Mieux vaut tard que jamais, c’est ce dont on a pu se réjouir en avril dernier quand, après douze ans de mutisme, Kings of Convenience est venu annoncer son retour à travers un quatrième album – « Peace or Love » – dans une carrière débutée à la fin du siècle dernier.
Premier single entêtant sorti au mois d’avril pour annoncer leur retour, « Rocky Trail » nous permet de retrouver immédiatement la signature sonore présente dans les meilleurs titres de Kings of Convenience, à l’instar de « Misread ». Le clip, également réalisé en plan séquence, nous rappelle celui de ce titre sorti en 2004 sur le second album du groupe « Riot on an Empty Street » qui aura connu un large succès avec près de 400 000 ventes en Europe.
Le titre allie ici la douceur du chant et l’harmonie des voix avec un tempo sautillant qui invite au voyage… Avant que le tempo ne s’accélère dans le dernier tiers, au fil d’un solo de notes de guitares haut perchées venant compenser le chant qui s’est tu et faisant surgir le frisson.
Si Erlend Øye et Eirik Glambek Bøe ont été discrets aussi longtemps, au point de frustrer certains fans de la première heure qui pensaient ne jamais les revoir ensemble, les deux amis ne sont pas restés inactifs. Entre son projet parallèle (The Whitest Boy Alive) et un album solo 100% folk (« Legao ») pour le premier, et la concrétisation d’une autre très belle collaboration plus funk-pop (Kommode) initiée par le second, le duo norvégien a eu le loisir d’explorer d’autres contrées musicales pour entretenir le feu.
À l’écoute de l’album, nul doute que les fans de la première heure seront ravis de retrouver la douceur d’un titre comme « Rumours » qui ouvre ce nouvel opus par la douceur de la guitare sèche. Ce titre semble dessiner le crédo entrepris par Kings of Convenience dès le début de leur carrière il y a 20 ans et la sortie de leur premier disque au titre évocateur « Quiet Is the New Loud ». Les deux amis, tous deux nés en 1975, n’étaient alors que de jeunes adultes se connaissant depuis l’école et s’étant séparé de leur groupe de rock (Skog) pour former le duo qu’ils sont aujourd’hui.
Au milieu de titres plus convenus, on se rend toutefois compte à quel point les années semblent passer sans les atteindre. « Fever », élégante balade et dernier single en date, en est la preuve. Le titre fait une nouvelle fois la part belle à la voix de tête de ses interprètes et laisse le temps à la mélodie de s’exprimer dans un crescendo harmonieux et entêtant. « C’est la chanson qui a été la plus rapide à écrire, née d’un pur et simple sursaut d’inspiration », explique Erlend Øye dans un communiqué. « L’enregistrement et l’arrangement ont toutefois été, comme souvent un long processus, avant d’aboutir à l’ajout de cette fascinante outro au piano dans les derniers jours d’enregistrement de l’album en février 2020 ».
« Peace or Love » est décrit par ses auteurs comme un album de « deux vieux amis explorant ensemble la dernière phase de leur vie et trouvant de nouvelles façons de capturer cette magie insaisissable ». Enregistré sur cinq ans dans cinq villes différentes, l’album apporte sa fraîcheur à la période estivale.
Là où « Angel » traduit la capacité du duo à installer le groove au sein même de leur douce folk, « Song About It » ou « Comb My Hair » invitent à l’introspection, au retour sur soi, et nous projettent déjà dans un cadre plus automnal, où cet album saura occuper les journées pluvieuses sous la couette.
Suffisamment rare pour être souligné, c’est au sein d’un featuring que se cache l’un des titres les plus convaincants de cet album. Sur « Catholic Country », Feist vient superposer son doux timbre à celui d’Eirik et ajoute son récit à celui du duo norvégien dont la capacité à raconter des histoires n’est plus à prouver. C’est dans une atmosphère aux confins du jazz, comme si Feist se rappelait la compagnie d’un Chilly Gonzales avec qui elle commença sa carrière à Berlin, que se construit un échange intime et délicat.
2022 marquera le grand retour du groupe sur scène. Exception faite d’une apparition pour promouvoir la sortie en anglais d’un livre retraçant l’enregistrement de son premier opus « Quiet Is the New Loud » en 2015, Kings of Convenience n’est plus venu fouler le sol français depuis. Ne s’étant produit qu’à de rares occasions et dans des cadres relativement intimes cette dernière décennie, c’est l’un des plus grands et beaux écrins parisiens – la Salle Pleyel – que Kings of Convenience se produira en concert le 19 mars 2022.
« Peace or Love » de Kings of Convenience est disponible depuis le 18 juin 2021 chez EMI Records.
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