[Focus] Le Roi Angus en Chine, acte III

La tournée du Roi Angus en terres chinoises touche à sa fin. De découvertes en découvertes, de rencontres en rencontres, le groupe suisse nous aura fait partager ces instants précieux, à sa façon, avec une sincérité à la fois franche et humoristique. Mais une chose demeure certaine : dans les mots qu’ils nous ont adressés, l’émerveillement et la chance de pouvoir faire traverser les frontières à leurs créations aura donné aux musiciens un souvenir inoubliable, que leur ultime témoignage retranscrit à la perfection.

Prendre les airs et s’élever au-dessus de la Francophonie pour en mesurer la dimension. En Chine comme en d’autres lieux du monde, elle n’est pas la relique rabougrie d’un royaume déliquescent qui cocoriquerait sur son petit fumier pour se donner des airs de paon. Encore, d’un charme doux, elle ruisselle parmi les peuples pour éroder la pierre et approfondir le lit des rivières émancipées, bien plus que les statues aux bras tendus n’embrasseront jamais les peuples soumis sans foi ni loi. Car ce ne sont pas les expatriés qui garnissent les salles de milliers d’yeux, de mains tendues et de mobiles où défilent des « je t’aime » de toutes les couleurs sur les écrans qui ne photographient pas. Avant tout, des Chinoises et des Chinois qui viennent chaque année se détendre aux parfums familièrement exotiques d’un ailleurs qui se présente avec un si franc sourire. On a fini par se dire que la Chine était bien proche, et qu’à franchir le Yangzi Jiang on ne s’y perdrait pas.

Évidemment Paris n’est pas Marseille. Shanghai, Chengdu ou Guangzhou ont chacune leur personnalité. Pourtant, à chaque étape de cette Chine urbaine, on aura pu mesurer la modernité, le pays se développe plus vite que l’ombre grise d’une atmosphère qui pourrait inquiéter. Derrière ses babioles contrefaites exportées à bas coûts sur les continents occidentaux, la Chine se moque bien de se faire prendre la main dans le Vuitton et développe un empire plus propre que la Suisse, redoutablement technologique et pointu comme une patte de poulet dans l’oeil incrédule d’un gastronome bouche bée. Mesure et démesure, tradition et modernité, baijius infects et thés raffinés, de la rue à la scène on en aura beaucoup vu, ce qui est sûr c’est que ça bouge et que les gens dans la rue ou dans les salles ont le sourire, sont beaux, en forme et souvent bien sapés, mieux que nous en tout cas, musiciens décadents qui arrivent au dîner du Consul en haut de pyjama, short, chaussettes montantes et slips roses, juste pour ne pas suivre le protocole, parce qu’entre Suisses on a encore le droit de faire ça.

De la Chine nous revient un parfum complexe, celui d’une civilisation entière et d’une culture qui s’affirme comme irréductible même à très haute cuisson, il faudrait tout lire, tout voir, tout entendre, tout mesurer. Alors on évoque ici quelques instantanés pour ajouter quelques pixels à l’image multidimensionnelle d’une aventure aux allures d’épopée, et puisque c’est la langue qui nous a portés jusqu’en cet Orient désirable, on prend encore un instant pour se coucher sur la rive, et savourer un dernier accent qui monte en neige jusqu’aux oreilles de la Chine, elle nous a si bien reçus, nous lui devons bien cet agrément. Merci à elle, on n’oubliera pas les Chinois.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.