[Clip] [Exclusivité] iAROSS – Là où tout brûle

Il y a quelque chose d’admirable dans la manière dont le groupe français iAROSS construit, album après album, une œuvre singulière et libre, parfaite alliance organique entre les mots et la musique. À quelques semaines de présenter un magistral 5e album, le bien nommé « Ce que nous sommes », le quartet emmené par le captivant Nicolas Iarossi dévoile en avant-première pour indiemusic la créativité et l’intelligence du clip du morceau « Là où tout brûle ».

iAROSS - Là où tout brûle

Depuis quelques années, le clip, en tant qu’objet de promotion, est devenu la pièce maîtresse de la communication qui entoure la sortie d’un album. Ainsi, il est parfois le lieu d’une certaine standardisation marketing, habile teaser d’une stratégie délaissant souvent le fond pour surexposer la forme. Mais pour un groupe comme iAROSS qui projette dans l’acte créatif une grande profondeur de sens, il peut être aussi une manière de prolonger le souffle de la musique, d’intensifier les nuances du texte et tout simplement d’ouvrir d’autres portes pour l’imaginaire et la réflexion. C’est indéniablement le cas avec le clip de « Là où tout brûle ». Il faut d’ailleurs souligner avant toute chose la force intrinsèque du message porté par ce morceau, qui voit une nouvelle fois (après le fascinant « On va brûler » sur le fabuleux et 3e long format « Le Cri des Fourmis » en 2017) la voix et la personnalité du leader du groupe réunionnais Grèn Sémé, Carlo De Sacco, se mêler à l’univers poétique, théâtral et sensible de iAROSS. Loin d’un discours moralisateur, le texte se positionne avant tout comme un activateur de conscience, en nous plaçant avec finesse et poésie face aux dérives de la modernité numérique de nos vies occidentales.

« J’ai posé mes yeux là où tout brûle
Dans le silence de l’écran télé
Petits oiseaux blessés petits oiseaux
J’ai posé mes yeux là où tout brûle »

Nous regardons de plus en plus le monde à travers le prisme de nos écrans, qui falsifie notre rapport au réel, et petit à petit nous déshumanise et assèche notre cœur. Il fallait donc une vraie idée créative pour impulser la mécanique de l’image du clip. Ainsi le groupe s’est tourné vers l’artiste photographe, vidéaste et plasticien Cahuate Milk. C’est à travers le procédé du cinématographe que la dynamique du clip s’est révélée. Et si ce mode est justement une pure émanation de l’environnement numérique des réseaux sociaux et de l’omniprésence des GIFs, il est ici détourné pour attiser la curiosité de l’œil et du cerveau. En effet, ce clip donne l’impression qu’il ne se passe rien ou si peu, mais c’est ce peu qui interroge, surprend et déroute. Il nous offre, à condition d’accepter un certain lâcher prise, de rentrer dans une capsule temporelle pour sentir la moindre vibration instrumentale (en particulier celles de la trompette de Guillaume Gardey de Soos), pour se laisser envoûter par cette danse entrelacée et tendre entre la langue créole et le français, pour se regarder dans ce miroir décalé et inventif, révélateur de nos faiblesses, de nos renoncements, de nos dénis.  Face à la violence et à la dureté de l’actualité récente, iAROSS nous offre ainsi avec son clip un magnifique cadeau plein d’humanité et de sagesse et se projette avec intelligence vers la sortie désormais très attendue de son 5e album.

Iaross par Delphine Chomel

« Ce que nous sommes » de iAROSS, sortie le 21 février 2025 chez Le Cri du Charbon via Inouïe Distribution.


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Laurent Thore

Laurent Thore

La musique comme le moteur de son imaginaire, qu'elle soit maladroite ou parfaite mais surtout libre et indépendante.