Les Nuits Secrètes 2013 : bas les masques !

Aulnoye-Aymeries. À moins d’être un ch’ti pur souche, ce nom un peu barbare ne peut laisser deviner une paisible commune du Nord de la France de 8600 habitants, qui tous les étés depuis 12 ans accueille 8 fois la taille de sa population pour vivre des expériences musicales totalement inédites et hors des sentiers battus des grands raouts estivaux habituels.

Des scènes gratuites et payantes avec des groupes internationaux de tous genres et pour tous les goûts, des parcours secrets où l’on embarque à l’aveugle dans un bus vers une destination inconnue pour découvrir des groupes jouer dans des lieux atypiques, des after au bord de la piscine où l’on se prélasse au son des enchaînements d’un DJ, des sessions secrètes mêlant artistes confirmés et en passe de célébrité, et hop, ni vus ni connus, 56.000 festivaliers masqués en prennent plein les oreilles et les mirettes pendant 3 jours et 3 nuits.

Les Nuits Secrètes 2013

N’ayant toujours pas le don d’ubiquité, voici quelques morceaux choisis des Nuits Secrètes 2013 mêlant jeunes et moins jeunes festivaliers de tous horizons, avec la grande complicité des artistes (dévoilant parfois leur venue ou leurs projets à la dernière seconde), des bénévoles (appelés Agents Secrets) … et celle de la population toujours prête à jouer le jeu.


Vendredi 2 août

Ayant oublié ma carte Vermeil, l’impasse est faite sur les Mamys et les Papys, sympathique formation de 22 ancêtres reprenant à tue-tête « Antisocial » et autres standards du rock.
J’entame mon festival avec un concert sur la Grande Scène, mené de haute volée par La Femme.

La Femme

La musique synthétique de cette formation des 4 coins de la France enthousiasme les 5000 spectateurs venus prendre un apéritif musical qui demande à être resservi encore et encore.

La Femme

L’ivresse des notes (les mots étant souvent sans alcool) tourne les têtes vers la jolie Clémence et sa bande de garçons survoltés qui s’en donnent à cœur joie sous les lumières orangées du coucher de soleil.

La Femme

Les têtes vont tourner encore plus vite un peu plus tard (mais pour d’autres raisons) avec le reggae efficace et légendaire des Steel Pulse.

Steel Pulse

La Grande Scène prend des tonalités vert-jaune-rouge, parfois voilée de petits nuages bleus, pour une téléportation vers le pays de Bob. Les dreadlocks de David Hinds secouent le ciel tandis que les cuivres chaleureux font vibrer le sol. Reggae is not dead, assurément, et le public ne boude pas son plaisir.

Steel Pulse

Une faim pressante me conduit au stand des Sexy Sushi qui cuisinent le public de la scène du Jardin à grandes doses de décibels punks et de provocations labiales et visuelles. Rebeka est un cas et cet encas aussi sexy que sushi déchaîne au moins 2000 paires de mains et de jambes pendant un set totalement barré, à la croisée de Mad Max et des Sex Pistols. Le scotch en croix sur la poitrine fluette de la chanteuse est à l’image du set : aguichant et chaud.  On stage ou dans le public, attention show devant.

Mr Oizo

Mr Oizo sonnera le départ de cette première journée pour aller se coucher et reprendre quelques forces pour les 2 jours à venir. Flat Eric a également fait le déplacement. Incognito dans la foule, le special guest oscille la tête et les bras en cadence (à l’image de ses clips) sur le son électro si caractéristique et expressif du barbu et champagnisé Quentin Dupieux qui a rechapé ses 4 pneus pour nous emmener à fond la caisse sur son autoroute musicale privée.


Samedi 3 août

Tiens, il fait toujours soleil. Dany Boon nous aurait-il menti ?

Billion of Comrades

Sous un Phébus de plomb, les voisins belges de Billion of Comrades explosent la chape à coups de riffs et de vif rappelant les Foals ou LCD Soundsystem. Pourquoi dit-on le plat pays ? Les BOC, venus du pays de la bière, font mousser la Grande Scène et on lève une nouvelle fois notre verre à la folie belge. Hep patron, remettez-nous la p’tite sœur !

Billion of Comrades

Puis départ en bus pour un parcours secret, principe qui me séduit tant sur le fond que sur la forme. 60 festivaliers transhument paisiblement en se regardant masques dans les masques, tentant de deviner qui ils vont voir et où.

Seb Martel

La réponse ne tarde pas en arrivant dans une grange où l’hôtesse des lieux, Georgette, la poule intime au public de s’assoir rapidement pour pouvoir finir de picorer ses grains de maïs tout en écoutant l’artiste secret qui se cache derrière un écran vidéo où passent en boucle les images d’un rail de train.

Seb Martel

Seb Martel

Seb Martel entre en gare accompagné d’une danseuse/chanteuse et d’un musicien, et nous entonne pendant une heure une relecture personnelle et intimiste de Woody Guthrie.

