[Live] Foreign Diplomats et Dtwice à Stereolux

Il est des rencontres qui restent gravées dans les mémoires. Celle avec Foreign Diplomats au Stereolux, le jeudi 27 janvier dernier, fait sans nul doute partie de ces dernières. Le quintet venu du Québec apporte la preuve que la pop est dans une forme éclatante, tout en brouillant avec malice et talent les genres et confondant par là-même l’auditeur. Car, finalement, à quoi avons-nous affaire ? Nous pourrions nous hasarder à répondre à cette question ou bien tenter de retranscrire et ressentir à nouveau l’exultation visible sur scène ce soir-là. Nous choisirons la deuxième option. 

Foreign Diplomats – crédit : Fred Lombard

Avec dans ses bagages, le jouissif « Princess Flash » sorti en octobre 2015 avec l’aide de Brian Deck (Iron & Wine, Modest Mouse) et une poignée de titres fiévreux que nous espérons rapidement retrouver sur un futur album, Foreign Diplomats investit le plateau à l’heure dite en dépit d’une fosse clairsemée et arrivera sans peine à attirer les farouches au plus près de la scène. S’autorisant toutes les audaces sans paraître audacieux, les musiciens se moquent des formats. La tension monte au long de titres tantôt courts, tantôt étirés, où des arpèges plaçant la mélodie au premier plan laissent soudainement place à des accords nerveux et secs invitant à la danse. Le public se prend à suivre le rythme syncopé de ce funk blanc, mais le jeu n’est pas encore fait. Décidément malins, batteur et chanteur-guitariste se lancent subitement dans une transition lorgnant vers le drone. Le triton, accord banni par le clergé au Moyen-Âge du fait de son évocation manifeste d’esprits maléfiques, et remis au goût du jour par Black Sabbath et la horde metal, fait une apparition narquoise avant d’aller se planquer en coulisses.

Chacun est à sa place : de Tony, le bassiste acclamé, à Emmanuel matraquant debout les fûts ; de Thomas lâchant, non sans bondir, ses claviers et machines pour un trombone apportant l’esprit de La Nouvelle-Orléans, à Charles et Elie bataillant par accords de guitares interposés. Au chant, ce dernier passe par toutes les poses et, comme possédé, s’allonge, se contorsionne et enlace sa Fender. Tous sont complètement envoûtés et la prestation est vraiment réjouissante. « Queen+King », « Lies (of November) », « Real Strong Men » ; on découvre dans la joie ces titres sensibles et puissants.

En bout de course, Elie se dévoile en solo au long d’arpèges aériens appuyant sa voix tantôt éthérée, tantôt caverneuse, avant d’être rejoint par la troupe pour un final tribal carrément disco. Au diable les étiquettes et les conventions : Foreign Diplomats invite avec talent à la danse et le public n’a pas su y résister.

Dtwice prend la suite après plusieurs mois passés en studio pour concocter un nouvel album qui devrait sortir à l’automne 2017. Direction le dancefloor, où le groupe nantais balance de la pop électro à l’effet immédiat sur les hanches des spectateurs. La guitare d’Aymeric Maïni multiplie les accords funk et la batterie donne à l’ensemble une pulsation disco. À l’aise derrière sa basse, David Darricarrère mène le navire et le chant, tantôt en français, tantôt en anglais. Marguerite et Léa complètent l’effectif aux chœurs, claviers et machines. Harmonies des voix, ambiance intime virant peu à peu au grandiloquent, électro-rock contenu avant de sortir en furie de sa cage sur une reprise 3.0 des Doors (« Five to One ») ; les éléments ne manquent pas pour convaincre le public, dont les Foreign Diplomats, qui saluent la performance. À l’issue de ce concert, Dtwice reprend le chemin du studio. Gageons qu’après l’enregistrement que nous leur souhaitons le meilleur possible, les futures prestations s’avèreront encore plus énergiques et déchaînées.


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Olivier Roussel

Olivier Roussel

Accro à toutes les musiques. Son credo : s’autoriser toutes les contradictions en la matière.