[EP] [Exclusivité] La Bestiole – Les grands rapides

Sans accepter aucune concession, La Bestiole démange et nous mord au travers d’un rock pluridisciplinaire et sincère, risqué et maîtrisé. Le duo (qui, ici, accueille de nouveaux membres) a de beaux jours devant lui.

La Bestiole - Les Grands Rapides

Le rock français ? Il va bien, merci pour lui. On ira même jusqu’à dire qu’il n’a jamais été aussi en forme qu’en ces périodes troublées, comme un écho à l’état des lieux d’une société qui a besoin d’exulter autant que possible face à l’adversité. Le plaisir, avant tout, sans pour autant sombrer dans la folie. Et c’est au tour des Parisiens de La Bestiole d’apporter leur propre couplet à ces élucubrations si bénéfiques et énergiques ; ainsi, « Les grands rapides » nous transportent vers des contrées tumultueuses et riches en émotions, au travers d’un rock apprivoisé à la perfection et charriant le feu et les glaçons de boissons alcoolisées qui revigorent et donnent un tonus irréprochable.

Parcourant toutes les facettes d’un rock posé et multiple, Delphine et Olivier ne s’embarrassent pas du superflu et vont droit à l’essentiel ; « Delock » est une invitation à la liberté d’expression, alignant les riffs et rythmes pesés et martiaux, pour mieux aller de l’avant ; « Déterre la hache, détourne le jour du crash », nous chante la jeune femme, nous incitant à marcher avec eux sur les traces d’une musique en fusion et prête à exploser. Ce qui survient avec « Single », titre échevelé et volontaire, constat des épreuves à traverser pour devenir et exister en tant qu’individu ; et quoi de mieux que des guitares à vif berçant la diction claire et décisive d’une piste en quête d’identité, aussi bien sentimentalement que socialement parlant ? La relation dans toutes ses disparités est ainsi triturée et recrachée pour que chacun puisse mieux se retrouver, vivre, être.

 

Ces mêmes émotions qui traversent « Aimant », fausse promenade champêtre qui finit par exulter dans des ascensions de six cordes et de cris, comme autant de reflets d’une passion qui commence et se destine à devenir irrationnelle. Entouré de musiciens invités pour l’occasion, le projet évolue et ne se repose pas sur ses acquis, donnant ainsi à ses contes des notes plus intimes (« D’où » et ses sublimes chœurs et trompettes) et reposées, malgré la tempête qui gronde au-dehors (Les grands rapides). Fruit d’une mûre et pure réflexion harmonique où rien n’est laissé au hasard, « Les grands rapides » est un EP polymorphe qui ne provoque aucun ennui. Et un ensemble artistique réellement osé : car marier à la perfection, comme c’est le cas ici, tous ces genres adoptés et réinterprétés, entre délicatesse et sauvagerie nécessaires, paraît aussi culotté qu’indispensable. La dernière vidéo présentée par nos deux acolytes laissait déjà deviner une évolution construite pour impressionner ; c’est maintenant chose faite au milieu des couleurs énergiques et lumineuses que nous offre cette création destinée à de grandes heures.

crédit : G. Roussel
crédit : Gérard Roussel

La Bestiole court toujours, et on n’est pas prêt d’essayer de la capturer ; autant la laisser donner libre cours à ses envies et ses pulsions, pour toujours plus de plaisirs charnels et prenants.

« Les grands rapides » de La Bestiole, disponible le 13 novembre 2015 chez Tonicflashers Productions / Idol.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.