[Interview] Låpsley

Låpsley, jeune Britannique de 19 ans, auteure-compositrice-interprète, a créé la sensation l’année dernière en Grande-Bretagne ; à tel point qu’elle a signé avec le plus gros label de musique indépendante du pays, XL Recordings (Radiohead, Adele). De passage à Paris, elle est revenue sur son incroyable parcours et nous présente son premier album sorti le 4 mars dernier, « Long Way Home ».

Lapsley - Long Way Home

  • Låpsley, tu es une jeune auteure, compositrice et interprète. Depuis quand fais-tu de la musique ?

J’ai pris des cours de piano quand j’avais cinq ans. Mais je me suis vite lassée du piano et je suis passée à la guitare. J’ai créé ma première chanson à douze ans. A seize ans, j’ai commencé à enregistrer sur GarageBand et à « produire » mes morceaux ; même si, à l’époque, je ne savais pas trop ce que voulait dire « produire » un morceau.

  • Tu voulais être chanteuse quand tu étais jeune ?

Pas du tout ! D’ailleurs, sur mes tous premiers morceaux, il n’y avait pas beaucoup de voix. Je ne suis pas encore très à l’aise avec ma voix ; c’est un organe sur lequel je travaille et que je découvre petit-à-petit.

  • Quelle a été la première chanson que tu as écrite ?

Les chansons de mon premier EP, « Monday ». C’étaient mes premières chansons, que j’avais composées au piano et à la guitare et que j’ai reprises et transformées sur GarageBand.

  • Pourquoi as-tu ressenti le besoin de produire toi-même ta musique ?

En fait, au départ, je voulais juste enregistrer la musique que je composais. Et puis, je pensais naïvement que tous les morceaux que j’écoutais à la radio étaient réalisés comme ça. J’ai donc débuté avec GarageBand, car c’était le seul logiciel de musique que j’avais sur mon ordinateur. J’ai commencé à expérimenter les sons. Puis je les ai mis en ligne et ce n’est que lorsque j’ai lu les premières réactions sur « une nouvelle production en ligne ! » que je me suis rendue compte de ça. Aujourd’hui, je ne peux pas imaginer ne pas produire moi-même ma musique, même si cela est très technique. Avec l’écriture, tu te concentres sur le sujet de la chanson ; avec la production, sur le style, l’impact émotionnel que tu veux mettre en avant. C’est un défi pour moi, mais j’encourage tous les compositeurs à produire ou co-produire eux-mêmes leurs titres.

  • Et est-ce-que tu es autant impliquée dans la production des clips vidéo ?

J’ai participé à la conception de la plupart de mes clips. Sauf pour « Falling Short » ; j’ai fait confiance au réalisateur et je suis ravie du résultat. À l’avenir, je voudrais plus m’investir dans la production et, pourquoi pas, dans la réalisation également.

  • 2015 a été une période exceptionnelle pour toi. Au début de l’année, tu postes tes premiers titres sur Soundcloud et, à la fin de l’année, tu signes avec XL Recordings, le label de Radiohead et d’Adele.

Au départ, J’ai posté mon premier EP sur Soundcloud pour ma famille, qui est à l’étranger. On est très proche dans la famille ; alors, dès qu’on a l’occasion, on partage des photos, des vidéos. J’ai donc fait de même pour ma musique. C’est deux mois plus tard, quand je me suis reconnectée sur la plate-forme musicale, que je me suis rendue compte à quel point ma musique était appréciée. Alors, j’ai travaillé sur les titres « Station » et « Painter », que j’ai également postés sur Soundcloud. Là, j’ai commencé à recevoir des propositions, mais j’ai attendu la fin de mes examens pour signer avec le label.

  • Signer avec un label a-t-il changé ta façon de travailler ?

Disons que cela m’a fait prendre conscience de l’importance d’avoir un public. Pour cela, il faut que les morceaux puissent être diffusés à la radio. J’ai décidé d’aller dans ce sens, c’est pourquoi les singles tirés de mon premier album sont plus formatés « pop ». Mais c’est le chemin que j’ai choisi d’emprunter si je veux pouvoir en vivre. Je ne considère pas ce changement comme un sacrifice, mais plutôt comme un compromis, une porte ouverte vers d’autres horizons.

  • Peux-tu nous décrire ton processus de création ?

J’écris très vite, mais la composition et la production me prennent beaucoup plus de temps. L’album est très personnel et parle de ma séparation, l’année dernière. J’ai écrit les paroles en une semaine sur un carnet. Une fois en studio, j’ai travaillé dur pour transcrire toutes les émotions qui étaient en moi à ce moment-là. En général, je commence à composer au piano tout en improvisant les voix. Mais ce n’est pas systématique, non plus. Sur cet album, j’ai joué tous les instruments de mes compositions, à part la basse que j’ai laissée à un « professionnel ».

  • Tu aimes jouer avec ta voix. Tu la transformes, tu crées de nouvelles voix féminines ou masculines que tu utilises ensuite dans tes morceaux, surtout à tes débuts. Est-ce que tu as continué avec ton nouvel album ?

J’adore m’amuser avec ma voix : jouer sur les tonalités, créer des duos ou les mélanger dans ma musique. J’ai toujours eu une préférence pour les voix masculines ; les voix graves s’accordent bien mieux avec la tonalité de ma voix. Ajouter une voix masculine me permet d’introduire un autre point de vue dans un morceau, comme sur le titre « Station », par exemple.

  • Ta musique a évolué depuis l’EP « Monday », qui était plus électronique et expérimental que ton dernier EP, « Understudy ». Peux-tu nous décrire ton premier album, qui sort début mars ?

Effectivement, « Monday » était plus expérimental. C’était en partie dû au fait qu’il a été produit avec GarageBand, et donc avec certaines limites dues au logiciel. Mon tout nouveau premier album est différent musicalement, car j’ai décidé d’explorer d’autres styles musicaux, comme la pop, le R’n’B et même le disco. Mais cela ne veut pas dire que je laisse définitivement l’électro derrière moi. Musicalement parlant, on pourrait dire que c’est de la pop mélancolique douce et planante. C’est un album très personnel, dans lequel je décris comment j’ai vécu les différentes étapes de ma relation l’année dernière jusqu’à la séparation.

  • Pourquoi « Long Way Home » ?

Ce titre évoque deux choses pour moi. D’une part, l’effet dévastateur que peut avoir l’éloignement géographique sur la vie du couple. Mais pour moi, cela évoque aussi ces moments pendant lesquels tu te sens bien avec une personne et que tu veux que le temps soit suspendu pour que rien se s’arrête. Comme, par exemple, quand tu rentres du lycée avec ta meilleure amie et que tu fais des tours et détours pour retarder la séparation et passer plus de temps avec elle.

  • La sortie de l’album est suivie d’une tournée avec une date à Paris le 29 mars prochain, à la Boule Noire. Ce sera la deuxième fois que tu joueras en France. Dans quel état d’esprit vas-tu aborder ce concert ?

J’adore venir en France, car j’aime les valeurs de ce pays qui soutient l’art et les artistes. Ce sera mon premier véritable concert parisien car, l’année dernière, j’ai participé au festival We Love Green, en périphérie. J’ai hâte de retrouver mon public.

crédit : Cherise Payne
crédit : Cherise Payne

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Sylvie Durand

Curieuse, passionnée par les voyages, la musique, la danse. Par tout ce qui aiguise les sens.