[EP] Fishbach – EP

Fishbach, Flora de ton prénom, mais qui es-tu exactement ? Lorsque l’on t’écoute la première fois, on pense être tombé par erreur sur les derniers morceaux de Desireless, Niagara ou Catherine Ringer. Es-tu l’un de leurs clones désenchantés ? Ou bien un être que l’on aurait cryogénisé dans les années 80 pour le faire ressusciter en 2015, année (n)é(v)rotique ? Comment à 24 ans seulement peut-on avoir des trémolos aussi violentés voire vicieux dans la voix ?

Fishbach - EP

Récit d’un phénomène paradoxal et électro-pop dont les quatre titres de ce premier EP font la remarquable démonstration. Autant dire que l’œuvre de cette inconnue de Charleville-Mézières a été une expérience très singulière tant dans son écoute que pour l’écriture de cette chronique…

« Tu vas vibrer » est une belle promesse qui en terrifiera plus d’un aux premiers abords. C’est une introduction dans une antichambre habitée par des sons de synthés aux consonances rétro, qui sont d’une beauté sombre, mais onirique. On s’attend d’un moment à l’autre à une explosion invitant à la danse, comme l’aurait fait un Flavien Berger, mais rien. Fishbach tire sur la corde tout le morceau et nous donne envie d’aller plus loin pour se forger un véritable avis.

« Mortel » enclenche une partie plus rythmée du disque avec des beats très produits qui rappellent des sons new-wave aperçus par-ci par-là (Grand Blanc, également sur le label Entreprise ou encore La Femme). La voix de Fishbach est rauque, éraillée, nostalgique, comme venue de profondeurs abyssales. C’est la « dame du lac » qui lance un appel à la surface, la sirène qui ne va pas forcément vous dévorer, mais vous en faire voir de toutes les couleurs. Ce que la pochette pourrait d’ailleurs bien représenter.

« Béton mouillé » est un bon exemple des souffles sensuels de Flora. Un vent lointain, avant quelques battements new-wave, accompagne un chant que l’on jurerait samplé de Mylène Farmer. Des ajouts d’effets sur la voix et des « faux » chœurs donnent une dimension religieuse et mystique aux paroles inintelligibles de la Carolomacérienne.

On finit par se trémousser sur l’intense « Petit Monstre (Night Bird) ». Le rythme s’affole, l’étau des notes se resserre et hypnose celui qui les écoute. Les paroles sont presque enfantines face aux échos de ce qui semble être des guitares étouffées et des claviers aux sons sous-marins. Davantage de puissance dans ce quatrième essai qui a tout l’air d’un tube. Les plus avides de la french touch seront ravis d’apprendre que la patte de Stéphane « Alf » Briat (ingé son pour Phoenix, Étienne de Crécy ou encore Air) a permis de produire les morceaux de ce premier EP.

crédit : Mélanie Aubiès
crédit : Mélanie Aubiès

En bref, Fishbach livre ici un premier acte intelligemment introductif pour une carrière à venir. Fascinant et perturbant, mais difficile d’accès pour une écoute en diagonale. Un élixir de tristesse.

« EP » de Fishbach est disponible depuis le 6 novembre 2015 chez Entreprise.


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Yann Puron

Découvreur musical avide d'émotions fortes aussi bien sur disques qu'en concerts