Carte blanche dans la pénombre d’une traversée nocturne ce vendredi 14 juin. C’est accompagné d’un veilleur, Frédéric Pellerin, que commence cette soirée avec une première lecture. Une soixantaine de têtes curieuses, d’âges divers, réunies pour cette seconde déambulation, en deux jours, dans les artères d’un musée quasi désert.
Aux premières lectures, on s’arrête devant ou parmi ces œuvres immobiles et silencieuses, inscrites dans le temps, figées sur les toiles ou dans la pierre. On écoute, attentifs, la voix du veilleur comme celle de Jean-Louis Bergère, installé immobile en attendant que le silence se pose.
Évoluer au milieu d’œuvres souvent centenaires, à moitié masquées par l’ombre, mais entourés d’autres âmes vivantes, marchant à côté de nous, c’est aussi ça l’expérience d’un soir.
Qu’on aime ou qu’on n’aime pas les sorties de musées, l’appropriation du lieu par Jean-Louis Bergère fascine autant qu’elle surprend et questionne. On comprend vite l’amour de l’homme pour l’art, pour ces peintres qui, avant lui, ont posé leurs pinceaux pour décrire à leur façon leur époque, leur vision du monde, un instant en guise d’éternité.
On sera plus que jamais attentifs aux petits bruits, à la résonance des salles, aux mouvements de lumière comme à ses variations d’intensité. Chacun d’entre nous y sera inconsciemment soucieux, à respecter ce silence qui est aussi musique, qui habile la musique de Jean-Louis Bergère.
Jean-Louis Bergère, à la manière d’un homme statue, s’immobilisera, avant et après ses interventions lues ou chantées, accompagné de Jean-Baptiste Noujaim au violoncelle, d’Eliz Barat à la danse, ou de Blaise Desol aux guitares, d’Hervé Moquet à la basse ou d’Évelyne Chauveau, aux claviers et aux chœurs.
On terminera ainsi la soirée par un concert, assis, associé à quelques projections d’images fixes puis animées autour des chansons des deux albums de Jean-Louis.
A écouter les textes, attentifs à la poésie des mots juxtaposés comme à l’imagerie des sentiments déclamés.
Et on sera surtout sensibles à la voix de conteur de Jean-Louis Bergère, à la diction précise. Sérieuse et inspirante posée sur le jeu libéré de ses trois musiciens, laissant s’exprimer les riffs à la basse et à la guitare, parfois à l’aide d’un ebow pour faire résonner les notes dans la longueur.
Le concert se terminera par l’appel de toute la distribution de cette soirée acclamée, comme après chaque titre joué, par un public conquis par le projet comme par la singularité du lieu.
Un moment éphémère et précieux, touchant et sincère.