Foxygen au Point Ephémère – Grandeur et Décadence

Alors là, on se pourlèche les babines. « We Are The 21st Century Ambassadors Of Peace & Magic », disponible depuis quelques semaines, s’est clairement imposé comme un des meilleurs albums de ces dernières années. Pop futée et à tiroirs, hommage vibrant aux Beatles, Kinks et autre Dylan, Foxygen possède cette grâce et ce goût  de l’expérimentation qu’on pourrait voir chez un MGMT dénué de ses sons électroniques. 9 titres inventifs et bourrés de prises de risque qui redonnent la foi et marquent ni plus ni moins que le vrai départ de cette décennie musicale, tristounette depuis son avènement. Le Point Ephémère, cadre rêvé pour les groupes émergents, nous offre donc un beau cadeau, les Parisiens ne s’étant pas trompés, remplissant à ras bord l’endroit.

Foxygen

La soirée commence avec les excellents Wall of Death. Derrière ce nom patibulaire se cache pourtant un groupe superbe, un prog rock sombre, inspiré de ce que Pink Floyd a à offrir de meilleur. Des chœurs touchants sur des riffs vicieux, des structures labyrinthiques et brillantes, on a ici un travail d’orfèvre, magnifié par un jeu de lumière efficace.

Wall Of Death

Merci d’ailleurs pour ça au Point Ephémère, qui s’impose de plus en plus comme LE lieu parisien pour voir de la bonne musique. À une programmation exceptionnelle pour une salle de cette taille (Metz, Foals, à venir) s’ajoute une ambiance intimiste, et une localisation idéale au bord du Canal Saint-Martin.

Wall Of Death

Le trio (guitare, batterie, et clavier qui envoi les nappes psychédéliques et les lignes de basse, comme chez les Doors) maîtrise parfaitement sa formule. Une prestation excitante qui aura donné envie de découvrir de plus près leur album sorti en novembre dernier.

Quant à la prestation des Foxygen, que dire ?? Rarement en toute une vie de fan de musique, de concerts et festivals aura-t-on eu l’occasion de voir une prestation aussi foutraque.
On aurait pu imaginer, en pensant aux compositions léchées et aventureuses de leur album que l’on aurait droit à résultat aussi chaotique ??

Foxygen

Les chansons commencent et s’arrêtent n’importe comment et n’importe quand, personne ne joue ensemble. On a parfois l’impression de voir un groupe qui débarque en répétition sans avoir pris le temps de s’accorder ou faire de balance.
Clou du spectacle, un chanteur halluciné qui déambule sur scène avec sa veste en fourrure, prend des poses d’animaux, chante quand l’envie lui en prend (parfois pas dans le micro !). Du haut de sa cime, il entreprend régulièrement de communiquer avec le public, sans réaliser une seconde que tout l’écho dans sa voix le rend inaudible. Le voir essayer de lutter contre ses instruments et ses effets en plein milieu des chansons a un effet aussi agaçant que touchant.

Foxygen

La claviériste/tambourin semble quant à elle perdue, effrayée au milieu de ce qui l’entoure, et des spectateurs qui affluent sur scène pour proposer des chorés improbables, renforçant, si besoin en était, l’idée de chaos général.
On pense ainsi parfois aux Brian Jonestown Massacre, mais avec de bonnes vibrations, au milieu des rires et des chants.

Foxygen

Le set est court, une grosse heure seulement, faisant hurler « RADICAL ! » à un homme dans la foule. Pas dénué de bon sens.
La brièveté de la chose n’aura pas empêché son intensité et de nous conduire par plusieurs stades : on s’amourache dans un premier temps de ce qu’on voit, fasciné par un spectacle aussi bancal. Mais la mayonnaise est malheureusement parfois indigeste, trop de bordel finissant par tuer le bordel et à gâcher le rendu de la plupart des morceaux.

Foxygen

Mais tous les défauts du monde n’y changeraient rien, le tout est quoiqu’il arrive sauvé par la perfection pop des chansons pour lesquelles on pardonnerait tout et qui entrainent immanquablement l’auditoire.

Certains finiront probablement dégoutés de ce qu’ils ont assisté, d’autres jureront qu’ils ont vu ce soir d’authentiques génies !

foxygen.bandcamp.com
twitter.com/wallofdeathband

Crédit photos : Robert Gil / photosconcerts.com
Lien vers les séries complètes de Foxygen et Wall Of Death.

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Sébastien Weber

chroniqueur attaché aux lives comme aux disques d'exception