Après l’explosion Mermonte, ou encore plus récemment le dynamitage de la sphère indé par Dad Rocks!, il est tout naturel d’être en alerte, à l’affut des moindres mouvements des Disques Normal. Le label a donné naissance à une escalade de « perfect releases » qui ne remonte pas à l’avènement de Ghislain Fracapane (en juin dernier), mais à la sortie de The Vanishing Grace.
Après quelques mois d’écoute, l’album de Jocari se révèle semblable à ses successeurs, unique et surprenant. Une personnalité forte et atypique entoure ce six titres. On lui prêtera des aspirations nostalgiques comme méditatives, une vocation à accompagner de longues marches sur les rivages ou encore la bande côtière drapée de pinèdes de Tranströmer (« Elégie », cinquième poème de « 17 dikter » publié en 1954). Si The Vanishing Grace était un lieu, il intégrerait les destinations prisées des voyageurs avides d’espaces puissants, défendus par un vent fort et empreint d’un certain mysticisme.
Musicalement parlant, Jocari nous livre une série de compositions d’un fort caractère, qui au regard de The Sleep Factory ou encore Slanging Match In Anfield, use en base d’une guitare qui n’est pas sans rappeler des « rare tapes » d’un Stephen Stills naissant. Les voix, elles, semblent conter des légendes rien que par leur mélodie et une présence particulière ; cette dernière assure comme chaque contenant de The Vanishing Grace l’authentique réussite de l’album.
Aucun à-coup, un tempo lent et immersif, l’album s’articule autour d’une ambiance que l’on rattacherait aisément à l’univers du grand ouest américain. De la musique de cowboys, jouée au coin du feu ? Le rapprochement – un brin péjoratif – ne rendrait pas hommage à la composition dans son ensemble. Il est plutôt question de teinte, d’emprunt à la mouvance.
The Vanishing Grace est un album réussi, largement démarqué et toujours aussi marquant après des mois d’écoute. À l’origine d’une série attrayante signée Les Disques Normal, il verra Mermonte, Polder et Dad Rocks prendre suite et assurer l’impulsion de ses six excellents titres.