[EP] GHST – GHST

GHST trouve dans son premier EP une possible explication intime des tristesses, dans des expériences sonores qui ont l’épaisseur de la peau.

Jeune groupe de Lyon, GHST frappe d’emblée par l’intelligence de sa démarche et donc par sa maturité. Le véritable exercice d’introspection proposé par le quatuor nous laisse en effet approcher une intimité toute universelle. Prônant plus l’emblème du groupe que le portrait de chacun d’entre eux, les musiciens laissent cette part de mystère de ne pas citer leurs noms pour goûter à cette chère liberté de l’anonymat. Ainsi surgit, enveloppée dans des sonorités de violons et violoncelles profonds et des griffures de guitares et certains tambours de guerre, la poésie qui soutient les lettres enluminées de ces petits bouts de sensations. Et tout réside là : l’idée et l’action de définir, même dans une minute de mélodie, une émotion, voire plusieurs à la fois. Et ce que cette petite boîte de Pandore recèle d’âmes, plus ou moins tristes, plus ou moins complexes.

C’est une musique fragile, sagement semée d’électricité, aux rages internes, presque silencieuses. Ce n’est pas un disque à écouter ; plutôt à ressentir, loin de toute niaiserie new age ou protest song pompeuse ; c’est un travail de sape sur nos cerveaux et nos chairs de poule. Un disque de promesses, de clairs-obscurs artistiques, des petits hymnes à écouter et entendre les yeux fermés, la tête en arrière, le temps que passe l’orage. Aux limites, souvent, de l’expérimental, à l’instar du titre « Awkward » qui préfère la concision au risque de nous perdre, la musique de GHST tient, à n’en pas douter, une base solide pour faire grandir son projet. Le don de composition présent (« Growling Host ») et la prose intéressante sont là pour l’attester. Ces jeunes gens citent alors Vic Chesnutt et Patrick Watson comme influences ; nous y ajouterons, au risque de nous faire taper sur les doigts, le flegme anglais d’un Rufus Wainwright et de cette école british des Apartments et, nous pesons nos mots, dans la curiosité de Bowie – Major Tom, en toute relativité et dans l’attente du prochain pas, bien sûr.

Et, comme nous l’avons dit auparavant, ceci est un disque à écouter, mais surtout à entendre, tant il ne joue pas de sa beauté plastique ; sinon bien d’une beauté charnelle, sous-cutanée et capable de gêner, de déconcerter tout en dévoilant dans nos esprits des lieux inconnus, imagés de sons. Savante combinaison de tentations acoustiques et électriques, GHST joue avec ce premier EP plus d’une fois au psychiatre avec nos étranges pulsions.

« GHST » de GHST est disponible depuis le 1er août 2016.


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Guillaume Mazel

Écrivain, dessinateur et cajolant mon oreille depuis môme, c'est depuis Madrid que je recherche des sensations à transmettre partout.