[Interview] Hydrogen Sea

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En un EP et un album, le duo belge Hydrogen Sea est parvenu à s’imposer parmi les projets les plus ambitieux et attachants de ces dernières années. En effet, leur mélange d’atmosphères iridescentes et de voix angéliques, loin de s’arrêter à une simpliste interprétation musicale aérienne, plonge plus loin dans des expériences quasiment surnaturelles ou, du moins, intemporelles. Nous avons voulu en apprendre davantage sur les motivations et inspirations de PJ et Birsen, à quelques jours de leur passage au Crossroads Festival. Un entretien allant droit à l’essentiel, tout en laissant planer une part de surprise et d’intrigue…

  • Bonjour et merci de bien vouloir répondre à nos questions ! Tout d’abord, comment vous êtes-vous rencontrés, et quand avez-vous commencé à créer vos propres compositions sous le nom d’Hydrogen Sea ?

Birsen : PJ et moi nous sommes rencontrés quand nous avions 15 ans (et c’était il y a 15 ans). Ça fait maintenant cinq ou six ans que nous créons et composons ensemble.

  • Quels sont vos rôles spécifiques lorsque vous commencez à enregistrer un nouveau disque ? Est-ce que chacun de vous a une fonction particulière dans le processus de composition, ou est-ce toujours un travail commun ?

J’écris les paroles et les parties vocales, pendant que PJ s’occupe de la composition des chansons.

  • Votre premier EP, « Court the Dark », est sorti en 2014 et permettait déjà de distinguer votre propre langage musical : à savoir, des chansons atmosphériques et admirablement bien composées et matures, sur lesquelles plane en permanence une sensation très mélancolique. Dans quelles conditions avez-vous donné vie à ce premier EP ?

Nous avons écrit les chansons pendant de longues nuits blanches, dans notre living room. « Court the Dark » est une ode à la liberté de la nuit. Après ça, nous avons enregistré et produit les chansons dans le studio de Joris Caluwaerts. Et, pour finir, toute la production additionnelle a été réalisée par Koen Gisen.

  • « End Up » est une chanson vraiment étonnante, car elle sonne comme un dialogue entre le piano et la voix, cette « conversation » étant mise en avant grâce à des arrangements et effets très discrets. Elle se distingue de l’ensemble de votre discographie, mais en même temps, elle s’y intègre parfaitement. Comment avez-vous donné vie à ce magnifique titre ?

J’ai écrit la structure de base de « End Up » en à peu près une heure (lors d’une de ces fameuses nuits sans sommeil). Lorsque nous sommes entrés en studio avec Joris Caluwaerts, nous avons décidé qu’elle devait rester simple et atmosphérique, avec un piano, des cloches et quelques chœurs, rien de plus.

  • Votre premier album, « In Dreams », est sorti en septembre 2016. Et il montre que vous avez franchi un cap supplémentaire par rapport à « Court the Dark », car vous amenez les éléments fondateurs de votre musique vers d’autres horizons, comme des influences tribales ou chamaniques. Selon moi, le disque serait la bande-son idéale d’une danse nocturne, au milieu du désert, ou une invocation de déités ancestrales. Dans quelles conditions avez-vous commencé sa composition, et quelles étaient vos ambitions lorsque celui-ci a commencé à prendre forme ?

Nous avons commencé à travailler sur « In Dreams » dans à peu près le même état d’esprit que pour « Court the Dark ». Nous avons écrit les chansons pendant la nuit, ce qui a donné ce sentiment organique omniprésent de rêves nocturnes, de peurs et d’émotions diverses. Puis, nous sommes à nouveau allés produire les titres dans le studio de Joris Caluwaerts. Après, nous sommes partis pour Glasgow afin de mixer l’album avec Tony Doogan, qui a parfaitement cerné les histoires que nous souhaitions raconter à travers ce premier album.

  • Une chanson comme « Another Skin » illustre parfaitement ce changement de direction vers lequel vous semblez tendre, tout en conservant votre propre identité ; selon vous, « In Dreams » pourrait-il être considéré comme une seconde peau, ou une nouvelle direction, une transformation de votre périple musical ?

