[EP] La Houle – EP01

Inclassable et ciselé, le premier EP de La Houle se démarque des genres qu’il parcourt en faisant siennes des sonorités devant aussi bien au rock pur et dur qu’à des teintes harmoniques plus aériennes et satinées. En résulte un disque aux confins du possible et de l’imaginable, ne ressemblant à aucun autre et trouvant sa force dans toutes les précieuses particularités qu’il sème au gré du vent.

On aime découvrir, au milieu de tous les albums que l’on écoute, une perle imprévisible, simple en apparence mais recelant des trésors d’ingéniosité et de passion mélodique. Et c’est exactement la sensation que l’on éprouve en écoutant le premier EP de La Houle, projet musical de l’angevin Geoffrey Papin et du nordiste Simon Sockeel, accompagnés ici de Clémentine Blue et John Davies : ces images que l’on peut presque toucher, ces caresses abruptes au premier abord avant de devenir charnelles et sensuelles. Mêlant la lave à la glace au sein de cinq pistes tantôt ancrées dans la roche, tantôt célestes, le projet crée une atmosphère qui interpelle, trouble et déroute avant de mener l’auditeur dans des sphères inédites et rassurantes. Un paradoxe qui baigne tout l’opus mais qui, également, l’inscrit dans une volonté de ne jamais rien faire comme les autres, avec succès.

Passée une intro déjà chargée d’une tension sous-jacente, l’art de La Houle démarre en trombe avec le formidable « The Seer », mêlant rythmiques électroniques et pulsatives à des guitares planantes et en écho, épousant les contours d’un chant à deux voix parfait, entre envolées et murmures. En cédant à l’appel du mélange français/anglais dans ses textes, le groupe cherche les résonances de chacun de ces idiomes pour mieux en retranscrire la complémentarité, mariage tout d’abord déstabilisant avant de devenir rapidement essentiel. « La Houle » erre sur les plaines cendreuses d’un shoegaze étiré et mis à nu, tandis que « Souvenir » se fait poème entre artifice et humanité, unissant l’homme et la machine dans un acte amoureux et sulfureux ; avant de finir son propos sur l’élan tout d’abord paisible, puis bientôt explosif du superbe « Couleurs » (reprise ô combien périlleuse mais parfaitement maîtrisée de la chanson de Donovan), montée en puissance incomparable qui nous laisse exsangues, le sourire aux lèvres et les chairs meurtries.

En lisant la description de La Houle sur ses réseaux sociaux, on y croise aussi bien Étienne Daho que The Cocteau Twins ; il y a du vrai dans ces références, mais elles ne seraient que trop réductrices du potentiel croissant que « EP01 » démontre. Un premier épisode réservant son lot de rebondissements, de changements de point de vue entre masculin et féminin. Une créature hybride et nocturne, venant hanter nos rêves sans pour autant nous effrayer. La mer n’a jamais été aussi belle et tumultueuse ; et les vagues, aussi attirantes. Acceptons alors de nager en eaux troubles, de plonger en apnée pour recueillir les fruits d’une expérience lumineuse et originale. À suivre de très près…

crédit : Clémentine Blue

« EP01 » de La Houle est disponible depuis le 22 mars 2017 chez L’Aurore / La Souterraine.


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Raphaël Duprez

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