[Interview] La Bronze

La Bronze, aka Nadia Essadiqi, affole le web depuis la fin octobre 2015 avec sa reprise émouvante de « Formidable » de Stromae. Phénomène médiatique incontrôlable comme seule la toile sait faire, la cover affiche déjà 800 000 vues au compteur.
Mais il faut regarder bien au-delà la carrière de cette Québécoise d’origine marocaine, qui sévit avec succès devant les micros, mais aussi les caméras, depuis plusieurs années.
Arrivant de Rabat et pour une seule journée à Paris, La Bronze était l’invitée spéciale de Yann Barthès dans son édition du Petit Journal de Canal+, le 17 novembre dernier.
Dans le contexte particulièrement éprouvant que l’on connaît, sa prestation live en arabe et français, accompagnée de Francis Brisebois (guitare) et de Clément Leduc (claviers), tombait à point nommé et révélait une nouvelle fois que la musique était plus forte que tout.
Entre répétition et direct, indiemusic a pu faire plus ample connaissance avec Nadia, qui a d’ores et déjà prévu de revenir très vite dans notre pays.

La Bronze

  • Avec ta reprise de « Formidable » de Stromae, qui affiche déjà 800 000 vues sur YouTube en deux semaines et qui a généré une centaine d’articles dans les médias, peux-tu nous dire sincèrement si tu t’attendais à tout ce buzz ?

J’osais espérer que cela allait toucher des gens, mais je ne me doutais pas que cela aurait cette portée-là. J’étais en voiture avec mon guitariste quand j’ai entendu Stromae pour la première fois. On roulait d’une ville à l’autre, car on se produisait en duo. En entendant « Formidable », j’ai ressenti une émotion incroyable. C’était fou. J’ai tout de suite acheté l’album sur le web, je l’écoutais en boucle sur mon téléphone, je n’avais même pas d’écouteurs… Quel chef-d’œuvre, je me disais, quel génie ! Quelques mois plus tard, je me suis dit que ce serait bien de reprendre la chanson.

  • Tu as déjà un solide background avec des années de scène, mais aussi devant les caméras de télé et de cinéma. D’ailleurs, comment as-tu démarré ta carrière ?

J’ai commencé en jouant dans des séries pour la télé, mais la musique est arrivée très rapidement après, car je joue des percussions. J’ai joué des percus dans des groupes et j’ai enchaîné avec le chant et mes propres compositions.

  • Tu es donc aussi musicienne ?

Je joue du piano et des percus. Et de la batterie debout sur scène en chantant.
Avec parfois du piano, indépendamment du contexte. Sinon, je chante, je danse, je m’éclate !
On est toujours trois sur scène et cette formule en trio est vraiment pas mal.

La Bronze

  • Du coup, de quel côté penche ton cœur ?

Pour l’instant, je suis beaucoup dans la musique, mais l’un n’empêche pas l’autre avec le cinéma. Je continue toujours de recevoir des propositions cool pour jouer en tant qu’actrice.

  • Vis-tu ces deux « vies » de façon cloisonnée ?

J’imagine que je dois me « servir » de l’une pour faire vivre l’autre. Je ne fais pas cela de façon consciente, mais de manière plutôt organique, naturelle. Je ne me dis pas, lorsque je joue un rôle : « Tiens, en ce moment je me sers de mon bagage culturel ». Et vice-versa. Ça doit à la rigueur m’influencer positivement…

  • Ton premier album, éponyme, est sorti au Québec en septembre 2014. Que peux-tu en dire aujourd’hui, avec le recul ?

Il est beaucoup axé sur la poésie, la pop, le rock, l’électro. C’est un joyeux amalgame de tout cela. On vogue à travers des moments très festifs, joyeux ; puis, à d’autres moments, on est plus dans l’introspectif. Il reste totalement d’actualité, car il parle de liberté, d’amour, de risques, de quête de notre essence.

crédit : John Londono
crédit : John Londono
  • Tes inspirations viennent-elles d’où tu vis (le Québec), ou peut-être d’ailleurs ?

