[Interview] Jain

Initialement prévue dans le club, Jain a finalement fait le show, jeudi 22 octobre, dans la grande salle du Chabada et devant 750 personnes. Elle était venue défendre son premier album, « Zanaka ». Durant une heure, seule en scène, Jain a fait sa petite « cuisine » devant nous, enregistrant ses loops sous nos yeux (et nos oreilles). C’est un set court, énergique et aux allures de carnets de voyages qu’elle a déballé. Jamais planquée derrière ses machines, Jain ne lâche pas le public et parcourt la scène de long en large, dans un style parfois presque hip-hop. Un sacré shoot d’ondes positives. Avant de la voir débouler sur scène, nous avons un peu échangé.

Jain

  • Bonjour Jain. Pour commencer, pourrais-tu nous dire d’où tu viens, quel a été ton parcours ?

Je suis née dans le sud-ouest de la France, à Toulouse. J’ai commencé la musique en faisant de la batterie, à Pau ; puis, à 9 ans, avec ma famille, nous sommes partis à Dubaï pour trois ans. Là-bas, j’ai fait deux ans de percussions arabes, de la derbouka. Ensuite, nous sommes allés vivre quatre ans à Pointe-Noir, au Congo. C’est là que j’ai vraiment commencé la musique – enfin, à faire mes premières compositions. Puis je suis allée à Abu Dhabi pour passer mon bac et je suis retournée à Paris pour faire une prépa en art.

  • Tes titres sont très basés sur les percussions. C’est une chose à laquelle tu penses en premier lorsque tu composes ?

Je n’y pense pas en premier car c’est dur de faire une mélodie à partir de percussions, mais c’est vrai que c’est un peu au centre de ma musique. C’est la première chose qui me parle lorsque j’écoute de la musique. Et puis, c’est aussi par là que j’ai commencé la musique, donc c’est un peu mon instrument de base.

  • De tous tes voyages, quel pays t’a le plus influencée ?

Pointe-Noir au Congo. Mais déjà petite, j’avais cette influence africaine : ma mère est métisse malgache, du coup elle écoutait beaucoup de musique africaine à la maison. Donc, petite, j’ai écouté Youssou N’Dour, Salif Keita ou Oumou Sangaré… Finalement, en allant au Congo, c’était comme une confirmation que j’aimais vraiment cette musique. À Pointe-Noir, il y avait vraiment un sentiment de liberté et de joie en faisant de la musique. La musique, c’était pour la fête, c’était un vrai moment de partage. C’est un regard que j’ai gardé pour mon album, « Zanaka » (qui signifie « enfant » en malgache).

  • Ton titre « Makeba » fait référence à Miriam Makeba. Pourquoi as-tu voulu lui rendre hommage ?

Je l’ai écoutée toute petite et j’adore ce qu’elle fait. J’aime beaucoup regarder ses lives : elle dégage une énergie incroyable sur scène. Elle a une onde autour d’elle qui est à la fois sympathique et joyeuse, mais également très audacieuse. C’est l’image d’une femme forte que j’aime beaucoup. Je voulais lui rendre hommage mais aussi, je me suis dit : s’il y a des jeunes qui ne connaissent pas Miriam Makeba, c’était peut-être l’occasion.

  • À quoi va ressembler ce premier album, « Zanaka » (à paraître le 6 novembre) ?

Il est assez éclectique, comme j’écoute beaucoup de styles de musique différents. J’essaie de me balader, car je trouve intéressant de proposer plusieurs styles. Et puis, je voulais que cela reste assez festif, joyeux et dansant.

Jain - Zanaka

  • As-tu composé des titres spécialement pour ce premier album ?

J’ai commencé il y a pas mal de temps. Par exemple, « Come », je l’ai écrit il y a sept ans, lorsque j’étais au Congo. Je ne me suis pas dit : « Allez, je vais faire un album ». J’avais déjà composé des chansons et l’on m’a donné l’opportunité de faire un album. Finalement, j’ai regroupé mes chansons.

  • L’ambiance visuelle du clip qui accompagne « Come » est superbe. Lorsque l’on regarde aussi la pochette d’album ou tes instruments (que Jain recouvre de petits dessins, NLDR), on sent que tu attaches une attention particulière au visuel. La musique ne peut pas aller sans ?

Depuis toute petite je voulais faire du graphisme, c’est donc quelque chose qui m’a toujours intéressée, avant même la musique. Je préfère le graphisme à la musique, mais ça a autant d’importance pour moi – surtout aujourd’hui, où l’on est de plus en plus éduqué à l’esthétique. Je trouve ça super important. Et puis, lorsque l’on voit les artistes qui se démarquent, plus que de faire de la bonne musique, il faut avoir une vraie proposition artistique. Cela passe par l’image, la mise en scène, etc.

crédit : Pauline Celle
crédit : Pauline Celle
  • Visuellement, y a-t-il des artistes que tu apprécies tout particulièrement ?

Il y en a plein ! Par exemple, pour le clip, on a travaillé avec Greg & Lio et on a pris en référence Magritte. Mais sinon, lorsque je dessine sur ma guitare, ma référence c’est Basquiat, qui fait des trucs assez linéaires, droits et bruts.

  • Tu es seule en scène. Est-ce que sur certaines dates, tu seras rejointe par des musiciens ?

Pour cette tournée là, non. J’attends de venir à bout de ce concept pour évoluer. C’est aussi pour ça que j’ai un set très court, d’environ 50 minutes – une heure. Le but était de ne pas lasser les gens en étant toute seule sur scène. Mais pour l’été prochain, j’aimerais bien avoir des musiciens.

crédit : Pauline Celle
crédit : Pauline Celle
  • Il y a déjà une prochaine tournée de prévue ?

En fait, cette tournée est à cheval entre l’avant et la sortie de mon premier album ; c’est un peu une tournée « club » – d’ailleurs, ce soir, j’étais censée jouer dans le club mais il y eu pas mal de préventes ; donc, finalement, ce sera dans la grande salle !

  • Quels sont tes projets pour les prochains mois – voire années ? Un deuxième album ?

J’avoue, il y a des morceaux que j’ai fait il y a sept ans et j’en ai écrit d’autres entre-temps. Je pense que le deuxième album va être assez rapide !

  • Écris-tu également des textes en français ?

Oui, j’ai quelques chansons qui ne figurent pas sur le premier album car je trouvais que ce n’était pas le concept de l’album. « Zanaka », c’est un peu l’album de mes voyages et de mes rencontres lors de ces voyages – donc, pour moi, il devait être en anglais. Mais pourquoi pas pour le prochain ?


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Pauline Celle

Flâneuse digitale shootée à la musique.