[Live] Hellfest 2014, jour 2

De retour de bon matin sur le site du Hellfest, il nous faut peu de temps pour constater que les amplis sont déjà chauffés à blanc. La prestation de Darkness Dynamite que nous entendons au loin semble destructrice et bien plus puissante que ce que nous connaissions jusqu’à présent du groupe. Tout au long de la journée, on entendra à plusieurs reprises ces rythmiques metalcore avec des guitares accordées en open tuning frôlant l’infra-basse. Bref, revenons à notre chronique…

Herder © Solène Patron

Est-ce dû à l’horaire inhabituel pour un concert de death metal ? En tout cas, la prestation de Temple of Baal ne nous laissera pas un souvenir impérissable.

La fureur qui surgit de scène convainc le public mais nous préférons nous rendre vers la Valley pour découvrir sur scène les énervés de Herder. On n‘a pas franchement l’habitude de se faire cueillir comme ça dès le matin !

Les Hollandais balancent un sludge des plus lourds, mais d’une terrible efficacité. Les riffs débordent à tout-va et on reste scotché par le regard complètement halluciné du hurleur en chef dont on a l’impression qu’il veut en découdre avec chacun d’entre nous. Le bassiste a également fière allure, sa bouteille de muscadet aux lèvres entre chaque morceau. Sa basse nettement moins, surtout après avoir été balancée contre les retours. Il semblerait qu’elle en ait connu d’autres, les morceaux de scotch retenant sa sangle comme autant de stigmates de prestations furieuses.

Il est temps de laisser place au metalcore, genre à l’honneur sur la Mainstage 2 durant cette deuxième journée qui s’annonce chaude, très chaude. C’est avec Of Mice & Men que débute la démonstration de force. Quels sont les ingrédients ? Une double grosse caisse bien en avant dans le mix, des rythmiques acérées et saccadées … bien en avant dans le mix, des hurlements qui rappellent les vocalises enragées de Chino Moreno et pour adoucir le tout (?!), un backing-vocal tout en mélodie. Et dans la fosse ? Des circle-pits ! L’alchimie fonctionne et les metalheads s’agitent comme de beaux diables, soulevant la poussière qui cachera d’ailleurs par moment totalement les scènes.

On remet ça avec Miss May I. La formule reste inchangée et l’on s’interroge quant à la survie dans le temps d’un genre certes efficace, mais tellement prévisible. We Came As Romans qui joueront quelques heures plus tard apportent une touche toute particulière avec une partie chantée bien plus présente sur fond d’électro digne d’une nuit du bac. Ça surprend et ça provoque même quelques grimaces dans le public qui, il est vrai, n’a pas été habitué depuis l’ouverture des hostilités à des mélodies pop. Pour le reste, double grosse caisse bien en avant dans le mix, rythmiques acérées et… Ok, je sais, vous avez pigé !

Retour à la Warzone pour bondir devant les vétérans des Burning Heads qui feront un show impeccable. Plus besoin de dire tout le bien qu’on pense de ces titres punk-rock menés à toute blinde. C’est tout simplement du plaisir. Plaisir partagé par les musiciens pas avares en sourires. Joyeuse cohue dans les rangs de la Warzone.

Nous assisterons à un record dans l’espace presse avec la conférence de presse la plus courte au monde : 5 minutes pour les gars d’Extreme, Nuno, le guitar-hero, semblant très pressé de retrouver les loges avant sa prestation. Prestation qui d’ailleurs sera remarquable pour plusieurs raisons. Des titres de plus de 20 ans joués magistralement, des soli parmi les meilleurs jamais entendus au Hellfest et un ego du sieur Nuno des plus impressionnants de la galaxie rock. Mais pourquoi a–t-il montré avec tant d’insistance ses majeurs à un spectateur du premier rang ?  Après enquête, il paraîtrait que le spectateur en question portait une pancarte « Smile when you masturbate » qui l’aurait diablement irrité. Vrai ou pas, il est sûr en tout cas que Monsieur n’est pas en reste pour montrer comme il maîtrise bien la pentatonique et autres gammes.

Extreme a servi la seule et unique douceur du week-end à l’aide de la seule guitare folk utilisée durant le festival : « More than Words » repris à l’unisson par plusieurs milliers de headbangers. Au final, une excellente prestation malgré de gros problèmes de sons.

Dagoba enchaîne aussitôt. Pour la douceur, on repassera. Le groupe est en grande forme et entraîne le public dès les premières secondes.

Preuve en est avec un des plus grands walls of death jamais vus.

Mais il est temps pour nous de laisser les Marseillais, car nous sommes très pressés de découvrir sur scène les Canadiens de Protest The Hero.

Et nous ne serons pas déçus. Protest The Hero rentre dans la catégorie des groupes inclassables jouant au chat et à la souris avec les étiquettes trop vite épinglées. Qu’entend-on chez ces types-là ? Du metal progressif, du metalcore, du mathcore, de la pop, … L’un des guitaristes enchaînera une heure durant des soli impeccables le plus souvent en tapping pendant que le chanteur grimpera haut et l’on pensera alors à Bruce Dickinson période « Powerslave ». D’un seul coup, la rythmique pèse une tonne et repart, la seconde d’après, en plein sprint. Ça joue vite, ça joue fort, ça joue bien. La prestation vaut également par le nombre impressionnant de crowd surfers atteignant les barrières de sécurité. Rody Walker est un vrai showman qui nous fait mourir de rire avec ses monologues absurdes notamment quand, à l’issue d’un morceau mené pied au plancher, il lance un tonitruant « Believe me, we’re much better on CD ! ».

Pressés aussi de découvrir Clutch sur scène. Nous sommes loin d’imaginer le choc à venir. Depuis sa première venue très remarquée au Hellfest en 2011 et l’annulation de celle prévue en 2013, le groupe est très attendu. La Valley est pleine à craquer et le miracle opère dès l’arrivée du groupe. Il est rare de ressentir une telle énergie sur scène et dans le public. Un cocktail blue-rock-stoner suintant par tous les pores envahit l’atmosphère. Nul besoin pour les musiciens d’en faire des tonnes. Chacun reste à sa place pendant que Neil Fallon occupe l’espace et envoûte chacun d’entre nous. Il se place au même niveau qu’un Jello Biafra voire d’un Screamin’ Jay Hawkins. Le public est bouillonnant et donne de la voix sur « Electric Worry ». Dix albums dans les bacs, des milliers de concerts et de kilomètres au compteur, il est temps de rendre justice à ce groupe incroyable. On ressort de la Valley sur un nuage, persuadés d’avoir vu l’un des meilleurs shows de notre vie.

Après ça, même le concert de Brutal Truth nous paraîtra fade…

La foule commence à se masser devant les Mainstage et il est de plus en plus difficile de se frayer un chemin. La prestation de Deep Purple sera de bonne facture et l’on se plaira à chanter avec Ian Gillan les tubes que sont « Strange Kind Of Woman » et « Black Night ». Évidemment, le riff de « Smoke on the Water » sera aussi repris par des milliers de fans.

On sera plus surpris encore par les gaillards d’Aerosmith qu’on n’attendait pas à un tel niveau, les frasques de Steven Tyler (certes habituelles depuis 40 ans !) laissant planer le doute sur la qualité du show. Le groupe s’avance tranquillement sur le devant de la scène et démarre très fort avec « Back in the Saddle » puis « Train Kept a Rollin’ ». La magie opère immédiatement. Joe Perry et Brad Whitford sont des duettistes incroyables. Tom Hamilton et Joey Kramer apportent un punch incroyable à cette setlist de rêve, comme un best-of d’une carrière à la fois chaotique et pleine de succès. Steven Tyler est en grande forme. Complètement allumé, on le verra même rejoindre les coulisses pour assurer les backing vocals de « Livin’ on the Edge » avec les gars d’Extreme.

De retour sous la Valley, nous retrouvons Philip Anselmo en pleine préparation mentale sur scène alors que ses Illegals s’affairent en réglages à quelques minutes de leur concert. Anselmo est désormais un habitué du Hellfest. Son passage avec Down en 2013 avait marqué les esprits. Pour l’heure, il est temps de découvrir en live les morceaux tirés de « Walk Through Exits Only ». Le concert démarre, Anselmo dirige ses compères au doigt et à l’œil et les titres sont comme autant d’uppercuts qui nous tombent dessus sans crier gare. Un show tout en tensions, à base de breaks complètement déstructurés. Très impressionnant. On regrettera après coup de les avoir abandonné en cours de route pour aller voir Millencollin qui assureront, eux, un show moyen. Le lendemain s’annonce bien plus prometteur en matière de punk. À suivre…


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Olivier Roussel

Olivier Roussel

Accro à toutes les musiques. Son credo : s’autoriser toutes les contradictions en la matière.