[LP] Glueboy – Yikes

Août est le mois des pelouses cramées. Des tuyaux d’arrosage oubliés qui laissent des traces. Des volets fermés et des intérieurs rangés. Les maisons se vident et les Suds se remplissent jusqu’à l’overdose. En d’autres mots, les parents mettent les voiles et les gamins traînent sous la moiteur de l’été. Écoutons « Yikes » de Glueboy.

Glueboy - Yikes

Il paraît qu’à New York, les étés sont chauds. C’est dans cet air étouffant que Glueboy vient de sortir dix titres qui démangent de vitesse. D’urgence. De communion. Joyeux bordel de brûlures et de punk. Glueboy, c’est trois gars : Jonathan Marty, Coby Chafets et Eli Sills. Trois gars. Trois instruments. Trois voix. Il y a déjà là quelque chose de l’économie. À cette image, « Yikes » est efficace, ne se perdant jamais dans les détours et fonçant tête baissée. Passées les premières secondes de « Foot Soldier », la machine est lancée et ne s’arrêtera que bien après la fin de l’album.

Les titres s’enchaînent sans trêve. Vifs. Incisifs. Les titres sont courts et n’atteignent que très rarement les trois minutes. Glueboy semble penser sa musique comme un parachutage de bombes. Dans la brièveté, on connaît alors toute l’urgence, l’effervescence et sort de cette alchimie une adrénaline puissante. Dans la vitesse, la musique n’a que le choix d’être pure. Pas le temps des regards en arrière, Glueboy plie ses dix morceaux en à peine vingt-cinq minutes, captées par le travail de Nick Dooley (Flagland) à l’enregistrement et d’Amar Lal (Big Ups) au mastering.

Les riffs de guitare sont épais et prennent au corps. La batterie foisonne. La basse mène la cadence de façon entière. Et on ne peut qu’être happé par les tempos, quitte à être pris de court. Les élans se parsèment d’insolentes retenues, de dangereuses pauses, de celles qui marquent de façon intéressante les sursauts. Avec Glueboy, il y a un véritable jeu de la sensation comme si la musique était prise sur le vif. Bien sûr, l’idée de la bande de potes fait ici toute la différence : les trois gars donnent à « Yikes » toute l’entente qui crée la puissante joie d’appartenir à ce corps rock. Mais au-delà de la course, se cachent l’ingéniosité et la subtilité. Dans cet entrain, Glueboy maîtrise les minuties qui font la différence, à en croire « You Shout » où se joue toute l’ambivalence des voix, des mélodies et des riffs. Titre explosif de mi-parcours. Autour de ce cri, se greffent toute une palette de sensations et de situations les plus banales et les plus intrigantes : se brosser les dents avec « Oral B » et de l’eau en bouteille, demander à « Zoe » qu’elle vienne regarder les Simpsons, essayer de ne pas tomber à nouveau. Non. « Falling Down ».

crédit : Walter Wlodarczyk
crédit : Walter Wlodarczyk

Outre se faire avaler tout cru par « Yikes », un des jolis intérêts de ce projet est de percevoir comment ces garçons-là ont évolué depuis leur précédent LP « Videorama », déjà très bon, et s’apercevoir que cela ne peut laisser que de belles suppositions pour la suite.

« Yikes » de Glueboy est disponible depuis le 30 juillet 2016.


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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes