Rencontre avec Florian Mona

Rennais riche de nombreux projets pop, c’est assez tardivement que Florian Mona s’est ouvert à une carrière solo. Après la sortie de son dernier single remarqué « Le Large », le musicien, défenseur d’une french pop élégante, nous parle sur indiemusic de son second album à venir « Les Héroïnes » et de ses ambitions pour 2013.

Florian Mona

  • Bonjour Florian Mona, que puis-je te souhaiter pour cette nouvelle année 2013 qui démarre tout juste ?

Tu peux peut-être me souhaiter une belle sortie d’album, suivie d’une grande tournée pleine de moments inoubliables, de concerts fous dans des clubs mythiques et des rencontres hallucinantes.

  • Peux-tu me parler de ta musique, et de ton parcours t’ayant amené jusqu’au Large ?

Tout a commencé à la fin des années 90, où je jouais comme batteur dans un groupe pop-noisy, composé de copains de lycée. Alors que l’on ne connaissait que trois accords, nous avions décidé de ne faire que cela. Nous étions alors fan de groupes comme Pavement, Eels, Beck, Boo Radleys, Nirvana, Mellow, Day One. Après une année de répétitions, nous nous sommes structurés et sommes très vite partis en tournée. Nous jouions beaucoup sur les contests de surf et autres festivals indés. C’était génial, cela a duré cinq ans. Ensuite le groupe s’est séparé, épuisé. J’ai alors continué en tant que musicien au sein de divers projets et en studio. Au fil du temps, je me suis mis à jouer de la guitare, du piano…et finalement à toucher un peu à tout.

Fin 2007, mes premières compos voient le jour. Je commence alors à jouer lors de chouettes premières parties comme Katerine, Vénus, Keren Ann, etc. Puis en 2009 je sors un premier disque chez Naïve, l’orientation est plutôt pop-folk. J’enregistre ce disque dans un home studio avec l’aide de mon ami réalisateur Romuald Gablin qui était musicien aussi dans mon premier groupe et avec qui je travaille depuis mes débuts. Le succès de ce disque est resté plutôt confidentiel, mais nous avons pas mal tourné.

Il y a un an et demi, j’ai commencé à composer de nouveaux titres, toujours en mode home studio. J’aime chercher, trouver des ambiances, ouvrir des portes. Ces premières compos se veulent plus directes dans le texte, plus assumées et pas forcément appliquées ou studieuses, comme sur mon précédent disque. La musique s’inspire plus de mes premiers amours noisy, plus débridée… Le titre « Le Large » est un bon exemple de la manière dont j’ai pu aborder mes nouvelles compositions : de manière décontractée, sans trop me poser de questions (situation dont, semble t -il, je suis spécialiste…) et en même temps en ressentant un certain besoin d’en découdre. Et puis évidemment il y a le parallèle dans le texte entre prendre le large comme pour lâcher prise et prendre le large au sens littéral. Le but final est le même.

  • Ton dernier EP « Le Large » sortait en décembre. Proposer deux remix de ton single éponyme dessus, était-ce un moyen de dire : ma musique peut aussi se prêter à une diffusion en after ?  

J’ai pas mal d’amis qui mixent dans des soirées, qui remixent les titres d’autres groupes. J’aime beaucoup ce genre d’expériences  Le fait de confier ta chanson à un type qui va te sortir une version complètement différente. C’est assez excitant. J’écoute aussi pas mal de musique électronique (Sébastian, Kavinsky, Brodinsky, Christine…) j’étais curieux de voir ce qu’un groupe comme Christine pouvait faire sur « Le Large »… Leur remix est super. Oui, si un DJ passe un de tes titres remixés, c’est classe.

  • Ton second album Les Héroïnes est annoncé le 2 avril. Est-il à l’heure finalisé ou te reste-t-il encore à statuer sur le choix de certains titres par exemple ?

L’album est quasiment terminé, il reste à définir le tracklisting. Et je travaille actuellement sur un nouveau titre pour un duo. Je ne sais pas encore s’il paraîtra sur l’album ou si ce sera l’occasion de presser un vinyle d’inédits…

  • Quels sont les principaux thèmes que tu as choisi d’aborder au sein de cet album ?

Je ne choisis pas de thèmes en particulier. Si ce qui ressort de mes compositions me crée des émotions, je les garde. Mais je peux écrire deux titres complètement différents et quand même ressentir le besoin de les mettre sur le même album car pour moi ça veut dire quelque chose. Parfois, sans qu’on le veuille particulièrement un thème se dessine et donne une direction au disque et même un titre. En l’occurrence sur ce disque, c’est le cas.

Florian Mona

  • À l’inverse, y’a-t-il des sujets auxquels tu ne veux pas toucher, que tu ne cherches pas à traiter dans ton processus d’écriture ?

Je ne m’interdis rien mais c’est vrai que pour l’instant je n’ai pas écrit de textes « engagés », en tout cas au sens où l’imagine couramment, ni de textes sur « métro, boulot, dodo ». Ce n’est pas mon truc.
Ça ne veut pas dire que je n’ai pas d’opinions sur tel ou tel sujet politique ou social, ça veut juste dire que je ne les exprime pas ainsi.

  • Écrire en français implique d’aborder des sujets avec plus de teneur qu’on ne peut se le permettre avec l’anglais. Est-ce pour toi une difficulté supplémentaire de défendre tes chansons dans ta langue maternelle ou au contraire vois-tu ça comme un atout ?

La question de la langue, en ce qui me concerne, ne s’est jamais vraiment posée. Écrire en français est naturel. J’aime écrire dans cette langue, pour la beauté des mots et le jeu aussi. Essayer d’écrire une belle chanson sans pour autant s’éloigner de sa culture musicale anglo-saxonne, cela me plait.

  • Pour approfondir sur ce futur album, qui sont tes héroïnes ? Et est-ce elles qui t’inspirent certaines de tes paroles ?

La présence de personnages féminins, élégants et désinvoltes est assez récurrente dans mes textes. Que ce soit des héroïnes ayant vécu comme Chicago May, Bonnie Parker ou des personnages de fiction comme Mallory Knox, des figures féminines de films des années 90, ou encore d’héroïne de livres, comme celles que l’on peut trouver dans les romans de Bukowski. Pendant la réalisation de l’album, j’ai lu la biographie-fiction de Nuala O’Faolain sur Chicago May. Eh oui, c’est le genre de lecture qui m’inspire.

Florian Mona

  • Les Héroïnes comportera-t-il des collaborations et si oui, avec qui ? Sachant que tu es rennais, y’aura-t-il tout particulièrement des invités locaux ?

Il y aura peut-être une collaboration ou deux, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment…

  • Te considères-tu faisant partie de cette « grande famille de la pop française » ou t’a-t-on déjà présenté de cette manière ?

J’ai lu des choses comme ça sur moi, oui… Les gens ont besoin de vous classer, de vous étiqueter pour parler de vous. Je comprends, et parfois c’est flatteur… En ce qui me concerne, j’ai toujours travaillé dans mon coin, en essayant d’aller ou bout de mes idées, pour assumer pleinement ce que je fais. Je suis issu d’une toute petite famille, je dois bien avouer que les grandes familles me font envie, mais je ne suis pas sûr que cela soit pour moi.

  • En live, si j’en crois les quelques vidéos trouvées sur le net, tu n’es pas seul, loin de là. De qui t’entoures-tu pour jouer tes compositions en soirée ?

En live, je suis accompagné par Mathieu Languille du groupe Montgomery et par Samuel Chapelain du groupe Manceau. Nous nous connaissons bien, sommes amis…ça va être très chouette.

  • Est-ce ces mêmes personnes qui ont participé à l’élaboration de ton album ?

Disons qu’au départ j’ai fait beaucoup de choses seul avec l’aide de Romuald Gablin. Puis quand nous avons commencé à répéter avec Mathieu et Samuel, notre son de répétition et notre travail commun a clairement influé sur le son du disque. Donc oui. Et ils jouent tous les deux sur des nouveaux titres sur lesquels je travaille actuellement.

  • Tes compositions se prêtent-elles également à des déclinaisons acoustiques ?

Elles n’ont pas été composées pour cela, je suis très attaché à l’esthétique sonore du disque, mais malgré tout,il y a pas mal de titres qui peuvent être joués en acoustique. On le fera sans doute pour  des showcases ou autres dates promos, si on nous le demande.

Florian Mona

  • Un concert de Florian Mona, en quelques mots, comment pourrais-tu le résumer ?

Hahaha… Classe et puissant ! En tout cas c’est ce dont j’ai envie.

  • En parlant de concerts, tu vas partager à plusieurs reprises la scène avec Dominique A, l’un des papes de la chanson française à texte actuelle. Comment appréhendes-tu ces dates ?

J’en suis super fier et heureux. Nous nous sommes rencontrés au cours d’une soirée à Bruxelles quand Dominique Brusson (ingé son de Dominique A) mixait mon album. C’est Dominique A qui m’a proposé de faire ses premières parties, c’est vraiment chouette. Nous avons vraiment hâte.

  • Prévois-tu de dévoiler, au cours des prochaines semaines, un nouveau single extrait des Héroïnes ?

Peut-être bien…

  • Merci infiniment Florian Mona pour cette interview et à bientôt pour la sortie des Héroïnes.

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Un grand merci à Loïc Suty d’Ivox.

Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques