[LP] Lost in Stars – Lost in Stars

Aimer la musique électronique lorsque celle-ci nous propose des compositions intelligentes, immédiates et entraînantes, reste la clé pour se livrer à ce genre trop souvent décrié. Avec son album éponyme, le projet Lost in Stars ne cherche jamais à dépasser des frontières, mais nous offre une collection de titres à la fois envoûtants et malins. Une belle manière se laisser transporter dans les effluves artificiels d’un monde en suspension, entre réel et imaginaire.

De Lost in Stars, on connaît peu de choses : entité originaire de Los Angeles, dirigée par le musicien anglais Dylan Willoughby et mêlant électro, spoken word et chant, le mystère qui l’entoure pourrait facilement tourner à la fascination. Capable de remixer aussi bien Book of Love que Erasure, Lost in Stars aime nous égarer, troubler la frontière ténue qui sépare la réalité du rêve. Et, bien loin de s’arrêter à de simples relectures, il nous offre ce disque, dont le titre ne cherche à aucun moment à dépasser son sujet. Pour quel contenu ? Un mélange délicat et imprévisible d’atmosphères surannées et sensuelles, regardant la mélancolie avec des yeux emplis de larmes mais le sourire aux lèvres. Le résultat est inspiré, audacieux et, disons-le clairement, entêtant en diable.

Ne se laissant jamais emporter inutilement, le collectif, puisque c’est bel et bien de cela qu’il s’agit au vu des nombreuses collaborations qui parsèment l’opus, se fait langoureux et proche de nos psychés sur des modes liquides et caressants (« Elephant & Castle », « There Were Stairs Here ») ou, au contraire, beaucoup plus rapide dans sa façon d’intégrer le synthétique à l’organique (le dialogue guitare/voix de « Light (Triumph and Disaster) » ou l’urgence 80’s et new wave de « Disappear »). On comprend mieux alors les enjeux d’un tel disque en 2017 : à savoir, ancrer un apprentissage minutieux de la M.A.O. dans des domaines variés, sans pour autant verser dans la surenchère. Et le tout fonctionne à merveille, notamment sur le superbe et hypnotique « Once You Were Fire », à faire pâlir bon nombre de compositeurs électro-pop, sans oublier l’onirique et lumineux « Holiday », merveille mélodique où les nappes de claviers s’enroulent autour de la voix sublime et sans fard de Kid Moxie.

Au final, « Lost in Stars » est un voyage intersidéral et temporel au cœur de la vie frémissante et homogène de styles que beaucoup ont tendance à oublier, alors qu’ils sont la base même de ce que l’on peut entendre actuellement. Sans regarder vers le futur mais ne sombrant jamais dans la nostalgie, l’œuvre appartient bel et bien à son temps, à son histoire, résumant les fatalités et expérimentations de décennies rejetées pour en faire le terreau d’une nouvelle ère. Une offrande bienfaitrice et exemplaire, à laquelle il serait dommage de ne pas accorder l’importance qui lui est due.

« Lost in Stars » de Lost in Stars est disponible depuis le 31 mars 2017 chez Dark Sky Covenant Records.


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Raphaël Duprez

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