[Inspirations #3] La Pietà

Sans tabou ni langue de bois, La Pietà est devenue le symbole d’une renaissance, d’une reprise en mains de tout ce qui paraissait perdu. Surmontant les épreuves, regardant droit devant sans pour autant oublier ce qu’elle a vécu, elle a créé, insatiablement, son univers, ses respirations. Un mode de survie inégalé et qui s’apprête à prendre forme grâce à son premier album, « La moyenne », et notamment le coffret « La boîte noire » disponible sur sa boutique en ligne, véritable concentré de souvenirs et d’ambitions futures dont nous reparlerons bientôt ici. L’écriture, force majeure de l’artiste, traduit à la perfection ses profonds et intimes bouillonnements. Nous lui donnons carte blanche pour ce troisième épisode d’Inspirations. Place à la Mater Dolorosa…

crédit : Cedrick Nöt

Il y a quelque temps, indiemusic m’a demandé si j’acceptais de faire un petit texte pour la nouvelle rubrique « Inspirations », une sorte de Carte Blanche qu’ils me proposaient. Une page blanche, que je pouvais colorier de ceux qui m’inspirent.

J’ai dit oui, évidemment, car c’est une vraie chance de pouvoir s’exprimer de cette manière. Et puis… le temps a filé.
Le temps a défilé.
Le temps est passé.
Et moi j’ai couru après le temps.
J’ai manqué de temps.
J’ai perdu du temps.

Un jour, tout a foutu l’camp.

Et alors, l’avantage de ce grand n’importe quoi où nous sommes aujourd’hui, c’est que le temps, nous le retrouvons.

Et même temps, il est figé, ce nouveau temps. Ou bien peut être, lui, suit-il son cours ; c’est simplement nous qui, pour une fois, nous mettons à l’arrêt pour le voir continuer, sans nous.

Prenons-le, ce temps.
Embrassons-le.
Enlaçons-le.
Puisque c’est le seul que l’on puisse encore enlacer.

Voilà, à nos retrouvailles avec le temps, je trinque donc, en vous parlant de quelques artistes que j’aime, et qui m’ont inspirée.

Évidemment, c’est compliqué de faire court. Parce que ce qui inspire, c’est la vie. C’est chaque rencontre, humaine ou artistique, qui met sa petite pierre à l’édifice. Je crois même que c’est ça, être artiste. Tout avaler, tout dégueuler. Mais en un peu joli parfois (sourire).

Le premier artiste que j’ai écouté quand j’étais gamine, c’était Renaud. J’aimais son air prolo, ses textes même si je comprenais pas tout, j’aimais qu’il ne soit pas une voix, il était un personnage. J’ai aimé ce qu’il dégageait, plus que simplement sa musique. J’ai continué à l’aimer,et puis à en aimer d’autres, de la chanson française, de Piaf à Brassens, de Dalida à Ferré, de Brel à Barbara, de Cabrel aux Yéyés.

Plus tard, j’ai découvert Nirvana, volé la guitare de mon frère, et suis devenue absolument fan de Cobain, pour la même raison que Renaud sans doute, j’aimais le personnage, le message subversif, le discours social, humain, presque politique, plus que les accords de guitare en eux-mêmes.

C’est parce que j’étais fan de Cobain, que j’ai connu Love. Courtney. Hole. L’album « Live Through This », surtout. Celui que j’ai écouté en boucle. Celui qui m’a donné le courage. Les courages. Tous les courages. Celui qui m’a permis de sortir de ma chambre. Sortie de ma peau. Sortie de ma timidité. Sortir de chez moi. Sortir de ma vie, pour en construire une meilleure. Sortir ma rage. Sortir ma colère. Sortir mon Amour, aussi.

(Comme il est surprenant de faire un paragraphe sur le fait de sortir, à une époque où c’est devenu interdit !)

J’ai tatoué « Live Through this » sur mon bras, parce que cette phrase résume beaucoup de choses pour moi, mais aussi parce que cet album est certainement celui qui m’a permis, justement, de vivre à travers ça. La résilience. Vivre avec.

Puisque j’étais absolument fan des mots, et de la rage, je suis rapidement devenue très amoureuse de Noir Désir, qui a influencé à peu près tous les groupes de rock qui chantaient en français à cette époque. Je me souviens parfaitement de concert aux Arènes de Nîmes en 2001, ou le plateau, c’était Muse en première partie, puis PJ Harvey et enfin Noir Désir. J’ai la chance d’assister à tout ceci sur le côté de scène, et c’est ce jour-là que j’ai décidé d’arrêter mes études, pour être sur scène.

La puissance, la rage, la beauté, l’humanité de PJ et de Noir Désir ont été la vraie révélation pour moi. Je pense qu’à chaque fois que je monte sur scène depuis (bientôt vingt ans, donc !), j’y repense, pour ne pas oublier que l’essentiel, c’est ça : aller chercher au fond de son âme, sans mentir, jamais.

Après, j’ai écouté beaucoup d’autres choses, bien sûr : du rock, du rap, de la chanson, des textes surtout, souvent, de la pop à fond aussi.

J’ai fait des études d’Arts Appliqués et de photographie, alors l’Art pictural et visuel m’a toujours beaucoup inspirée aussi ; cela fait partie de ce que je fais, d’ailleurs. Par exemple, j’étais fan – et je le suis toujours – de la photographe Floria Sigismondi. Son univers visuel est incroyable, elle a toujours collaboré avec le monde de la musique. Dernièrement elle a aussi réalisé une partie de The Handmaid’s Tale.

crédit : Floria Sigismondi

J’adore découvrir des artistes là ou je suis aussi, et créer des ponts entre les médiums artistiques. Je suis devenue absolument fan du travail du peintre Benjamin Carbonne, de Montpellier. Non seulement son approche de l’anatomie humaine est incroyable, mais en plus, il travaille, la plupart du temps, comme les musiciens : en LIVE. Je l’ai invité à créer une œuvre sur scène pendant un de mes concerts en juin dernier. Elle est maintenant dans l’objet collector que je vends avec mon album à venir.

crédit : Benjamin Carbonne

Il y aussi le travail photo de Stéphane Robin qui me touche particulièrement.

Évidemment, il y a aussi de nombreux films et livres dont je pourrais parler, mais puisqu’on parle d’inspirations, j’ai plutôt envie de parler de l’Italie. L’Italie, c’est sans doute ce qui m’inspire et m’imprègne le plus. Ce pays m’émerveille depuis que je suis gamine, j’ai eu la chance d’y aller à plusieurs reprises avec ma mère. J’aime la langue, l’art, la culture, l’architecture, les couleurs, la nourriture, les gens.

Mon prochain clip, qui sort début avril, je l’ai tourné en Italie, à Rome, et c’est une déclaration d’Amour à cette ville.

J’aime que ce soit un pays à la fois imprégné d’histoire, et vivant. À la fois plein de légèreté, et plein de profondeur. J’aime que l’Art soit dans la rue, dans l’assiette, dans les gestes. Tout est théâtral, extrême, baroque, passionné… Et si je me sens la fille de quelqu’un, c’est de Rome.

Je crois que c’est assez parlé pour le moment, et j’espère donc que je ne vous l’aurai pas trop fait perdre… ce temps.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.