[Interview] François Floret et Alban Coutoux de la Route du Rock

Directeur de la Route du Rock depuis sa création en 1991, François Floret répond à nos questions, aux côtés de son inséparable acolyte à la programmation Alban Coutoux (depuis 1996), à moins d’une semaine du début de la 25e collection été du festival rock malouin (13-16 août 2015). Tous deux sont permanents au sein de l’association Rock Tympans, qui porte non seulement l’organisation des deux Route du Rock annuelles (été et hiver), mais également la division booking et la gestion de la salle de Musiques Actuelles de Saint-Malo, La Nouvelle Vague. Nous avons parlé avec eux de leur travail au quotidien, des derniers préparatifs de cette collection été et des souvenirs des précédentes éditions. Si, à l’année, les salariés sont au nombre de quatre permanents et deux intermittents, pendant le festival, ce sont pas moins de 150 salariés supplémentaires (intermittents et régimes généraux) et près de 600 bénévoles qui s’activent pour faire vivre la meilleure Route du Rock possible aux festivaliers estivaux venus des quatre coins de la France, voire de bien plus loin. Rencontre avec deux amoureux et fiers défenseurs de la musique indépendante qui œuvrent, depuis déjà un quart de siècle, pour nous laisser le souvenir que Saint-Malo est certainement l’un des plus grands bastions européens du rock actuel.

Alban Coutoux et François Floret - crédit : Froggy Delight
Alban Coutoux et François Floret – crédit : Froggy Delight
  • Cette année, la Rock du Rock souffle ses 25 bougies. Qu’est-ce qui fait que le festival tient debout : l’humain derrière la programmation, la prise de risque, l’éclectisme, l’envie, le lieu ?

C’est tout ça. Les festivaliers ont bien compris que nous programmions avec le cœur et sans stratégie ; sans profiter de l’image forte dont nous avons conscience de bénéficier. Les lieux sont importants aussi : un fort type Vauban du XVIIIe siècle, une magnifique plage face au tombeau de Châteaubriand, une vue magnifique sur Dinard, avec piscine naturelle d’eau de mer et sable fin…
En gros, nous proposons une programmation indé sans concession en bord de mer. Peu de festivals peuvent le faire…

  • À chaque édition, ses têtes d’affiche et ses découvertes. Côté découvertes, quelles sont celles que vous êtes particulièrement fiers d’avoir programmées cet été ?

À ta question, une réponse de normand : toutes… Il nous est impossible de mettre en avant un choix plus qu’un autre dans cette programmation ; tout est assumé. C’est comme si tu me demandais si je préfère ma fille ou mon fils…

  • Alban, en tant que programmateur du festival, où découvres-tu les groupes que tu décides de faire jouer ? En festival, via des recommandations de collègues, via Internet ? Dis-m’en plus…

C’est un travail permanent de recherche et d’écoute, mais aussi d’échange avec les agents, les labels, les professionnels… Après, il faut prendre en compte les contraintes de calendrier et de budget.

  • J’entends souvent dire de la programmation de la Route du Rock qu’elle est défricheuse. Est-ce que vous avez vous-mêmes décidé de vous inscrire dans cet état d’esprit de révélateur de grands noms ?

Pas du tout, mais c’est flatteur. Alors on prend !

Chk Chk Chk en 2013 - crédit : Nicolas Joubard
Chk Chk Chk en 2013 – crédit : Nicolas Joubard
  • Pour revenir à cette édition : 25 ans, ça n’est pas rien. Si je vous demande à chacun quels groupes programmés à la Route du Rock vont ont marqués particulièrement, vous me dites ?

François Floret : dans le désordre, ça donnerait The Cure (2005), parce qu’ils ont bercé ma post-adolescence ; The Flaming Lips (2000 et 2010), un show monstrueux et joie de vivre partagée ; Sigur Rós (2008), un de mes groupes préférés ; DJ Shadow (2002), show ultra classieux, un Shadow bavard (rare) et heureux de revenir ; Sonic Youth (2005), « Daydream Nation » dans l’ordre, énorme ; Mogwai (2001/2006/2011), toujours la grande classe ; et The Polyphonic Spree (2005), la secte du bonheur.

Alban Coutoux : Dans le désordre aussi. LCD Soundsystem (2007), Sonic Youth performing Daydream Nation (2007), Nick Cave (2013), TV On The Radio (2004) et Dirty Beaches (2011).

  • D’importants travaux de drainage ont été réalisés cette année pour éviter les incidents de l’an passé dans le Fort de Saint-Père, avec la boue. Faut-il quand même prévoir les bottes ou les chaussures de rechange ?

Oui, car les champs ne sont pas drainés et c’est là qu’on installe les campings et parkings. Et l’enceinte concert n’est drainée qu’à 80%, car la mairie de Saint-Père n’a pas voulu faire la totalité du site pour préserver un espace en herbe pour son marché aux fleurs.

crédit : Pauline Auzou
crédit : Pauline Auzou
  • Depuis 2006, La Route du Rock se décline en deux éditions, deux rendez-vous : les collections été et hiver. Qu’est-ce qui vous a incités à proposer deux rendez-vous annuels ?

C’est une réponse à nos frustrations : nous étions malheureux de ne présenter qu’une trentaine d’artistes par an et il y avait une réelle envie de la mairie de nous accompagner sur une période creuse en terme d’événement sur Saint-Malo.

  • Planchez-vous déjà sur la collection hiver 25 ? Quelques noms dans les tiroirs à dévoiler ?

Oui, nous ne cessons jamais de penser aux différentes activités de Rock Tympans. Si on apprend la disponibilité d’un artiste sur février 2016, on avance dessus…

crédit : Nicolas Joubard
crédit : Nicolas Joubard
  • Un mot sur votre division Booking ?

Le travail de Pierre, épaulé de Marin, porte ses fruits. Leur investissement permanent sur les dates et le sérieux de leur travail ont rassuré bon nombre d’agents et, du coup, les rapports sont plus faciles, les groupes proposés de plus en plus intéressants.

  • Enfin, une question difficile : s’il y avait un mot pour résumer l’esprit « Route du Rock », vous me diriez ?

Indépendance.


Retrouvez La Route du Rock sur :
Site officielFacebookTwitter

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques