L’interview fraîcheur de Baï-Kal

Fréd vous avait déjà parlé du premier EP des cinq Parisiens. Ils sont venus à ma rencontre pour une interview passionnante et étonnante où l’histoire du groupe côtoie leurs anecdotes les plus singulières.
Les Baï-Kal se livrent à indiemusic, profitez-en !

  • Baï-Kal, une signification particulière ?

Bertrand : C’est le nom d’un lac sibérien, ça s’orthographie Baïkal normalement, mais nous l’avons écrit en deux mots parce que des groupes apparaissaient déjà avec ce nom sur myspace. Ça évoque pour nous le froid et la mélancolie que nous essayons de mettre dans nos chansons.

Téva : On est un peu tous passionnés par les sons « froids », et ça collait… La sonorité du nom nous plaisait aussi. Et puis Wikipédia nous a dit que c’était le lac le plus profond du monde, alors…

  • Comment avez-vous eu l’envie de monter ce groupe ? Qui est à l’origine de cette décision ?

Bertrand : C’est Ivan et Julien, deux frères, qui sont à l’origine du groupe. Ils jouaient tous les deux de la guitare depuis 15 ans mais n’avaient jamais joué au sein du même groupe. C’est cette envie de deux frangins voulant jouer ensemble qui est à l’origine de Baï-Kal.

  • Que pouvez-vous dire sur la musique que vous faites ?

Julien : En fait, Baï-Kal est un cocktail musical de nos influences respectives ; nous avons tous eu un parcours assez différent en terme de style de musique avant la formation du groupe. Téva vient plus du monde du songwritting folk, Ivan a fait partie d’un groupe de rock indé, Rodolphe d’un groupe de power-pop, et j’ai joué dans des groupes de ska punk et de punk hardcore…

  • Comme quoi, toutes les routes mènent à Baï-Kal !

Téva : Je pense que notre musique est d’abord instinctive et relativement simple.
On essaie de soigner les détails dans l’ambiance, les arrangements, la structure, etc. On y met un peu de mélancolie, parfois un peu de rage, du sombre, du solaire, quelquefois de la rêverie aussi…
C’est pas évident de décrire exactement, on est capable de passer d’un morceau très rock brut à un autre aux influences post-rock par exemple. Faut écouter l’EP pour vous faire une idée, ce sera certainement plus simple et plus parlant que mes explications !

  • Comment se passent les compositions au sein du groupe ? Qui fait quoi ?

Ivan : Nous n’avons pas de méthodes spécifiques qui marchent à tous les coups. Ça peut être un riff de gratte, une mélodie de piano, une ligne de basse ou un chant qui donne naissance à une compo. L’idée est toujours d’avoir une idée forte dans le morceau.
On essaye de nouveaux trucs à chaque fois, et la priorité est de garder le côté instinctif du morceau tel qu’il a été créé lors des premières répètes.
Ça se peaufine au fil de l’eau en échangeant ensemble, Téva écrit les paroles et là ça prend vraiment forme. Moi j’aime favoriser l’échange d’idées, je suis quelqu’un qui parle beaucoup en répète et qui propose beaucoup de choses.
Après on teste et si la majorité adhère, on part dans cette direction. Je trouve ce dernier point intéressant, travailler nos morceaux en « brainstorming » permet à chacun de s’exprimer et de proposer !

Rodolphe : Oui c’est vraiment cool quand chacun arrive à apporter sa petite touche au morceau. C’est un super feeling quand on y parvient. Et puis, ça permet d’éviter de se satisfaire de choses un peu trop faciles parfois… Même si on ne prétend pas révolutionner quoi que ce soit. Le fait que tout le monde a son mot à dire pourrait être un vrai bordel, mais chez nous c’est plutôt l’inverse… On n’a pas de problème d’égos à gérer !

  • Que racontez-vous la plupart du temps dans vos chansons ? Les textes sont-ils inspirés de votre vie personnelle ?

Téva : Assez souvent, il y a un thème qui revient… Celui de la recherche d’identité. La crainte de s’égarer, de se perdre, de laisser filer des rêves et  donc de devenir quelqu’un d’un peu différent.
Mais je n’aime pas que les choses soient dites clairement ou soient catégoriques. Je préfère suggérer par des images. Par exemple dans « Happy Hours » pour moi c’est un soldat au front qui écrit une lettre, mais j’aime bien l’idée que chacun puisse faire sa propre interprétation sur l’histoire qui est racontée.
Dans Schizophrenic, c’est quelqu’un qui parle à son mauvais double en lui promettant qu’il va le ou la quitter.
Dublin, c’est l’histoire de deux frères qui se font la promesse de ne pas abandonner leurs rêves même une fois loin l’un de l’autre… Ce n’est pas fatalement triste non plus !
On fait aussi des chansons qui parlent d’amour comme tout groupe de rock !
On fait même des chansons qui ne parlent pas du tout (Back To Neverland part 1) et là c’est encore plus simple pour moi.  On ne raconte pas nos vies dans les chansons, mais elles sont forcément traversées par des sentiments, des états d’esprit personnels.
En fait, bien souvent, j’imagine des personnages avec un trait de caractère, une problématique ou autre et je me lance dans son univers, son histoire… en essayant de rester poétique. Je dis bien en essayant !

  • Jouez-vous les morceaux de la même façon en studio que sur scène ?

Bertrand : Même si la structure des morceaux ne change pas fondamentalement en concert, on essaie toujours de bosser des transitions, des intros ou outros pour donner une cohérence à notre set et créer une ambiance dans laquelle s’installent les chansons jouées. Nous voulons transmettre des émotions différentes selon les morceaux pour que le public ressente les mêmes choses que nous qui les jouons.
Quand après un concert des gens nous disent que notre set est bien construit et qu’ils ont senti une évolution au fil des chansons jouées, des passages mélancoliques, des percées d’énergie, des ambiances planantes, nous avons le sentiment d’avoir réussi notre coup.

  • En parlant de scènes, quel a été votre premier concert ? Quels souvenirs en gardez-vous ?

Bertrand : Notre premier concert a eu lieu lors de la fête de la musique 2008. Nous avons, ce jour-là, enchaîné deux concerts : un dans l’après-midi à Vaires-sur-Marne et un autre le soir dans un bar parisien du 19e…
Sur le moment j’avais l’impression de faire une mini tournée comme un groupe pro ! Nous n’avions pas encore de nom avant ces concerts et nous avions choisi « Good Cop Bad Cop » car nous avons une affiche de l’album de Radiohead « Hail to the Thief » dans notre local de répétition…

  • Avez-vous une anecdote à partager avec nous ?

Bertrand : Julien a commencé un de nos plus gros concerts au Bus Palladium avec son ampli basse en stand-by. Ivan a terminé un concert à la Boule Noire en filant des coups de lattes dans son pedal board pour remédier à un faux contact, technique plus ou moins efficace, et on a même eu le droit à une coupure de courant en plein milieu d’une chanson ; ce qui est un petit moment de gloire inattendu pour le batteur que je suis.

Julien : Je confirme pour l’anecdote du Bus Palladium, mais au final personne ne s’en est vraiment rendu compte dans le public, et cela a duré peut-être 30 secondes à tout casser !
Par contre moi, j’ai une anecdote plutôt drôle ; sur un spectateur au premier rang qui a dû me scotcher pendant presque trois chansons, il faisait un peu psychopathe. Il était à un mètre de moi. A un moment, il a même sorti son téléphone, et a pris une vidéo et je ne sais pas où est partie cette vidéo depuis… C’était flippant.

Rodolphe : Il était tout perturbé notre Juju !

Téva : À la fin d’un concert à la Cave Dîmière d’Argenteuil, un mec bien alcoolisé look « hardrockeur » nous retrouve dehors pendant qu’on fumait une clope et commence à se lâcher sur notre prestation en nous disant les quatre vérités sur le groupe en tant qu’ancien semi-pro de la musique.
Le mec met directement les pieds dans le plat en nous expliquant que notre musique manque d’énergie, qu’il a tout de suite vu qu’on s’entendait pas dans le groupe…
Nous avons vécu un grand moment avec entre autre une réplique géniale : « Hé les mecs, votre chanteur à un moment du set il dit : «Maintenant on va faire du rock… » Le mec continu : « Vous avez entendu du rock, vous ? Et le guitariste… Pas un solo le mec !» ça a duré comme ça 45 bonnes minutes parce que Rod aimait bien le faire parler. À chaque fois une nouvelle pépite sortait de sa bouche… on aimerait bien le recroiser, car ce genre d’échanges nous permet d’être en perpétuelle amélioration. On pense à lui assez souvent !

Ivan : Ben ouais, depuis je veux faire des solos, mais c’est les autres qui ne veulent pas !

  • Dans le groupe qui est le plus :

En retard ?

Bertrand : Aux répètes, c’est Rodolphe, aux concerts, c’est Julien.

Téva : Pour Juju, c’est un problème de places de parking. Il continue toujours tout droit jusqu’à ce qu’il tombe sur une place. La légende dit qu’un jour où nous jouions à l’Ogresse dans le 20e, Juju n’aurait réussi à se garer qu’à Créteil. Forcément, il était un peu ricrac pour les balances…

Bavard ?

Julien : Ivan et Rodolphe.

Drôle ?

Bertrand : Là, ça se tient dans un mouchoir de poche entre les cinq membres, on rigole beaucoup entre nous.

Téva : Tout dépend de ce qu’on considère drôle… Parfois j’ai peur.

Flemmard ?

Bertrand : Ça, c’est une question à embrouille… Pour répondre à l’envers je dirais que même si tout le monde est actif pour le groupe, en dehors des répètes, Ivan et Téva sont ceux qui se chargent le plus de la com’ et des contacts. De plus, Téva réalise nos vidéos dont notre clip Happy Hours que nous vous encourageons à aller découvrir sur notre site ou sur notre page facebook !

Bruyant ?

Bertrand : Sans instrument ; Rodolphe. Avec un instrument ; Ivan (guitare) ou moi à la batterie.

Julien : Cela dépend de quels bruits on parle, je ne tiens pas à entrer dans ce débat…
Sinon Rodolphe et Berty ont aussi la faculté de partir dans des improvisations totalement incohérentes, à base de boite à rythmes cheap avec un beat genre zouk, et des aboiements de chiens au synthé comme mélodie. Bravo les mecs, ne changez rien, vous êtes les meilleurs.

  • Quelles sont vos actualités pour 2012 ?

Rodolphe : Nous avons sorti notre premier EP Happy Hours au début de l’année. Nous vendons cet EP à nos concerts, mais il est également téléchargeable sur toutes les principales plateformes. Nous avons également deux dates prévues, le 8 mai au Pop-in, et on devait jouer le 12 avril à La Java avec Neils Children, mais la date vient d’être reportée apparemment en mai aussi. Et on espère que d’autres dates tombent assez rapidement. Nous travaillons aussi sur pas mal de nouveaux morceaux dans l’objectif de sortir notre premier album. Ce ne sera sans doute pas pour 2012 mais en revanche nous avons en tête pour cette année la sortie d’un 2 titres autoproduit.

baikal-music.com

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Sabrine Khinibilla

Chroniqueuse passionnée et découvreuse de nouveaux talents.