Nous aimons toujours que les auditeurs trouvent, dans notre musique, la signification et les émotions qui sont les leurs, leur vision personnelle de ce qu’ils entendent. Pour nous, « Another Skin » est un conte sur la mue d’une personne, celle qui lui est essentielle pour renaître de ses cendres, pour s’élever comme un être nouveau, comme le Phoenix. Nous considérons cette chanson comme la métaphore d’une étape de l’existence, dans un sens plus général.

  • Vous explorez également différents genres musicaux sur ce premier album, comme la musique pop. Est-ce une manière pour vous d’expérimenter un nouveau terrain de jeu sur lequel développer vos chansons, votre vision personnelle de l’écriture et de la composition ? Lorsque vous avez commencé à travailler sur « In Dreams », aviez-vous à l’esprit des styles que vous souhaitiez explorer, ou tout cela s’est-il imposé de manière spontanée ?

Nous avons beaucoup été influencés par des groupes comme Portishead ou Massive Attack dans le passé, mais nous essayons continuellement de trouver notre propre son, notre identité.

  • « Free Falling » est un mélange parfait de différentes émotions, entre mystère et trouble. La chanson ressemble tout d’abord à une chute dans le vide puis, tout à coup, elle reprend son envol, et représente ainsi, si l’on développe cette idée, votre possible vision de vos futures œuvres ; de même, dans un certain sens, « Voyager » pourrait être définie de façon similaire. Comment ces deux chansons ont-elles trouvé leur place indispensable au sein de « In Dreams » ?

J’ai commencé à écrire plusieurs chansons au piano (comme « End Up »), et il était tout simplement naturel que « Voyager » et « Free Falling » apparaissent sur le disque.

  • De même, les voix ont l’air d’être mises beaucoup plus en avant sur « In Dreams », comme le prouve le magnifique morceau final, « Gentle Doubler », ce dialogue admirable entre un saxophone et le chant. Était-ce intentionnel, ou plutôt une manière de prouver que, maintenant, vous étiez capables de laisser s’exprimer les mélodies vocales de manière plus affirmée, devant la musique elle-même, afin qu’elles trouvent la place qu’elles méritaient ?

En fait, il s’agit d’une clarinette basse ! (rires) Quand j’écoute de la musique, j’estime qu’il est important d’entendre et de comprendre les paroles et le chant, donc oui, c’était très certainement intentionnel.

  • Dans vos compositions, les arrangements électroniques apparaissent toujours comme un support aux éléments humains, sans jamais les étouffer ; « Walk Away Now » est le parfait exemple de cette intention que vous conservez précieusement, selon moi. Quelle est votre vision des techniques informatiques et de l’utilisation de sonorités produites par ordinateur, de même que leur présence grandissante dans bon nombre de productions actuelles, ou dans les vôtres plus particulièrement ?

C’est un sujet de discussion très intéressant, pour nous. L’automne prochain, nous allons commencer un nouveau projet, « Automata », au sein duquel nous voulons justement explorer le lien entre la musique électronique et les éléments humains dans notre musique.

Nous avons commencé en duo, avec un ordinateur, sur scène. Puis, nous avons été rejoints par un batteur, car nous voulions que nos compositions sonnent de façon plus organique. Pour « Automata », nous allons également pouvoir recevoir l’appui d’un claviériste et d’un violoniste, mais sans pour autant ne plus utiliser notre ordinateur. Nous pensons qu’il sera réellement intéressant d’explorer la symbiose entre l’humain et l’artificiel sur scène.

  • Vous allez jouer sur la scène du Crossroads Festival le 15 septembre prochain. Comment envisagez-vous ce moment particulier, et que devons-nous attendre de votre concert, afin de plonger encore plus profondément dans les ambiances si particulières, rêveuses et paisibles de votre musique ?

Nous jouerons en trio, aussi bien des titres de « In Dreams » que de « Court the Dark ». Et nous sommes impatients d’y être !

  • Quels sont vos projets dans les mois à venir, après être parvenus à concevoir un opus aussi exceptionnel que « In Dreams » ?

Nous allons nous concentrer sur notre nouveau projet, Automata !


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ENGLISH

  • Hi and thanks for answering a few questions ! First of all, how did the two of you meet, and when did you start creating songs under the name Hydrogen Sea ?

PJ and I met when we were 15 (that was 15 years ago). We’ve been creating songs for 5 or 6 years now.

  • What are your specific roles when you start composing a new record ? Does anyone of you have a particular part in the process, or is it always a mutual work ?

I write the lyrics and vocals, while PJ makes the composition of the song.

  • Your first EP, ‘Court the Dark’, went out in 2014 and already revealed what one could consider as your specific musical style : atmospheric but well-composed and mature songs where a melancholic mood stands in the first place. How did you compose this first EP ?

We wrote the songs during sleepless nights in our living room. ‘Court the Dark’ is an ode to the freedom of the night. After that we produced the songs in the studio of Joris Caluwaerts. Additional production was done alongside Koen Gisen.

  • ‘End Up’ is a really amazing song, because it is mainly about a piano and vocals speaking to each other, and supported by very discrete elements. It sounds like a special track in your whole discography, and at the same time, it perfectly fits to it. How was this magnificent song brought to life ?

I wrote the basic structure of ‘End Up’ in an hour or so (on one of those slumberless nights). In the studio with Joris Caluwaerts we chose to keep it simple and atmospheric, with piano, bells and backing vocals.

  • Your first record, ‘In Dreams’, went out in September 2016. And it shows that you seem to have taken a huge step forwards from what you started created through ‘Court the Dark’, because you are going further more upwards on this album, developing influences like tribal or chamanic music. According to me, this record would be a perfect soundtrack for a nocturnal dance, right in the middle of the desert, or a call to long-forgotten deities. How did you start composing it, and what were your ambitions when it started to take shape ?

We started on ‘In Dreams’ in much the same way as ‘Court the Dark’. We wrote the songs during the night, which organically provided the tracks with nocturnal dreams, fears and emotions. Then, we produced the tracks in Joris Caluwaerts’ studio. After that we went to Glasgow, to mix the album with Tony Doogan, who easily understood the stories we’d like to tell with our debut album.

  • A song like ‘Another Skin’ perfectly stands for this change of direction you seem to be into ; according to you, is ‘In Dreams’ like a second skin, or a shapeshifting on your musical trip ?

We always like it when people search for their own meaning in our songs. For us, ’Another Skin’ is a tale about shedding one’s skin, to be able to rise again, reborn like a phoenix. We see it as a turn of direction, in life, in a more general way.

  • You also explore genres like pop music on this new record, in order to find a kind of new playground to improve your own, personal sense of writing and composing ? Did you have particular musical styles in mind that you wanted to explore on this album, or did everything happen spontaneously ?

We have been influenced by bands like Portishead or Massive Attack in the past, but we try to find our own sound and identity.

  • ‘Free Falling’ is a perfect mix of emotions, mystery and trouble. It is like falling but, also, starting flying again, as well as a brand new opportunity for you to look at your future works ; and, in a way, so is ‘Voyager’. How did these two songs find their place in the perfect coherence of ‘In Dreams’ ?

I started writing songs on the piano (like the song ‘End Up’), so it was only natural that ‘Free Falling’ and ‘Voyager’ were included on our debut album.

  • It also seems that vocals are more obvious and present on this new record, as the wonderful final song ‘Gentle Doubler’, with its saxophone answering to the singing, tends to prove. Was it intentional, or a way to reveal that you were now able to let the voice stand in front of the music and find its true place ?

Actually, it’s a bass klarinet !

When listening to music I find it really important to hear and understand the vocals, so it surely was intentional.

  • In your songs, electro elements are always here to support human elements, and never overdub them ; ‘Walk Away Now’ is the perfect example of this subtle mix, according to me. How do you consider technical and computer-baser softwares, as well as their growing importance in creating music, or in yours particularly ?

That’s a discussion we find really interesting. This fall, we’re starting a new project called ‘Automata’, where we’re exploring computer vs. human elements in our music.

We started out as a duo, performing with a laptop on stage. Then, we included a drummer, because we wanted to make it feel more organic. Our ‘Automata’ project allows us to include a keyboard player and a violinist, but without eliminating the laptop. We think it will be exciting to explore the symbiosis between human and computer on stage.

  • You are about to perform a show at the Crossroads Festival on September 15. What are you expecting from this particular moment, and what should we expect from your set, in order to go deeper into the particular, dreamy and peaceful moods your music take us into ?

We will perform in trio, playing songs from both Court the Dark and In Dreams. We’re looking forward !

  • What are you planning to do in the next few months, after having released such a perfect record ?

Our Automata project !


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.