[Spot] Estère – My Design, On Others’ Lives

En matière de musiques électroniques et urbaines, les femmes imposent depuis quelques années, une vision totalement décomplexée et particulièrement fine de la composition, à travers l’expression d’une féminité complexe, multiple et nuancée, très loin des clichés machistes du genre.

crédit : Ross Brown

Assurément la musicienne Estère est une exploratrice sonore, inclassable et pourtant hautement référencée. En 2014, sous l’impulsion des dénicheurs de talents Prospect, elle nous avait fait une grande impression avec son premier album éponyme. Confirmation sans détour aujourd’hui, avec son deuxième long format : il est rare de percevoir, dès les premières minutes d’un disque, la marque d’une personnalité aussi affirmée, qui pourrait rappeler l’exigence d’une Kate Bush. À l’image de la photographie captivante de la pochette, l’empreinte esthétique de ce disque est celle d’un doux mystère, enrobé d’élégance, de sensualité et de force.

Estère se place directement aux côtés des musiciennes pour qui la liberté d’être et de faire est un leitmotiv aussi évident qu’instinctif. Avec des morceaux comme « Jellyfish Stings », « Ambition » et l’énormissime tube en puissance « Pro Bono Techno Zone » pour ne citer qu’eux, elle évoque les digressions oniriques d’une Erykah Badu, le magnétisme de Fever Ray, ou encore la fièvre communicatrice d’Ibibio Sound Machine et de sa fantastique chanteuse Eno Williams. Il serait facile d’évoquer la Nouvelle-Zélande, pour justifier de cette étonnante capacité à toujours se décentrer, jamais vraiment RnB ni totalement soul. Au-delà de cet indice purement géographique, voilà tout simplement un immense cadeau de la Sono Mondiale si chère au défunt magazine Actuel et à son mentor Jean-François Bizot qui, à n’en point douter, aurait de suite craqué sur cette étoile montante de la musique globalisée.

crédit : Boudica Photographer

« My Design, On Others’ Lives » d’Estère est disponible depuis le 2 juillet 2018 chez Hyaku.


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Laurent Thore

Laurent Thore

La musique comme le moteur de son imaginaire, qu'elle soit maladroite ou parfaite mais surtout libre et indépendante.