[Clip] [Exclusivité] La Houle – Apocalypse (Uber Alles)

Il y a certainement plusieurs moyens de rentrer dans le nouvel album du groupe La Houle, désormais piloté en solo par Simon Sockeel, tant ce disque au long cours évolue dans un territoire musical mouvant qu’il n’est plus possible de réduire à la seule musique shoegaze. Et pourquoi pas à travers le clip « Apocalypse (Uber Alles) », étonnante extrapolation cinématique chargée de symboles, d’implicites et de métaphores…

Est-ce une fuite ou une poursuite ? Une complicité ou un affrontement ? Une joute amoureuse ou un duel à mort ?  Un guet-apens ou un baroud d’honneur ? Les plans s’entrechoquent, les scènes s’interpénètrent. La mécanique narrative, tout en suggestion, joue en permanence sur les changements de points de vue et l’inversion des rôles. Rien n’est acquis : ce qui était vrai l’instant d’avant ne l’est plus l’instant d’après. Dans cette chorégraphie surréaliste en duo, les acteurs Nayabiwgue Abrin et Clément Chantepie s’en donnent à cœur joie et installent le doute. Un élément est toujours là en toile de fond, parfois tapi dans l’ombre, calme et impassible, parfois plus présent, au cœur du mouvement, tumultueux et puissant : l’eau. Ce groupe ne s’appelle certainement pas pour rien La Houle. Josic Jégu l’a bien compris. En effet, le talentueux réalisateur du film, accompagné une nouvelle fois, au montage et à la caméra par l’œil fin et sensible de Morgan Richard, a vraiment un feeling particulier avec les musiciens indépendants, il s’immerge dans leur musique pour laisser sa créativité se libérer.

Non sans hasard, il n’est pas étonnant de le retrouver derrière le projet de captations de session Capharnaüm, mais aussi en tant que musicien au sein du groupe angevin Wild Fox. Et d’ailleurs, sans que nous ayons fait le rapprochement de suite, une de ses réalisations avait déjà fait l’objet d’une exclusivité cette année sur indiemusic, le clip vraiment cool de Dogs For Friends, « King’s Dog », sous influence des frères Cohen. Pour ce clip, il se pourrait qu’il se soit imprégné de la vision esthétique d’un vidéaste comme Chris Cunningham et même de l’univers mystique de la série Vikings (où la mer est presque un personnage à part entière). Ainsi, au moment de la fin du tournage, il y a plus d’un an, Simon Sockeel déclarait lui-même sur Facebook : « Avec cette joyeuse bande de loustics, on a eu la chance de pouvoir tourner un clip dans ma région préférée de France. Ça m’a fait beaucoup de bien de pouvoir sortir et retravailler durant l’espace de quelques jours… ».

Au-delà de son fil narratif, en effet, ce clip transpire d’une certaine mélancolie, mais d’une mélancolie tout en retenue, intérieure, qui passe par les regards, le temps maussade, les paysages du Finistère. Cette mélancolie qui peut être aussi le moteur de la vie et de la résilience, elle active la puissance des émotions de l’âme, en particulier lorsqu’elle se confronte à un élément aussi puissant que l’élément marin. Elle se manifeste par la déflagration cold wave qui se met progressivement en place, portée, dans un premier temps, par cette basse lourde et répétitive digne de Joy Division, que viennent recouvrir des soubresauts breakbeat et electronica digne de The Third Eye Foundation, avant que la guitare ne vienne fracasser le mur du son. La mélancolie s’inscrit à tous les niveaux parfaitement dans l’atmosphère romantique exacerbée d’« Apocalypse (Uber Alles) », fruit d’un intense foisonnement chaotique et sensible, où se télescopent les souvenirs, les désirs, la passion, l’amour, la tristesse, l’absence, le manque, le vide, le désespoir…

 « Il tente d’en finir à présent, des mois d’errance, perverse dévotion, ivresse qui bouleverse… Apocalypse (Uber Alles) »

La fin de l’attente est proche pour Simon Sockeel. Il va enfin pouvoir partager et livrer le fruit intégral du puissant ascenseur émotionnel qu’est son magnifique album « La Chute », et que symbolise à merveille ce clip.

« La Chute » de La Houle, sortie le 3 décembre 2021 chez October Tone, Music from the Masses et [PIAS] France.


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Laurent Thore

Laurent Thore

La musique comme le moteur de son imaginaire, qu'elle soit maladroite ou parfaite mais surtout libre et indépendante.