Rencontre avec Fragments

À l’occasion de leur concert au T’es Rock Coco ce mercredi à Angers, je vous propose une rencontre avec le duo pop electronica rennais Fragments.

Fragments

  • Bonjour Sylvain et Benjamin, comment allez-vous ?

Fragments : Bonjour Fred ! Nous allons bien, merci !

  • Pourquoi avoir choisi ce nom évocateur, Fragments, pour représenter ce projet ? Était-ce dans le but de défendre un assemblage de vos deux univers, comme un puzzle reconstitué ?

Fragments : Nous avons longuement – très longuement – réfléchi au nom du groupe. Nous sommes passés par beaucoup de choses très différentes, nous n’étions jamais d’accord !
Nous voulions que le nom du projet fonctionne à la fois en français et en anglais, qu’il soit représentatif de notre musique, mais qu’il y ait aussi, derrière, un véritable sens poétique.
Après maintes propositions, nous sommes tombés d’accord sur Fragments. Le mot définit plutôt bien notre musique. Nous aimions l’idée de fragments que l’on associe ou dissocie, à volonté, pour créer une musique contemplative et répétitive.
Et puis, derrière ce mot, il y a aussi l’idée de quelque chose qui serait cassé, et que l’on s’échinerait à réparer.

  • D’ailleurs, parlez-moi un peu de ce qui vous a amené à vous lancer dans ce projet commun ?

Sylvain : Personnellement, à l’époque, je me sentais frustré musicalement, coincé. J’avais besoin d’être enthousiasmé par quelque chose de nouveau, de différent. J’étais très influencé par des compositeurs que je venais de découvrir, comme Nils Frahm ou Olafùr Arnalds, et que j’écoutais en boucle. Ce sont principalement ces influences, et l’amitié, qui nous ont rassemblées sur ce projet.

Benjamin : Nous nous sommes effectivement retrouvés sur certains artistes « solo-piano » assez ambiants (Nils Frahm, Greg Haines, Peter Broderick).
À force d’en discuter est née une envie commune de se lancer dans un nouveau projet avec lequel nous pourrions « expérimenter » de nouvelles choses.

Sylvain : Nous avons donc décidé de travailler ensemble, sans se mettre de pression dans un premier temps, juste histoire de voir ce que cela pourrait donner. Nous avons fait écouter les premiers morceaux à nos proches, ils nous ont encouragés à continuer !

  • Aussi, comment travaillez-vous sur ce projet pour composer ?

Benjamin : Du fait de la forte proportion de samples et d’expérimentations électroniques, nous avons adopté une manière de travailler assez particulière. Généralement, l’un de nous deux envoie une idée à l’autre, que nous retravaillons chacun de notre côté.

Sylvain : Le gros du travail est fait à la maison. La plupart du temps, je m’occupe de l’aspect mélodique et Benjamin de la rythmique. Nous écrivons les arrangements ensemble et nous retravaillons le tout en répétition avec Tom, notre guitariste.

  • Est-ce selon vous difficile de défendre un projet purement instrumental dans un milieu musical où l’on accorde une importance particulière, voire prépondérante, au chant ?

Sylvain : Curieusement, le fait que notre musique soit exclusivement instrumentale ne semble déranger personne. Du moins, nous n’avons pas encore eu de remarques concernant ce point !
Mais lorsque nous composons, nous prenons en compte le fait qu’il n’y ait pas de chant. Cela nous oblige à penser les compositions, les mélodies, les structures, l’évolution de chaque arrangement pour que l’auditeur ne soit pas frustré, et pour que notre musique ne soit pas trop ennuyeuse. Même si nous assumons totalement le côté contemplatif !

Benjamin : Beaucoup de groupes réussissent sans chant, surtout dans des courants comme le post-rock. Il faut réussir à titiller l’imagination de l’auditeur pour qu’il crée lui-même ses propres images.
Nous évoluons dans un style où l’attention de l’auditeur est primordiale, et c’est peut-être là où se situe la difficulté principale.

  • Je vous découvrirai comme de nombreux Angevins en live mercredi prochain au T’es Rock Coco. De votre démo à votre live, quels changements s’opèrent face au public et que reste-t-il de propre à vos enregistrements ?

Fragments

Benjamin : Nous avons essayé de respecter au maximum les morceaux originaux tout en proposant des arrangements un peu plus « post-rock ». Cela permet d’avoir un set plus dynamique et de créer quelques surprises par rapport aux démos.

Sylvain : Les premiers morceaux que nous avons dévoilés sur internet fin 2012 ne sont que des maquettes, enregistrées à la maison, avec de petits moyens, sans vraie batterie, ni guitare électrique, contrairement au live.
Tous les morceaux ont été retravaillés en répétition, souvent allongés pour le live. L’arrivée de Tom, notre guitariste, au sein du projet, a changé beaucoup de choses. Cela a permis de donner une couleur différente à certains morceaux, et d’orienter parfois notre musique vers le post-rock.

  • D’ailleurs, votre univers se prête-t-il plus particulièrement à une interprétation libre ou fidèle de vos titres en concert ?

Sylvain : À vrai dire, en live, tout est calibré, et les morceaux ne laissent pas vraiment de place à l’improvisation. Mais notre musique, faite de fragments, est tout de même facilement malléable. Même si chaque changement doit être réfléchi en amont !

Benjamin : Sans doute qu’avec plus de musiciens ou dans des conditions particulières, nous pourrions envisager de donner libre cours à nos imaginations !

  • Aujourd’hui, avec Fragments, combien de titres avez-vous composés ? Et envisagez- vous une suite à ces compositions sur un futur EP ou album ?

Sylvain : Nous avons composé une petite dizaine de titres et nous sommes en train de les enregistrer. Nous prenons notre temps, et nous ne savons pas encore sous quelle forme les morceaux sortiront, EP ou album.

Benjamin : Même si nous avons des pistes, rien n’est encore décidé et nous nous donnons le temps pour le sortir dans les meilleures conditions possible. Nous voulons avoir un bel objet à proposer.

  • Vous avez, il y a quelques mois, après la sortie de votre démo, remixé quelques titres. Quand j’ai découvert ces remix, j’ai vraiment senti une réappropriation des morceaux de votre part, pour créer comme une suite à cette démo. Était-ce l’idée ?

Benjamin : C’est toujours intéressant de remixer un titre. L’exercice est plus ou moins difficile selon le style de l’artiste et ce qu’on veut en faire.

Sylvain : Nous essayons toujours de nous réapproprier les morceaux, et d’y apposer notre « touche ». Mais l’exercice le plus intéressant qui nous ait été donné de faire est un « rework » d’un titre de Nils Frahm. Nous avons juste repris la mélodie, et quelques sons du morceau originel. Nous avons réellement pu, sans avoir trop de contraintes, créer quelque chose qui nous ressemble.

Benjamin : Par contre, je ne pense pas que nous ayons forcément voulu « donner une suite à notre démo » en remixant ces titres, même si au final, ils sonnent un peu de la même manière. C’est sans doute dû à l’utilisation des mêmes instruments que dans nos démos.

  • Merci à vous deux, Sylvain et Benjamin, et à mercredi prochain pour vous découvrir enfin en concert ! J’ai hâte !

Merci à toi ! À mercredi !

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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques