[EP] Jens Kuross – Steadier

Pollués par la nuisance sonore des villes, des publicités et des choses que nous n’entendons plus, nous sommes souvent embrigadés par des musiques que nous ne choisissons pas. Mais heureusement, notre époque est aussi celle du choix et de la liberté d’écoute. Raison de plus que ces derniers n’ont jamais été aussi grands. Au détour des influences (et affluences) actuelles nommées James Blake et Radiohead, Jens Kuross est la parfaite déclinaison du crooner électronique, accompagné d’un piano et d’une voix à faire pâlir n’importe qui. Son premier EP, « Steadier », est une magnifique promesse du genre.

Jens Kuross - Steadier

Il y a quelques semaines, Jens Kuross introduisait lui-même son premier single « Steadier » ; une hypnotique production qui dessinait d’emblée les contours affectifs et contagieux de sa mélancolie électrique. Peu de temps après, un EP du même nom faisait son apparition dans la petite famille de l’électro-mélo-blues. À ce titre, la musicalité parle d’elle-même. Nous y entendons un éblouissant piano-voix soumis à des bruits sourds dans « Nobody’s Problem » et « Wilderness », tandis que les deux autres morceaux « Steadier » et « Try To Follow » semblent avoir été infectés par un genre de virus électronique, rognant avec génie les synthétiseurs de l’Américain.

« Je suis juste assis au piano pendant des heures et des heures au point de me frapper le visage contre mon clavier parfois, quand mon inspiration se met en grève. J’essaye cependant d’écrire des chansons dans leur entièreté avant que je ne commence à les enregistrer. Si la chanson ne marche pas quand elle est réduite à ses fondamentaux, alors elle n’est probablement pas la bonne. Je refuse que la magie soit étouffée. », déclare Jens.

Cette liberté que l’artiste donne à ses chansons, ce genre de respect apporté au son et à sa structure la plus pure, ne fait que gonfler la sphère intimiste de cet EP et d’en assurer également sa signature. Élégant, épuré et démuni d’artifices superflus – bien que ces derniers, si petits et discrets, soient au service de la mélodie et non l’inverse – « Steadier » de Jens Kuross bascule dans l’édifice des grandes œuvres minimalistes ivres de mélancolie.

Jens Kuross

« Steadier » de Jens Kuross est disponible depuis le 27 mai 2016 chez Aesop Records.


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Julien Catala

chroniqueur mélomane, amoureux des échanges créés autour de la musique indépendante