[Live] Feu! Chatterton au Joker’s Pub

Anjou, Feu ! Les multirécompensés Feu! Chatterton sont venus en terre angevine allumer la mèche du Joker’s Pub le 8 novembre dernier et ont brûlé la chandelle par les deux bouts durant un concert d’une heure intense et jouissif. Le groupe, pour sa première tournée, fait ses classes avec classe. On vous en dit quelques mots qui, quoi qu’il en soit, ne pourront jamais peser aussi lourd que l’expérience d’un concert avec ceux qui, parions le, vont se hisser très vite et très haut sur les premières marches de la scène française.

« Classieux » aurait dit Serge. Mais attention, pas le Gainsbarre vaporeux et imbibé que l’on connaît trop, mais bien le Gainsbourg sensible et lucide qui aurait certainement affirmé, les larmes aux yeux et la voix tremblante, une paternité spirituelle et intellectuelle avec les Feu! Chatterton.
Et il est certain que d’autres grands de la pop et de la chanson francophone (Bashung , Bécaud, Brassens, Dominique A., Cantat, Claude M’Barali, Fabien Marsaud) auraient souhaité également faire le test de paternité pour revendiquer fièrement le groupe aux yeux de tous en hurlant : « Hein, vous avez vu de quoi ils sont capables ? Prenez ça dans la tronche ! ».

En ce 8 novembre au Joker’s Pub à Angers, on se prépare à se prendre une nouvelle baffe et à en prendre plein les baffles. Le souvenir de l’extraordinaire set à Rock en Seine en août dernier est resté cuisant et c’est avec un brin d’anxiété que l’on s’apprête un vivre de nouveau un moment chargé d’émotions et de voyages qui, on le sait, ne nous laissera une nouvelle fois pas intacts.

Le groupe est sur la route pour la première fois depuis la fin septembre et est fébrile à l’idée de rentrer en contact direct avec son public qu’il ne connaît pas encore. On dirait presque une première rencontre amoureuse après avoir passé un peu de temps sur Facebook à échanger ses goûts et ses couleurs. Un besoin de tactile, de percevoir les respirations et de deviner les frissons d’une audience qui grandit en mode boule de neige excite complètement le dandy et daddy Arthur (au chant) et ses 4 fidèles destriers.

Paradoxe, depuis la propagation du premier clip « La mort dans la Pinède », le groupe a involontairement fait les choses à l’envers. Il a récolté (des récompenses) avant de semer. La liste est déjà longue : les iNOUïS, Le Fair, Les inRocks Lab, le Prix Félix Leclerc aux Francofolies, etc. Tout va si bien et si vite qu’ils n’ont même pas le temps d’étaler leurs médailles sur une page Wikipédia. Un grand Chelem pour du grand slam, revendication première de leur identité, qui aujourd’hui se forge et s’étale autour de la puissance de leurs paroles, de la force de leur musique et de leur insolent charisme sur scène.

C’est donc devant un parterre de (déjà) connaisseurs et fidèles que Feu! Chatterton nous embarque dans un grand huit romantique et poétique pendant une bonne heure pour notre plus grand bonheur. Preuve de leur perfectionnisme : les cinq musiciens offrent un concert ciselé, ajusté dans les moindres détails, pour restituer impeccablement chaque mot, chaque phrase mélodique, chaque instrument, chaque émotion.

Pas un seul titre ne laisse indifférent. Nous voilà remués sur chaque chanson dans un univers directement inspiré de l’actualité ou de leur vie personnelle. Tout est lié et délié, imbriqué par Arthur qui, tel un Rimbaud, assure les transitions en jetant des mots fous avec la classe d’un Oscar Wilde.

La sueur est sur tous les visages, des larmes coulent au coin de certains yeux, les lèvres tremblent.
Comment un groupe si jeune peut-il avoir autant de présence, d’aura, de maturité, d’assurance et d’inspiration pour nous faire tant retenir notre respiration ?

C’est un moment qu’on aimerait ne jamais voir s’achever. On voudrait reculer l’aiguille de sa montre d’une heure pour reprendre le concert à zéro et le revivre sans fin, jusqu’à l’épuisement.

Lorsque sonne la reprise de « La Malinche » en rappel, on rassemble ses ultimes forces pour faire honneur au titre et au groupe qui aura ce soir généreusement fait feu de tout bois.

On voit déjà Feu! Chatterton tout en haut de l’affiche. Espérons qu’ils ne se fassent pas trop vite happer par le star system.
Qu’ils se préservent, et préservons-les pour que ceux que nous considérons comme LE groupe français de ces prochains mois et de ces prochaines années puisse exister comme il l’entend et comme nous, aujourd’hui, avons plaisir à les entendre.


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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans