[Interview] Haring

Projet toujours en quête d’explorations sonores orientées autour d’une idée à la fois émotionnelle et intelligente de l’electronica, Haring est le sujet de prédilection d’un compositeur, Yann, artiste avide de découvertes et d’assimilations harmoniques telles qu’elles lui ouvrent les bras pour se laisser porter par ses idées et réalisations. Mais c’est également le terrain de jeu et d’enjeux du compositeur et de ceux qui l’accompagnent parfois sur scène, comme ce sera le cas lors du prochain Crossroads Festival. Rencontre avec un insatiable chercheur de sources mélodiques.

crédit : Maurine Toussaint
  • Bonjour Yann et merci de bien vouloir répondre à nos questions ! Tout d’abord, comment se sont passés ces derniers mois depuis la sortie de « In Spaces » ?

J’ai l’impression que « In Spaces » est loin maintenant ! Pourtant, c’était il y a un peu plus d’un an. Mais ça va, énormément de choses se sont passées cette année. J’ai entamé des collaborations et j’ai un nouveau projet avec les gars de La Fine Équipe et le producteur Fulgeance, ça s’appelle GANGUE !

  • Tu es un musicien et producteur très renommé et tu as travaillé sur de nombreux projets et remixes, notamment celui que tu as fait pour « Waves » de Glass Museum. Pourtant, au fil de tes EPs, collaborations et maintenant album, tu ne sembles jamais te répéter dans ce mélange d’électronica et de rythmes downtempo. Comment envisages-tu chacun de ces défis ?

Il est vrai que, quand je réécoute ce que je faisais il y a trois ou quatre ans, ma musique a beaucoup évolué ! J’ai la sensation qu’elle a gagné en maturité. Je suis très influencé par ce que j’écoute et cela se ressent dans mes compositions. Quand j’entame un remix ou un nouveau projet, je souhaite lui donner une couleur différente de ce que j’ai pu faire avant. Remixer est un vrai défi ! C’est une tâche très compliquée pour moi, j’ai vraiment besoin que le son que je remixe me parle à 100% pour pouvoir en faire une nouvelle version. C’est difficile de s’approprier la musique de quelqu’un d’autre. Il m’est arrivé d’abandonner un remix car l’idée ne me venait absolument pas !

  • Tu as également confié tes propres compositions à d’autres artistes afin qu’ils en offrent leur vision. Comment choisis-tu ces derniers ? Viennent-ils vers toi, ou communiques-tu avec eux pour leur demander de remixer tes titres ?

Généralement, c’est moi qui vais vers les remixeurs. Les gens qui m’ont remixé sont souvent des amis ou connaissances dans la musique. Le but est vraiment que ces producteurs apportent leur touche et leur univers à mes morceaux. C’est très jouissif d’entendre, pour la première fois, la version remixée d’un de tes morceaux. Tu découvres quelque chose de complétement nouveau, fait à partir de son que tu as composé.

  • L’atmosphère de tes disques oscille entre mouvements synthétiques aériens et pulsations ramenant l’esprit dans le corps pour le sentir se mouvoir. On ressent cette attirance du rêve vers la réalité et le plaisir de laisser nos membres évoluer selon nos émotions et nos pensées. Es-tu dans un état d’esprit particulier dès que tu commences un nouvel opus ?

Je pense que cette description me correspond bien. J’ai toujours été très influencé par la musique ambient, mais aussi par la house et l’electronica, et je tente de combiner le tout dans mes morceaux. Je ne démarre jamais un nouveau projet en me disant : « Allez, je commence mon nouvel EP/album maintenant ! » ; c’est plus déstructuré, comme démarche. Je compose au jour le jour et, au bout de quelques mois, j’assemble les morceaux qui me semblent les plus parlants et les plus cohérents ensemble. C’est comme ça que j’obtiens un nouvel opus.

  • Sur ton nouveau titre, « Golden Hours », tu explores des aspects plus ethniques, entre les impulsions rythmiques africaines et les sonorités indiennes, tout en conservant ton approche électronique dans la majorité des arrangements. Que cherchais-tu à expérimenter grâce à cette musique en particulier ?

« Golden Hours » a vu le jour au moment où j’ai entamé ma collaboration avec La Fine Équipe et Fulgeance pour notre projet GANGUE, fin 2017. J’ai beaucoup appris avec ces producteurs, notamment sur le sampling et le travail du son. Un jour, j’ai pris deux vinyles dans ma collection, un de percussions brésiliennes et l’autre d’instruments à cordes chinois, j’ai commencé à sampler ces éléments et je les ai habillés avec mes synthés et mes batteries. Je n’avais jamais travaillé ainsi auparavant et j’ai trouvé ce processus vraiment intéressant !

  • J’ai vu que tu évoluais, en concert, selon deux formats : seul ou en groupe. Quelles sont, pour toi, les différences que le fait d’être accompagné sur scène représente dans le partage avec le public, de même qu’avec tes musiciens ?

Je tourne même sous trois formats, car je fais aussi des DJ sets ! Mais oui, cette année, j’ai développé un live band avec deux musiciens, un à la batterie et l’autre au clavier. Là aussi, ça a été hyper enrichissant ! C’est complétement différent de mon set en solo. On a vraiment une dynamique de groupe, on répète régulièrement, on développe les morceaux différemment, on en a aussi composé quelques-uns. Quand on vient d’une démarche plus solitaire, avec son studio dans sa chambre et en allant seul sur les dates, cela fait du bien de pouvoir partager la scène en compagnie des gens qu’on apprécie et avec qui on crée une histoire au fil du temps.

  • Comment s’est déroulée ta prestation au célèbre Dour Festival ? Et qu’attends-tu de ton passage au non moins palpitant Into The Woods à Amsterdam ?

J’étais avec mon projet GANGUE à Dour. C’était une expérience incroyable. Là aussi, on a une démarche de groupe et on adore être ensemble sur scène. Pour nous ,ce projet est une expérience hors-norme, car on ne joue que pour quelques dates exclusives (Marsatac, Dour et Nordik Impakt) devant des milliers de personnes et aux meilleures heures… Dour était sans doute la date la plus impressionnante de ma carrière musicale jusqu’ici. On a joué devant 8000 personnes qui, visiblement, ont vraiment accroché à nos morceaux !

Concernant Into The Woods, j’y vais avec mon live solo ; et j’ai hâte, car je ne l’ai pas joué depuis quelques mois. Je suis content, car c’est toujours un plaisir de voyager pour la musique et d’aller découvrir un nouveau public qui ne te connaît pas forcément.

crédit : Maurine Toussaint
  • Entretemps, tu seras de passage à Roubaix, dans le cadre du Crossroads Festival, et en format groupe. Qu’attends-tu de ce concert, dans un lieu aussi intimiste que la Cave au Poètes ?

On a hâte, car on joue peu avec le format live band et, de ce fait, on est toujours heureux de pouvoir partager ce projet devant un public et, surtout, dans une belle salle ! Je ne suis jamais allé à Roubaix donc, là encore, content de pouvoir découvrir de nouveaux endroits grâce à la musique.

  • Hormis la compilation « Around The World – Belgium » qui sortira le 14 septembre prochain et à laquelle tu as participé avec, justement, « Golden Hours », quels sont tes projets dans les mois à venir ? Et peut-on attendre un nouveau disque sous peu ?

Ces prochains mois, je vais sortir encore des remixes et quelques singles sur des compilations ; mais je suis en train de finir mon prochain EP, qui devrait sans doute voir le jour début 2019 ! Je suis vraiment impatient, car je vais proposer un nouvel univers. Je sens que je découvre de nouveaux territoires musicaux et j’ai hâte de partager ça avec le public.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.