London Grammar donne sa leçon à l’Aéronef

Ce mercredi 13 novembre 2013, l’Aéronef bruisse de centaines de murmures impatients. Le groupe qui suscite tant d’attentes : London Grammar. Dans les semaines précédant le concert, il s’est passé quelque chose de très rare à l’Aéronef : le concert était prévu en configuration club (300 places), mais devant le sold out rapide, le concert passait en mode « grande salle » (+ de 2000 places) pour mieux afficher de nouveau complet à la veille du rendez-vous.

Pourquoi, comment un groupe comme London Grammar arrive-t-il à remplir une telle salle ? Beaucoup de gens se posent la question avant le concert. J’en parle avec la sécurité et un collègue photographe, personne ne s’explique réellement le phénomène. J’avoue avoir eu des craintes avant le concert, craintes que le buzz soit plus fort que London Grammar, qu’ils ne sachent pas gérer cette notoriété fulgurante, qu’ils en deviennent distants ou hautains, ou juste qu’ils restent bien trop timides. Je n’étais visiblement pas le seul. La première partie assurée par Tamara Goukassova n’est pas faite pour nous rassurer, dans la mesure où la jeune femme, visiblement paralysée par la taille de la scène ou celle de l’évènement, n’arrive pas se libérer et lâche même en fin de set « vous voyez ce n’était pas si terrible », et le public de se dire que ce n’était effectivement pas terrible.

Tamara Goukassova

Mais côté London Grammar, il suffira à Hannah Reid et ses acolytes de monter sur scène pour balayer tous les doutes en quelques secondes, juste le temps d’entamer un « Hey Now » intense et hypnotique, et tout le public est conquis, acquis à la cause du groupe.

London Grammar

C’est au bout de 3 titres et un superbe « No Better Place » que Dot Major relève le nez de ses platines pour lancer dans un français quasi parfait : « c’est sans doute la plus grande salle dans laquelle nous avons joué en France à ce jour », comme un moyen de prouver qu’il n’y a pas de buzz autour de London Grammar, mais juste que le public lillois a très bon goût.

Bien sûr, le charme de London Grammar doit beaucoup à la voix d’Hannah Reid. À l’écoute de l’album « If You wait », on avait pu penser à Florence Welch (Florence and The Machine), mais en live sa voix rappelle souvent celle de James Mudriczki, chanteur anglais à la voix androgyne du groupe Puressence, comme sur le superbe « Strong ». Mais ce qui frappe assez vite au-delà de cette voix, c’est l’attitude de Dot Major et les rythmes qui sortent de ses claviers et de sa batterie. Difficile de ne pas penser à Jamie Smith de The xx, dont Dot Major ne cache pas qu’il l’a influencé dans la production de l’album. De leurs confrères londoniens, les London Grammar reprennent d’ailleurs aussi cette manière de délivrer des orchestrations live assez différentes des versions studio.

London Grammar

Le point d’orgue du concert est sans doute la reprise du « Nightcall » de Kavinsky, qui commence comme une reprise sage et révérencieuse, avant que London Grammar ne le transforme, et même ne le transfigure, comme s’il insufflait dans chaque note son propre style pour en faire un morceau bien à lui. Le public ne s’y trompe pas et applaudit à tout rompre avant de sombrer dans le délire sur le titre suivant, le tube « Wasting My Young Years », avant de terminer dans une ambiance de club sur le dansant « Metal & Dust ».

London Grammar

Au final, si on poursuit la comparaison avec The xx, les London Grammar auront livré ce 13 novembre un concert moins maîtrisé, moins carré. Mais ils auront gagné en générosité et en spontanéité. Leur timidité aura été également très touchante, comme lorsque Hannah Reid, invitée par le public à s’exprimer en français, décline discrètement en avouant se sentir honteuse de son français, ou quand Dot Major s’excuse presque que le set touche à sa fin parce qu’ils n’ont pas plus de titres à jouer. Dès lors, personne ne leur en veut quand, après une très belle reprise du « Wicked Game » de Chris Isaak en rappel, le groupe ne revient pas une deuxième fois satisfaire le souhait du public de voir le concert se poursuivre encore un peu.

London Grammar

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La galerie photo du concert : London Grammar @ l’Aéronef

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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures