Après deux EP dont l’un déclaré « Album du mois » par Vice Magazine en 2011, le duo roumain Karpov Not Kasparov rassemble ses meilleures productions au sein d’un 1er album riche en nuance, dans lequel nous croisons les sinuosités d’un aller-retour constant entre les ondulations orientales de leurs claviers et les percussions hypnotiques.
Débutant en 2009, le duo s’équipe rapidement d’un artiste visuel analogique et de plusieurs danseurs contemporains pour ses lives, ce qui donne vie à de vastes performances quasi-théâtrales. La dynamique unique du collectif se concrétise dans un son psychédélique et synthétique, combinant des mélodies orientales avec un jeu de batterie saisissant. Après quelques années de voyages à travers l’Europe pour se faire un nom et une réputation, ils dévoilent leur 1er album et 1ère sortie physique via le format vinyle.
A l’origine du fameux « Mechanical Turk », connu à travers l’œuvre du producteur Mehmet Aslan, Karpov Not Kasparov nous en donne la version originale. Ils conservent les élégantes pulsations orientalisantes, tout en extirpant les éléments house-discoïdes tribaux de l’artiste turc, remplacés par les voix ondulantes du groupe et avec quelques ondulations de basse et rythmiques léchées de batterie. Le synthétiseur vintage si caractéristique de Karpov Not Kasparov se retrouve sur des mélodies synth-pop comme « Pawn Storm » ou « Nothing Is Healing As The Human Touch ».
Jamais bien éloignées, les élucubrations orientales reviennent à la charge avec l’envoûtant « Choose Your Color Gipsy Dark ». L’ultime mélodie, la cover du morceau « Nothing Is Healing As The Humain Touch » mais cette fois au violon, est légère et jolie mais dénote assez pour que nous nous demandons si elle n’est pas de trop face à l’homogénéité et la richesse des autres titres. La coupure dans leur univers est assez fracassante. Bref, le morceau est à considérer comme un bonus. À côté, une excellente prouesse comme « The Trouble With Me » est à retenir, pour son travail sur l’ambiance et le chœur d’une grande harmonie, suffisants pour décréter une fin digne de son nom.
1er long format entêtant et rafraichissant, qui se révèle capable de ne pas seulement emprunter à la musique orientale. Ils s’en imprègnent littéralement, afin d’en offrir des visions contemporaines, hard-vintage, s’alliant avec son époque tout en s’occupant de bâtir un groove efficace et solaire. Une chose est sûre, Karpov Not Kasparov n’est pas seulement bon qu’à nous faire jouer aux échecs.
« Soundtrack for a Game of Chess » de Karpov Not Kasparov, disponible le 2 décembre 2016 chez Polychrome Sounds.
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