[Live] KO KO MO à Stereolux

Fidèles de la première heure ou curieux souhaitant découvrir le phénomène, ils étaient tous là à attendre fébrilement que démarre la release party de KO KO MO affichant complet depuis des semaines. Arrêtons-nous un instant sur l’album à l’honneur ce soir-là du 6 avril… « Lemon Twins » est très probablement l’un des meilleurs albums de rock made in France jamais sortis. D’une cohésion sans faille, ce LP aligne ses dix morceaux (dont deux courts instrumentaux) avec maîtrise et l’auditeur se voit traversé de folles vibrations à chaque seconde. De quoi être considéré comme un classique parmi les classiques !

KO KO MO – crédit : Fred Lombard

La salle est soudain plongée dans le noir et « You Can Make It If You Try » de Sly and the Family Stone sort des enceintes. Sous les vivats, le duo Warren / K20 s’installe sur une estrade au fond de laquelle une toile en arc de cercle sera le jeu de fascinantes lumières. C’est une bourrasque qui envahit la salle dès le premier coup sur les fûts. Comme tous ceux qui suivront, les riffs de Warren sont parmi les plus efficaces qu’on ait entendus. Et si cela ne suffisait pas, le garçon s’agite comme pris de soubresauts électriques. Ajoutez à cela les positions iconoclastes de K20 derrière sa batterie penchant dangereusement vers l’avant et vous êtes témoins d’un jeu de scène digne des plus grands.

« So Down » et ses roulements frénétiques déboule. On n’a plus aucun doute sur l’aisance avec laquelle KO KO MO défendra ses nouveaux morceaux sur scène. Tout juste éclos et déjà ce titre se transforme avec l’apparition de Victor, leader de The Hits et guitariste de Gaume, qui se fend d’un rap percutant. Le mercure monte et le premier extrait de l’album « Self Love Age » s’avère ensuite explosif. Warren fait preuve d’une maestria incroyable. Le pied rivé sur ses pédales d’effets, il réussit l’exploit de se ruer de part et d’autre de la scène rejoint par K20 dont l’insolence à se mouvoir autour de la batterie tout en jouant est dingue.

Quand on croit le duo au bord de l’implosion, celui-ci nous surprend par l’arrivée de volutes blues et psychédéliques. Dans ce registre moins tonitruant, le groupe prouve qu’il sait jouer avec les nuances et évite une démonstration de rock’n’roll simplement binaire. « Hard Time », issu du premier album, s’étire et une danseuse indienne (Anandi Nicolas) s’invite au côté du duo. Ses figures magnifiques accompagnent le lent crescendo avant le fracas final. Le tableau d’une beauté saisissante envoûte le public et c’est ensuite Leïla Bounous qui rejoint le groupe pour la rencontre puissante entre rock et envolées orientales sur « 25 Again ». Qui aurait cru qu’une mandoline pouvait faire secouer autant de têtes ? Clairs puis saturés, les accords sont d’une efficacité folle et la salle tremble sous les coups de pied furieux de Warren.

À mi-parcours, cette release party nous offre une petite douceur. Littéralement unplugged, Warren et K20 accueillent Isaac et Nora qui avaient enthousiasmé le web par leur version acoustique et sucrée de « Technicolor Life » en compagnie de leur père. Appelant le public à s’asseoir, les musiciens suivent Isaac qui lance le thème à la trompette. De sa voix fluette, Nora fait preuve d’un aplomb fou et ravit chacun des spectateurs. L’instant est savoureux et d’une délicatesse rare.

Cette petite bulle envolée, la soirée se poursuit avec le retour du feedback grinçant. « Cherokee Gal » et « Killing The Kid » montrent les crocs… et l’envie de ne pas être trop vite relégués au second plan. Joués d’innombrables fois sur scène, ces morceaux font encore la preuve de leur force de frappe et montrent la voie aux morceaux issus de « Lemon Twins ».

Des images de « Wayne’s World 2 » reviennent lorsque l’on voit les deux musiciens en proie à des soucis techniques et s’en tirer haut la main. Dans ce film (marqué par l’apparition de Jim Morrison et d’un indien zarbi à moitié à poil), une flopée de backliners se démenaient pour que le Waynestock ait lieu malgré les avaries. Ce soir à Stereolux, ce n’est pas un jack défaillant et une caisse claire à bout de souffle sous les coups de K20 qui feront taire le duo et les remerciements à l’équipe technique sont amplement mérités.

L’heure est ensuite à la danse avec « White House Blues » et « Shake Off Your Fear ». KO KO MO ne serait-il pas en train d’inventer le heavy disco ? C’est bien du rock’n’roll mais l’invitation à se lâcher est manifeste. Le public s’exécute, les bras se lèvent et Warren, tout en assénant ses riffs, se hisse en haut des amplis avant de se jeter sur scène.

Comme sur ce nouvel album, « Somewhere » vient clore la soirée. La batterie de K20 se fait alors hypnotique. Souple et lourde, la pulsation mêlée à la voix puissante de Warren nous emmène très loin.  À peine remis de ce voyage, il est temps de saluer le duo et ses invités. Souhaitons une bonne route à KO KO MO ! Une tournée commence et l’on a déjà hâte de se trouver à nouveau parmi les nombreux spectateurs à se déhancher au son de ces bombes sonores.


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Olivier Roussel

Olivier Roussel

Accro à toutes les musiques. Son credo : s’autoriser toutes les contradictions en la matière.