avec ce premier album, une poésie empreinte d’une sensibilité particulière. Métaphorique, voguant vers l’âme de son auditoire entre envol aiguillé et élan d’espoir, l’auteur rend une copie parfaite. Le contenu est doux, exprimé avec beaucoup de tact ; notre artiste excelle dans un rôle qu’il sublime dès ses débuts !
On lui sait désormais des traits de surdoué de l’expression, Louis-Jean Cormier débute de la meilleure des façons. S’il ravira un public pointu, Le Treizième Étage se révèle être, très rapidement, un concentré d’authenticité à même de rallier un public large. Écoutez-le, c’est parfait.