Jason Lytle and The Young Rapture Choir : pari réussi à Paris

Jason Lytle s’est entouré de musiciens en herbe et de jeunes voix françaises de la même tessiture pour reprendre les classiques de Grandaddy, sous la direction de Patrice Cleyrat, prof de musique à Angoulême. Un superbe concert donné le 14 décembre dernier à La Gaîté Lyrique (Paris) qui fera école et écho.

Jason Lytle
crédit : Nicolas Nithart

Ils sont une trentaine entre 13 et 18 ans à avoir fait le déplacement depuis Cognac et Angoulême pour venir chanter à Paris. Double première pour cette chorale The Young Rapture Choir – dont le nom a été donné par Laura Veirs elle-même en référence à l’une de ses chansons – qui joue devant une salle sold-out et quelque peu conquise, et avec le maître Jason Lytle en personne.

À l’initiative du décidé et dynamique Patrice Cleyrat, prof de musique à Cognac puis à Angoulême, ce projet s’est monté presque sur un pari fou : faire bouger Jason Lytle, en retraite de Grandaddy dans les montagnes de l’Oregon, pour venir chanter et jouer avec ces élèves qui auront écouté puis appris par cœur les meilleurs titres d’un groupe de grands-pères dont ils n’avaient jamais entendu parler.

Et c’est ce qui a motivé Jason Lytle à venir par deux fois en France pour partager cet instant de grâce avec ces petits-enfants virtuels qui sont pourtant bien réels : une idée originale, sincère et parfaitement orchestrée par un Patrice Cleyrat heureux de pouvoir aller un peu plus loin que le pur enseignement de la musique.

Personne ne s’est donc fait prier pour mettre en place ce spectacle qui aura demandé de nombreuses heures de répétition et de coordination, sous l’œil attendri d’un Jason Lytle qui, du coup, se retrouve avec une sacrée progéniture.

17 chansons et un rappel seront donc servis à un public d’anciens et nouveaux fans. En se baladant dans la foule compacte ramassée devant la scène, on croise bien sûr des parents attendris qui mitraillent leurs enfants, mais aussi des fans de la vieille école. Allant même en signe de reconnaissance jusqu’à arborer de magnifiques chemises de bûcherons, des barbes bien fournies et autres bonnets vissés sur la tête. Et au concours de lipdub, on notera que ce ne sont pas forcément les plus suiveurs de Grandaddy qui connaissent les paroles le mieux par cœur.

En entrant sur cette scène, on sent une tension chez les enfants disposés à donner le meilleur d’eux-mêmes. Réalisent-ils vraiment ce qui se passe ? Peu importe, clame Jason Lytle qui ne voit en ce concert qu’un merveilleux souvenir à garder au plus profond de son chœur et de son cœur.

Les quelques larsens indisposant du début – pas facile de caler de jeunes voix et musiciens pas habitués au sound check – laissent vite la place à une grande ballade introduite par « Hewlett’s Daughter » – seul morceau imposé sur scène par Lytle. Patrice Cleyrat a la confiance totale du Grandaddy et propose des réinterprétations et réorchestrations des meilleures chansons du groupe tout en conservant leur particularité Low-Fi.
C’est presque religieusement que la chorale chante « Young Saints » dont le titre veut tout dire. Lytle laisse les enfants être en avant et se pose presque timidement sur le devant de la scène. Pour lui, ce sont eux les vedettes et il ne comprend pas toujours que les applaudissements fournis signifient la gratitude des fans de Grandaddy de le retrouver à Paris, deux ans après un très attendu concert à Rock en Seine.
« Elevate Myself », « Forget It », « Brand New Sun », la salle est transportée et acclame chaque morceau. Jubilant sur le succès rencontré, Patrice Cleyrat prend de plus en plus la parole entre chaque titre, auto-analysant en direct ce projet dont il ne revient toujours pas. Un gentil « Less talk, more music » lancé dans le public le rappelle à l’ordre, on le sent frustré de ne pouvoir livrer sur scène les coulisses de cette aventure dont il aura certainement beaucoup de temps à se remettre.
Car la volonté des parties est de garder cet instant précieux, magique et unique. Cleyrat garde bien sûr en tête d’emmener ses protégés aux US pour montrer aux Ricains de quel bois on se chauffe en France. Une idée qui semble lourde à gérer par Jason qui nécessiterait certainement l’aide d’une âme organisatrice.

Le set se termine sur un planant « He’s Simple, He’s Dumb, He’s The Pilot » qui trouve toute son emphase sur scène avec toutes ces backing vocals perchées.

La salle en redemande et disciplinés, les choristes se remettent en place pour quatre titres en rappel.

crédit : Nicolas Nithart
crédit : Nicolas Nithart

Les yeux hagards, la chorale regagne les loges, les musiciens, déphasés, plient leurs instruments, Jason Lytle embarque la bouteille de vin rouge laissée sur scène pour aller se remettre de nos émotions et le public déambule en se disant qu’il a vécu un moment, dans une certaine mesure, historique.

Patrice Cleyrat nous confiera par email que le retour a été dur et que certains jeunes ont les yeux rouges de fatigue et de tristesse.
Jason est reparti à Portland, la tête pleine de souvenirs et nous, nous pensons à toutes ces fripouilles qui auront chanté et nous aurons enchantées à quelques jours de Noël.

Un beau cadeau Mr Lytle et Mr Cleyrat.


The Young Rapture Choir :

Batterie : Valentin
Guitare basse : Antoine
Claviers et piano : Vincent et Baptiste
Violon : Anne
Alto : Typhaine
Violoncelle : François-Pierre
Hautbois : Alicia

Chorale :
Lily – Justine – Julie – Ségolène – Constance – Astrid – Crystelle – Camille – Charlotte – Éva – Emma – Céleste – Marie – Paul – Erin – Loreena – Cloé – Marie – Louise – Justine – Lucie – Charlotte – Anne – Clarisse – Inès – Lou Aimie – Arthur


Avec le soutien de Nicolas à La Nef, de Didier, David et Marc au Krakatoa et de Pauline, Guillaume et Cyril du festival Winter Camp.

facebook.com/jasonlytle
jasonlytle.com

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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans