Revenu d’entre les morts, John Carpenter s’assoit sur le monde de la musique avec « Lost Themes II », à paraître chez Sacred Bones Records ! Le dernier des damnés n’a pas joué son ultime note !
Après une carrière légendaire (inutile de remplir un article avec les noms de ces classiques comme The Thing, Halloween ou Assault On Precinct 13 !), le musicien et cinéaste John Carpenter nous dévoilait son premier album solo il y a tout juste un an, sorti de nulle part et avec un contenu des plus séduisants, qui secoua nos neurones dans tous les sens. Les images et sons d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître se télescopaient alors dans nos têtes.
Sans vouloir tomber dans l’éloge sans esprit, cet album, quoique jouant un peu trop la carte de la madeleine de Proust, était un véritable monolithe qui resterait inscrit ad vita eternam dans l’histoire, après une si longue période de silence musical. Les générations influencées par Carpenter, en attente d’un nouveau chef-d’œuvre, se sont tournées vers ces mélodies d’un film égaré et en ont savouré la substantifique moelle avec plaisir. Alors, ne boudons pas notre plaisir à la vue de ce nouveau spécimen ! Car, oui, le vieil homme semble bel et bien sorti de sa retraite pour devenir, à 68 ans, la rockstar dans l’âme qu’il a toujours été.
« Lost Themes II », suite logique du volume initial paru en 2015 et dans lequel il est toujours accompagné de son fils Cody et du guitariste Daniel Davies (ex-Karma To Burn), compile onze titres où l’on remarque d’emblée un revêtement sonore beaucoup plus rock. L’écoute du premier titre, baptisé « Distant Dream », avec sa ligne de basse dark et envoûtante à souhait, traversée par des claviers angoissants et rétro-futuristes, ravira les oreilles adeptes de synthwave. Si des titres comme « Persia Rising » ou « Hofner Dawn » font vibrer notre corde nostalgique, distillant ces fameuses notes de synthés minimalistes, terrifiantes sur la première mélodie et presque apaisées, avec une certaine grâce aérienne sur la deuxième, nous voilà vite stupéfaits devant la vitalité et la beauté des arpèges de « Windy Death ».
Les thèmes « Virtual Survivor » et « Last Sunrise » s’épuisent à répéter les structures sonores bien connues de son œuvre. Mais ils sont bien vite contrebalancés par cet art de la musique cinématique condensé dans le grandiloquent « Utopian Facade » ou « Bela Lugosi », titre-hommage au célèbre interprète du vampire Dracula de Tod Browning dans les années 30 ! Enfin, quoi de mieux pour finir l’écoute qu’une mélodie comme « Real Xeno », où les riffs de guitare s’entrechoquent avec de lourdes batteries sur fond d’orgue sépulcral ?
Si « Lost Themes II » s’essouffle un peu vers la fin, il reprend vite des couleurs et nous enveloppe tout entier dans son univers baroque, jusqu’à faire jaillir dans nos esprits les images mentales d’un film de série « Z » jamais tourné, qui habitera éternellement notre mémoire à l’écoute de ce projet. Il ne tient qu’à nous d’imaginer ce que nous voulons, puis de nous laisser porter vers ces territoires obscurs alliant new age et rock avec brio.
Avec une petite tournée à travers l’Europe annoncée il y a quelques mois, l’occasion vous sera donnée d’écouter les synthés mythiques d’une des personnalités artistiques les plus importantes des années 70-80 ! Aux chanceux qui se rendront aux festivals Primavera Sound (Barcelone) en mai, à l’ATP Iceland (Ásbrú) en juillet, ou au Bring Out the Bats Manchester et Bring Out the Bats London en octobre prochain, vous n’avez aucune excuse pour passer à côté de l’un de ces rendez-vous musicaux incontournables, qui vous fera dire dans vingt ans : « J’y étais ! ».
« Lost Themes II » de John Carpenter, sortie le 15 avril 2016 chez Sacred Bones Records.
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