Je suis inspirée par ce que je vis, par ce que je vois, par les gens que je côtoie, par l’humain et les grands espaces en général…

  • Tes origines méditerranéennes contrastent-elles avec les Québécois qui sont peut-être plus calmes, plus « froids » ?

Les gens y sont chaleureux et vivants. Je ne sais pas ce que mon sang méditerranéen vient ajouter à ma personne, puisque je n’ai jamais vécu sans ce sang-là.
Il faudrait, pour le savoir, que je me réincarne en Russe dans une prochaine vie (rires).

  • On te sent tout de même avec une grande force de caractère, avec une détermination à gérer ta carrière comme tu l’entends…

Je suis effectivement affirmée, mais je ne sais pas trop d’où cela vient. C’est surtout lié au temps et à l’expérience. Question confiance, j’ai encore à évoluer, surtout dans certaines situations. Mais tout est relatif, surtout par rapport à d’autres.

La Bronze

  • Et le fait que des gens commencent à t’appeler suite à ce clip…

Ça me réjouit, j’suis tellement contente…

  • Tiens, tu nous imites Céline Dion ?

Ben non, pourquoi (rires) ?

  • En France, quand tu dis « J’suis tellement contente » avec un accent québécois, on pense tout de suite à l’imitateur Laurent Gerra… Il faudra que tu écoutes !

Donc, je suis tellement contente de voyager parce que c’est vraiment ce que je veux faire. Parcourir le monde pour rencontrer tout un tas de gens et jouer dans des contextes foisonnants de joie et de créativité. En partageant mon art et en en découvrant d’autres. Vivre cette effervescence artistique de façon nomade, c’est tout ce que j’ai envie de faire. Et c’est sûr que les voyages inspirent pour l’écriture. Tu sors de ton quotidien et cela te fait émerger les idées.

  • Justement, quels sont tes projets actuels ?

On travaille déjà depuis un certain temps sur le deuxième album, la moitié des chansons sont composées. On bosse dur dessus et cela devrait aboutir assez rapidement en 2016.

  • Comment vous répartissez-vous le travail d’écriture ?

Pour l’instant, c’est moi qui fais les textes et la musique. Ils m’aident beaucoup pour les arrangements, je suis bien entourée ! Dans cet album, j’ai envie de raconter autre chose, d’explorer d’autres pistes que l’amour et la liberté. Et je vais certainement garder les mêmes textures sonores, car cela me fait vraiment triper. Cette espèce de pop électro un peu rock, pour l’instant c’est ce qui me fait vibrer. Mais je reste très ouverte à la vie… et à ses surprises !

La Bronze

  • Va-t-on te voir bientôt en France ?

Ouiiii (excitée), on est en train de créer plein de partenariats ! On regarde les propositions des maisons de disque ici, car l’album n’est pas encore distribué physiquement.
Et on n’a pas encore fait de concert ici. On a joué pour l’instant au Québec, à Los Angeles et à Rabat, au Maroc. Il faudrait vite que la France se rajoute à la liste !
Là, on est déjà super contents de jouer dans l’émission Le Petit Journal sur Canal +.

  • Tu te verrais partager l’affiche avec qui ?

J’adorerais Émilie Simon, Arthur H ou… Christine and the Queens ! Un plateau en français, mais pour moi la langue n’est pas une barrière. Il y en a qui pensent que cela scelle des carcans très rigides alors que, pour moi, une langue est simplement une façon de s’exprimer. La langue, la danse, le dessin, etc. pour moi, il n’y a pas de hiérarchie dans ces formes d’expression. Je comprends très bien les combats pour préserver sa langue, c’est un bagage culturel qu’il est important de conserver, mais je ne vois pas cela comme une barrière ou une barricade.


La Bronze sera en concert le 28 novembre 2015 au M.A.I (Montréal, Arts Interculturels) avec son spectacle « Ouvre-moi ton plexus novembre », mise en scène par Adib Alkhalidey.

Remerciements à David Dubé (High Life Music/Kartel Music), Elsa Martin St Léon (Music Media Consulting) et aux équipes de Canal+.


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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans