[LP] Frøkedal – Hold On Dreamer

Dix titres d’une pureté incroyable, entre dépouillement folk et bleus à l’âme passionnants et pénétrants. Frøkedal vole aujourd’hui de ses propres ailes, et le résultat est d’une splendeur incomparable et bienveillante.

Frokedal - Hold On Dreamer

En découvrant « Hold On Dreamer », on a immédiatement la sensation de tenir entre ses mains un objet dont la beauté devient rapidement inclassable et à part, se démarquant du reste d’une production musicale pourtant riche, mais à des milliers d’années-lumière de ce que l’on entend ici. En effet, ce premier album de la chanteuse norvégienne Anne Lise Frøkedal ne ressemble à rien de connu, se rapprochant à bien des égards d’un folk solitaire et mélancolique, tout en lui apportant des caractères particuliers et précieux ; au final, le disque ne s’inscrit dans aucun carcan trop réducteur, mais se révèle au contraire être un objet sonore non-identifié, tant la chaleur et l’intimisme qui s’en dégagent nous font ressentir la subite impression d’être plongé à corps perdu dans l’être même de sa créatrice. Et de pouvoir la toucher, comme si nous étions elle.

Atteignant des sommets de spleen et d’humanité omniprésents tout au long de son écoute, « Hold On Dreamer » contient de tels éléments attirants qu’il est difficile de les compter et de les décrire. Mieux vaut vivre cette expérience plutôt que de l’exprimer par les mots. Car Frøkedal a engendré, à travers ce remarquable LP, un ensemble cohérent dont le but est de partager toujours plus de sentiments puissants et évocateurs. Que ce soit dans un dialogue terriblement émouvant entre nappes de clavier et voix (Dream), lors d’une cavalcade charnelle et palpitante (The Sign) ou à travers des élans acoustiques pénétrants (Demented Times), elle évolue sous nos yeux, sensuelle et affirmée, entre la proximité de l’abysse et le besoin de sortir des profondeurs de la tristesse. L’espoir surgit dans la nudité électronique de « Kid » et « Eclipse », ou le mélange d’instruments organiques et synthétiques de « Misery » ; toujours au faîte de la nuance et de l’extase, Anne Lise nous étreint et nous invite dans la pièce à demi-éclairée de ses envies et de ses richesses harmoniques et vocales.

Chef-d’œuvre d’un album essentiel « The Man Who Isn’t Here » compte parmi les plus belles chansons de cette décennie pourtant prolifique. Singulier et immédiat, le titre se démarque du reste de la production, enivrant les âmes comme le plus savoureux des nectars. Entre rêverie et espérance, il est à l’image d’un opus qui n’a que faire des normes et préfère aller droit à l’essentiel, dans sa pudeur et son éclat. Une féerie élégante, poétique et onirique, comme on n’en rencontre que peu et que l’on tient tout contre soi, de peur de la voir abîmée ou ébréchée. Un bijou précieux, qui ne peut que laisser des traces indélébiles sur nos cœurs.

Frokedal

« Hold On Dreamer » nous hante et nous hypnotise, de ses premières notes à ses ultimes accords. Vénéneux et incomparable, il demeurera longtemps parmi nos albums de chevet ; de ceux que l’on conserve précieusement pour pouvoir les laisser nous capturer dans leurs filets, encore et toujours.

« Hold On Dreamer » de Frøkedal est disponible depuis le 26 février 2016 chez Propeller Recordings.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.