Seb Martel

Des protests songs qui ne font pas protester l’audience qui boit du petit lait frais de vache dans cette ferme du bonheur.

Seb Martel

Le beffroi sonne alors l’heure de la messe. Les Polyphonic Spree, chorale de Dallas-Texas, fraîchement débarquée d’une tournée australienne, montent sur la Grande Scène pour adouber les 12 000 fidèles ou jeunes brebis égarées venus écouter lors de ce regroupement unique en France des hymnes aussi entraînants que variés tels « Light and Day » ou « 2000 Places ».

The Polyphonic Spree

The Polyphonic Spree

Durant un set hypnotisant de plus d’une heure, les 18 membres des Polyphonic Spree qui n’étaient pas revenus sur nos terres depuis 2005 communient, sans relâche, avec le public qui finira à genou et sur les genoux pour une reprise transcendante de « Lithium » de Nirvana qui, à coup sûr, a dû réveiller plus d’un Kurt. Ite missa est.

The Polyphonic Spree

The Polyphonic Spree

The Polyphonic Spree

Les lumières découpant un ciel chargé et les beats saillants de Vitalic VTLZR auront fin de moi, je décide de partir reprendre mes esprits pour la messe du lendemain.

Vitalic

Vitalic


Dimanche 4 août

Tu viens voir Benoît Carré ? J’peux pas, j’ai piscine !

Piscine

Direction « l’Aiguade, »  le bassin municipal où dorment et se prélassent sur l’herbe une centaine de festivaliers en petite tenue, de temps en temps secoués par les spasmes musicaux d’Antoine Pesle (et pourtant il fait chaud), de DDDXie et de Youman.

Piscine

Plaisant mais pas vraiment l’ambiance de The Grind sur MTV à laquelle je m’attendais, la faute peut-être à l’indigestion de bière et de frites que je m’empresse pourtant d’aller recontacter au camion-bar chez Momo.

Piscine

Entre bulles et craquements de pommes de terre, mon oreille reconnaît sur la scène du Jardin Alain Souchon (1)… je dois rêver, moi qui n’ai pas vraiment abusé de la gueuze locale.
Allez, je pars me réveiller les oreilles sur les rythmes latino de Ondatropica. Les Colombiens qui ne sont peut-être pas non plus arrivés les mains vides peinent toutefois à vraiment faire se dandiner les courageux festivaliers regroupés devant la Grande Scène. N’est pas Buena Vista Social Club qui veut.

Suuns

Suuns

Le soleil se couche et les Suuns se lèvent. Le public ne s’éclipse pas, bien au contraire, un regroupement d’aficionados a assurément fait le déplacement pour le quatuor montréalais qui ne laisse personne de glace. Le son Krautrock fige un à un les 6.000 spectateurs dont les rangs grossissent rapidement avec Orelsan, prévu pour la relève.

Suuns

Le son comme le set de Suuns est efficace, envoutant, singulier, aussi jouissif que celui entendu aux Vieilles Charrues, je les reverrai sans doute sur une date prochaine tant j’ai le sentiment que la marque de fabrique de ce groupe va marquer l’histoire de la musique. Je pourrai peut-être dire plus tard : j’y étais.

Suuns

Quand Orelsan arrive sonne le moment pour moi de songer au dernier moment sucré que je voudrais me réserver avant de clore mon festival.

Mesparrow

Je me laisse facilement tenter pour Mesparrow sur la scène du Jardin, dont la réputation grimpe à la vitesse d’un tramway au galop.

Mesparrow

La Tourangelle a plus d’un tour dans son sac et son set conquiert le gros millier de personnes décidé à goûter à du vrai talent. À suivre de très très près.

Mesparrow

Je tourne les talons au son Johnnyesque de Don Cavalli, qui n’a pour moi que le Cavalli d’un beau (b’haut) parleur italien pour redécouvrir le music and light show d’Agoria, tout de riffs et de projections visuelles vêtu.

Agoria

Le public s’en donne à cœur joie et regroupe ses dernières forces pour danser et faire la fête au rythme de la toujours efficace set list d’un Agoria en pleines formes.

Agoria

La nuit se termine belle avec Sébastien (Devaud), il est temps pour moi d’enlever le masque de papier qui masque celui de ma fatigue.

Agoria

Je repars le cœur bohème sur les sonorités balkanes de Shantel qui a envahi la scène du Jardin avec ses nombreux musiciens du Bucovina Club Orkestar, tous aussi furieux les uns que les autres malgré l’heure tardive. La toute dernière pour la route !

Shantel

Shantel

À bientôt Les Nuits Secrètes, c’était Bon, c’était Beau, c’était Bien !

(1) Ah oui au fait, c’était pas Alain Souchon mais Benoît Carré. Je savais bien que j’étais pas rond.

Crédits photos : Nicolas Nithart

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lesnuitssecretes.com

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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans