[LP] James Murray – The Sea in the Sky

Traversant des stratosphères ambient apaisées et bourdonnantes, James Murray préfère ancrer sa musique dans les limbes plutôt que de reproduire ce que le genre pourrait exiger. Un véritable et phénoménal plaisir.

James Murray - The Sea in the Sky

L’ambient est souvent considéré comme un genre un peu bâtard dans la musique actuelle. Pour les uns, il s’agit avant tout de créer des nappes hypnotiques, enchaînées les unes aux autres pour provoquer un état émotionnel proche du rêve. Pour les autres, ce n’est au contraire qu’une musique facile et dénuée de sens. Grand mal leur fasse. Car, comme le prouve l’artiste anglais James Murray avec son nouvel album, « The Sea in the Sky », il s’agit d’autre chose. Sa musique contient alors une signification qui dépasse sans difficulté bon nombre de préjugés insipides et injustifiés. Ce disque est avant tout chargé d’émotions brutes et envoûtantes, comme un désert aride que la rosée nocturne vient enfin abreuver. Une suite en cinq mouvements tous plus passionnants les uns que les autres, pour peu que l’on accepte d’y pénétrer.

Dès les premières sonorités de « Altitude » et cet enchaînement magnifique de bruit blanc et des notes tenues et tendues, l’impression de bien-être et de mélancolie se fait immense, accomplie et d’une simplicité sensorielle radicalement pénétrante. James Murray ne compose pas : il insuffle des torrents émotionnels troubles et instinctifs, bien pensés et immédiats. La tristesse inhérente à « Hollows » nous étreint et donne le frisson. Les tonalités expérimentales de la piste éponyme angoissent et nous enserrent, frémissant sous nos peaux comme le plus incisif des virus, avant que le minimaliste et transcendant « Settle » n’achève de provoquer en nous des tremblements de plaisir qui sont autant de pulsions contenues et tout simplement humaines. « Then Dissolve », pièce pratiquement orchestrale basée sur deux accords, termine dans une pureté et un spleen éthéré ce disque dont la sobriété s’envole de façon sublime vers le ressenti le plus immatériel ; une bénédiction, entre souffrance et relâchement.

« The Sea in the Sky » est un LP cathartique, remarquable de maîtrise et empli d’une force évocatrice rarement égalée. Il n’y a pas, ici, d’imitation sans saveur d’autres compositeurs : James Murray est le maître de son propre univers mélodique. Un magicien des sons qui manipule les neurones et les excite dans la plénitude. On marche le long de côtes blanches et lisses, alors que le soleil se couche à l’horizon et que les fantômes passés, présents et futurs entament leur danse, hantant nos songes et nous emmenant avec eux dans un sabbat sensoriel et ésotérique que l’on ne veut plus jamais quitter. Les murmures de ces quatre titres nous parviennent, entre souffrance et libération. Il faut se préparer à découvrir ce disque. Beaucoup seront surpris. Mais il demeure bouleversant et saisissant, écoute après écoute. Ne reste plus qu’à invoquer les esprits et les laisser nous transporter vers un ailleurs où l’imagination et la fiction deviennent notre quotidien, nous changeant à jamais.

James Murray

Un album entre ciel et terre, somptueux et intimiste. James Murray nous berce de ces douces mélopées, pour ne plus nous laisser quitter de telles plaines sauvages et brillantes. Puissant et superbe.

« The Sea in the Sky » de James Murray est disponible depuis le 25 septembre 2015 chez VoxxoV Records.


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Raphaël Duprez

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