[Singles] Joseph Carré – Les fantômes / Magique, hypnotique

Depuis quelques mois, la pop francophone regorge de petits trésors : Satellite Jockey, Fleur, Odessey & Oracle, Louxor et bientôt un nouveau François & the Atlas Mountain. À partir d’aujourd’hui, n’oubliez pas de mentionner, dans vos 2 à 4 vins chauds et autres activités extérieures impromptues, le Québécois Joseph Carré.

Grand prince, le nouveau venu de la scène montréalaise, pas si nouveau non plus (VULGAIRE), laisse 20 secondes de répit à ses auditeurs, désormais supers télétravailleurs, en pyjama de jour comme de nuit. Puis, c’est l’explosion, de la pop synthétique new wave qui ne passe pas par mille chemins pour mettre KO douze mois de fermeture d’échappatoires nocturnes. Vous êtes déjà perdus dans des danses dionysiaques que seule la synthpop des années 80 sait aussi occasionner.

Dans la déperdition, vous daignez tendre une oreille aux paroles pour savoir ce que vous libérez. « Les fantômes / Qui ne répondent pas / Il faudrait qu’on se parle / En quatre images (…) 6 pieds ou plus et tu dois me faire rire / Mon chat c’est ma life et le vin rouge aussi / Je t’aimerais plus en docteur ou en génie / Merci la vie / Merci la vie ».

Ce premier titre dévoilé s’attarde à ce petit drame contemporain vite reconnu par tous. On évitera donc le placement de produits multiplicateurs de « playboys en détresse » (Style) et d’« histoire(s) sensuelle(s) et sans suite » ponctuées de « pschtt » (Serge Gainsbourg). Oui parce, déjà sans smartphone, on était déjà tous très doués pour entonner les éternels refrains « J’veux pas rentrer / J’veux pas rentrer chez moi / J’veux pas rentrer chez moi seule » (Agathe & les Regrets) et « Partenaire particulier / Cherche partenaire particulière / Débloquée, pas trop timide / Et une bonne dose de savoir-faire » (Partenaire particulier). Y’a-t-il des « entrepreneurs » qui se sont mis de l’argent plein les poches après une simple fin de soirée de nouvel an particulièrement arrosée ?

L’autre morceau, « Magique, Hypnotique », moins explosif, plus mystérieux, mais tout aussi entraînant, continue de nous faire découvrir, grâce à un récit brumeux et incisif à la première personne, d’autres démons intérieurs de ce personnage, pris jusqu’à présent entre « bouteille qui parle », « constat inachevé » et « cauchemar sensuel ».

Aussi addictives que les premières chansons du projet français Louxor, le tout teinté abondamment d’atmosphères langoureuses qui feront aussi parfois penser à Feu! Chatterton, Joseph Carré dépose sur la toile deux titres vivifiants au chant tellement élégant qui feront sortir de leur torpeur tous les nouveaux convertis aux tisanes feuilles de tilleul. Avec ce premier disque, on nous promet une « fête entraînante et colorée, du premier acte au tombé de rideau ». On attend. Merci la vie, merci la vie.

Animation, dessins et réalisation du toujours excellent Philippe Beauséjour.


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Lise Brun

En quête perpétuelle d’émotions dans les salles de la ville aux cent clochers