Alors que l’excellent « Loon » – dont nous reparlerons bientôt – vient de sortir, JOKO illustre ses ambitions musicales et expérimentales avec le diptyque « Even // Fools », déambulation à la fois étrange et hypnotique dans une multitude d’actions et d’idées créatrices toutes plus intrigantes et folles les unes que les autres. Le réalisme et l’abstrait dans toute leur troublante similarité.
Une image pourrait parfaitement résumer, à elle seule, ce que représente « Even // Fools » : ce mur recouvert de cadres dans lesquels Iris Di Napoli et Arthur Vonfelt bougent comme si leurs vies en dépendaient, cherchant à sortir des frontières picturales afin de laisser leur art s’exprimer librement. Les deux parties du court-métrage ont, ici, trouvé une parfaite transition : alors que l’abstraction évanescente et sublime de « Even » s’achève, le son se distend, ralentit et devient une colère sous-jacente, au moment même où nous sortons à peine de ces images captivantes et attirantes de la recherche du contact de l’autre. Brutalement, le décor se fait homogène, retour à la réalité aussi rapide que marquant.
« Fools » est, ainsi, la plus belle matérialisation de cette quête de l’union que nous avons admirée précédemment : en suivant ce groupe d’amis dans ses déambulations nocturnes, à la recherche de l’extase brute et de la communion par la danse et le prisme photographique (le Paraître, encore et toujours source de désincarnation à travers des selfies qui semblent tellement imparfaits), le spectateur entre dans les pictogrammes, sent la sueur et entend les rythmes palpitants d’un lieu qui devient immédiatement familier. Tout le talent de JOKO repose sur ce risque cinématographique pesé et réfléchi : sortir des chemins balisés, tordre le cou aux apparences afin de mieux les transcender. La folie n’est-elle pas, finalement, ce qui nous rapproche le plus les uns des autres ? C’est une certitude, lorsqu’elle est représentée d’une aussi belle manière.
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