[LP] Isaac Delusion – Isaac Delusion

Aux débuts d’indiemusic, je faisais la connaissance de Loïc Fleury, chanteur du projet folk Lucky Lindy, inspiré par les aventures des premiers aviateurs. L’univers était superbement aérien et impérial et on se disait que ces quatre musiciens parisiens avaient tout pour rejoindre très vite les plus brillantes constellations pop. Malheureusement, Lucky Lindy n’a pas connu la trajectoire espérée, mais c’est dans cet autre projet, tout aussi ambitieux que j’ai pu retrouver quelques années plus tard Loïc, en leader chanteur et guitariste d’un autre quatuor, celui d’Isaac Delusion accompagné par Jules aux machines, Bastien au clavier, à la guitare, aux percussions et à la batterie, et Nico à la basse.
Le mois dernier, après plusieurs EPs savoureux (Midnight Sun, Early Morning), Isaac Delusion franchissait enfin une étape importante de sa jeune mais déjà épatante carrière en dévoilant son premier album.

Isaac Delusion - Isaac Delusion

Difficile de parler d’Isaac Delusion sans évoquer les rêves, les voyages (eux qui partaient l’an dernier en tournée en Inde) et l’évasion.
Isaac Delusion est un peu ce puzzle reconstitué d’ambiances pop et électroniques spatiales, amoureuses d’espaces et d’infinis.
On aime cette sensation de liberté, d’horizon inatteignable, de course poussé par le vent, et peut-être encore plus cette vive impression de repartir de zéro à l’écoute de l’album, pour mieux se laisser (em)porter par la sublime voix de Loïc et l’instrumentation poétique et raffinée qui l’accompagne.
Et évidemment, l’audace de démarrer l’album sur un titre de six minutes parle pour lui, de l’expérience et de la capacité que possède le quatuor parisien pour nous hypnotiser et nous faire oublier les minutes.

Ainsi, l’album démarre sur « The Child You Were », impeccable introduction où les pièces du jeu se mettent en place. Le roi Loïc place les premiers pions sur l’échiquier d’une pop en quête d’aventure et pourquoi pas d’exotisme. Les premières notes sont suivies des premières rythmiques des machines, emportées par un chant doux et fin, enveloppant et chaleureux. Jamais loin du dépouillement instrumental, des ambiances venues d’ici et d’ailleurs prennent leurs quartiers alors que la porte de nos rêves commence peu à peu à s’entrouvrir.

Isaac Delusion évolue avec l’agilité d’un équilibriste sur une corde, pèse chaque note, chaque mesure et chaque mot pour construire sa méticuleuse musique.
La pop envoutante de « Midnight Sun », celle étendue et détendue de « She Pretends », l’electronica aérienne de « Children of the Night », l’électro torride de « A Little Bit Too High », le folk délicat d’ « If I Fall » et la dream pop voluptée de « Early Morning » sont autant de destinations de choix qui ne se refusent pas.

Évidemment, on ne pourra pas passer à côté de l’excellent « Pandora Box » dont le clip interactif, et sur mesure, accompagne les cadences dansantes et dépaysantes du morceau où les rythmes chauds de la samba rejoignent ceux plus mesurés de l’electronica.

Malgré quelques rares titres qui trouvent plus difficilement leur place sur la durée (The Devil’s Hand, Sleepwalking), et qui gagnent certainement à vivre leur intensité sur scène, Isaac Delusion signe un formidable album, reflet d’un univers sans frontière et d’un projet plus qu’accompli. En attendant de les voir s’exprimer en live, on grimpera sur les « Dragons » pour prendre la hauteur, nécessaire pour apprécier au mieux notre parcours guidé par ce quatuor indie pop à l’horizon radieux.

crédit : Jean-Baptiste Millot
crédit : Jean-Baptiste Millot

« Isaac Delusion » d’Isaac Delusion, est disponible depuis le 2 juin 2014 chez Cracki Records et Parlophone.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques