[Entourage #59] Jean-Noël Scherrer (Last Train)

Chanteur et guitariste de Last Train, CEO de sa structure de label et de producteur de tournée Cold Fame et désormais à l’initiative du festival La Messe de Minuit, dont la première édition est attendue du 19 au 21 septembre prochain à Lyon, rien ne semble arrêter le fulgurant parcours de Jean-Noël Scherrer. Nous avons proposé au plus déterminé et entreprenant des rockeurs français, à cet activiste passionné et ce grand voyageur du circuit indépendant, resté accessible et fidèle à lui-même, de nous raconter ses premières fois avec cinq projets qu’il accompagne dans leur développement ou qu’il a eu plaisir à suivre en tournée. Ce jeune homme bourré de talents, qui jongle avec une énergie admirable entre ses multiples casquettes, sans jamais perdre de vue l’humain, nous confie ici cinq portraits touchants et authentiques.

crédit : Rémi Gettlife

Holy Two

D’une certaine façon, Élodie et Hadrien sont la genèse de Cold Fame. C’est le premier groupe que j’ai eu envie de signer et j’ai appris mon métier de bookeur et de producteur de tournée grâce à eux. On était tous très jeunes, que ce soit l’entité Holy Two, Last Train ou Cold Fame, on était très peu entourés et a appris ensemble. Je me souviens de notre première rencontre, on devait avoir 18 ans avec mon collègue et j’y connaissais vraiment que dalle, on leur a dit : « On peut vous monter des tournées et produire vos disques, ça vous dit ? ». Et ces grands fous ont accepté, haha. Ce sont des personnes formidables, de grands artistes, ils ont fait de très belles tournées (jusqu’en Asie et au Canada), ont joué avec Alt-J, The Dø, Jeanne Added… ils préparent actuellement le deuxième album, et ça s’annonce grandiose.


Thé Vanille

Il y a deux ans, j’ai été contacté par l’équipe du Chantier des Francos pour intervenir en tant que contributeur sur une semaine de « résidence » à La Rochelle. J’ai rencontré Thé Vanille, et ç’a été un véritable coup de cœur. Ça faisait longtemps que j’avais plus vu un groupe français aussi créatif, aussi énergique. C’est organique, c’est viral, ils font vraiment du bien. Ça part dans tous les sens, sur scène comme dans le discours, mais ils assument complètement et c’est ce qui fait leur fraîcheur (à l’heure où tout est maîtrisé, contrôlé, anticipé). On a commencé à travailler ensemble l’année dernière, ils ont soif de dates, ils m’appellent tout le temps pour avoir plus de concerts, haha, je les adore.


Lysistrata

Sans pour autant être particulièrement proche des garçons, j’ai (et on a au sein de Last Train) un grand respect pour Lysistrata. Ils font partie d’une nouvelle scène rock française vraiment quali qui n’a rien à envier à qui que ce soit. Je pense notamment à The Psychotic Monks, Johnny Mafia, Mnnqns, Decibelles, Pogo Car Crash Control, etc. Tous ces groupes sont entiers, adorables, simples, dévoués en leurs projets, dévoués en leurs concerts. Ils jouent chaque soir comme si c’était le dernier (putain vous avez vu les Monks dernièrement… ?), et ce sont des valeurs que j’aime et défends comme musicien. En plus, les trois saints viennent de monter leur propre label, Grabuge Records, respect. On a eu l’occasion de partager une semaine de tournée avec eux, il y a deux ans, j’adorerai remettre ça.


DTSQ

Je suis allé pour la première fois en Corée du Sud en octobre dernier, pour le festival Zandari de Séoul (où jouait Holy Two d’ailleurs). Je suis descendu un peu par hasard dans un club où un groupe du nom de DTSQ commençait leur show. Quelques accords de guitares en guise d’introduction, jusqu’à ce que le chanteur crie de toutes ses forces dans le micro : « Watch Ouuuuuuuut !!! », et c’était parti pour trois quarts d’heure de punk-psyché, imparable, super bien exécutés, super riffe, un batteur exceptionnel, des clins d’œil à King Gizzard fins et contrôlés, bref c’était énorme. Je leur ai proposé d’organiser une tournée en France, ils ont accepté et sont venus cet été pour This Is Not A Love Song Festival, Les Nuits Sonores, La Magnifique Society, Les Eurockéennes, Aucard de Tours : ils mettent absolument tout le monde d’accord. En plus, ils sont adorables, à suivre de près !


Bandit Bandit

Avec la fine équipe de Cold Fame et les camarades de Last Train, nous avons monté La Messe de Minuit, notre premier festival, qui aura lieu du 19 au 21 septembre prochain à Lyon. On retrouve Fat White Family (UK), Yak (UK), Night Beats (USA) entre quelques autres groupes cités plus haut qui font la fierté de l’hexagone, mais aussi des découvertes comme Bad Nerves (UK) ou… Bandit Bandit (FR). J’ai découvert ces derniers quand Maëva, la chanteuse, m’a envoyé un titre en français sur Souncloud. Belle claque, c’était gros, c’était gras, c’était riffé et pourtant super élégant, super en place. On leur a proposé de venir jouer sur la soirée au Transbordeur, qui ouvrira, je crois, une belle tournée d’automne pour eux, et un premier EP à cette période. Affaire à suivre.


« Une célébration du rock sans filet », une bien belle manière d’introduire La Messe de Minuit, festival proposé par Cold Fame et Last Train, dont le line-up de la première édition retentira dans la Ville lumière du jeudi 19 au samedi 21 septembre 2019. Une affiche garantie 100% rock qui investira trois salles emblématiques du Grand Lyon : L’Épicerie Moderne, Le Périscope et le Transbordeur. Si l’on doit s’en remettre aux artistes venus d’outre-Manche et Atlantique confondu : les briscards punk de Fat White Family, la powerpop expéditive de Bad Nerves, le psyché texan de Night Beats et le rock imprévisible de Yak ; on admet sans peine que la programmation est bien l’affaire d’une bande de fins connaisseurs. Complété le premier jour par la présence incontournable de Last Train, qui y jouera certainement le gros des tracks très attendues de son second album « The Big Picture », on retrouvera également côté frenchies la vague punk enragée de Structures, le math rock furieux de Lysistrata, le psyché noir et sauvage des Psychotic Monks, le noise punk très grrrrl de Decibelles et les beaux lovers du neo-garage Bandit Bandit ! Avec La Messe de Minuit, prêcher pour sa paroisse (rock) n’aura jamais été aussi saint !


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques