[LP] Hailey Tuck – Junk

Grâce à « Junk », Hailey Tuck s’impose comme la reine d’un blues et d’un jazz dont la sensualité et la mélancolie s’inscrivent à la perfection au cœur d’une narration intemporelle. Un opus chargé d’amour et de sourires.

Il faut bien admettre que l’écoute de « Junk » n’a rien d’une promenade sans goût ni intérêt ; ce serait même le contraire qui aurait tendance à s’imposer dès les premières secondes de ce disque qui, on n’en doutera certainement pas un seul instant, risque de nous poursuivre pendant un bon moment. On connaît la tendance de certains artistes à essayer de faire revivre des périodes musicales éteintes ou, plus précisément, en veille ; mais là où Hailey Tuck fait toute la différence, c’est à travers la modernité d’un jazz tendre, précis et aux arrangements terriblement audacieux. Ainsi, l’album réserve son lot de surprises, de montagnes russes émotionnelles dont la beauté et la sensualité nous étreignent tout au long de douze titres parfaits et magiques.

Dans les années folles de Hailey Tuck, la brume des cigarettes et la chaleur de rideaux de velours sont un décor vivant, protégeant celle dont la voix, en plus de nous charmer, nous guide au creux d’atmosphères intimes et de dialogues instrumentaux. La désinvolture nonchalante de « Cry to Me » et « Say You Don’t Mind » est alors une fausse piste intelligemment mise sur notre route afin de cacher la confortable caresse d’un art que l’on ne pensait plus pouvoir entendre. Lorsque que le saxophone de « Some Other Time » répond à la compositrice, ou quand, plus loin, les cordes de « Alcohol » s’éloignent en volutes somptueuses et brillantes, notre vie s’arrête et contemple l’obscurité. La scène, minuscule, est l’espace de notre grande dame, le lieu de tous les vices et de toutes les vertus : « Cactus Tree » est une tendresse affectueuse et splendide, « My Chemical Life » nous fait danser dans ses bras et « Underwear » suggère, tout en subtilité, le baiser et la nuit de plaisirs interdits qui s’annoncent.

Écouter « Junk », c’est accepter de disparaître, de voyager au-delà de l’espace, des heures et des villes. De plonger dans des vagues américaines dont les fantômes ne cessent, à aucun moment, d’entonner les hymnes d’une différence, d’une perfection que seule Hailey Tuck est à même de transmettre. Une éclatante merveille.

« Junk » de Hailey Tuck est disponible depuis le 4 mai 2018 chez Sony Music.


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Raphaël Duprez

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