[Live] Empress Of au Pop-Up du Label

Si elle enchaîne depuis quelque temps déjà les festivals parisiens ou les premières parties, nous n’avions encore jamais vu la jeune Empress Of en tête d’affiche dans la capitale. C’est désormais chose faite avec sa performance au Pop-Up du Label le 8 juin 2016, dans le cadre d’une toute première tournée européenne en headline où l’Américaine d’origine hondurienne est accompagnée de la Russe Olga Bell.

Empress Of © Cédric Oberlin
crédit : Cédric Oberlin

Après un set un peu timide de cette dernière, Lorely Rodriguez (de son vrai nom) est arrivée sur scène vêtue d’un haut transparent et d’une jupe blanche prête à tournoyer au rythme de pas de danse endiablés. Avec ses deux musiciens en charge de doser les beats électroniques, la petite brune avait ce soir-là l’occasion de présenter un premier album surprenant, « Me », sorti fin 2015 et qui comme son nom l’indique est purement introspectif, telle une plongée dans l’intimité d’Empress Of. Une pop aussi inspirée que prometteuse. Son disque, assez fédérateur, ravit en effet tantôt par ses expérimentations, tantôt par ses compositions plus accessibles. D’une base expérimentale plus confidentielle à ses tout débuts, l’artiste est dorénavant capable avec « Me » d’attraper plus d’oreilles et de surfer sur des vagues plus mainstream, notamment grâce à une (auto)production bien léchée, légère sans être lisse, souvent très catchy dans les refrains, portée par une voix au lyrisme envoûtant qui enveloppe et domine sans forcer. Et cela s’est senti dès notre arrivée dans la petite salle pleine adossée au Viaduc des Arts. Empress Of se fait plutôt la proue d’un courant d’air frais dans le monde de la pop faite maison, alliant l’originalité à l’efficacité, où sa voix perchée domine adroitement les beats électroniques.

L’Américaine offre toujours un moment épique avec la prestation de « How Do You Do It », dont le refrain a la frénésie d’une pop de stade ; un tube en puissance qui a tout simplement marqué l’année précédente. Si le set est principalement axé sur « Me » il est également enrichi d’un titre plus ancien, « Realize You », ou encore du tout récent « Woman Is A Word » sorti peu après son dernier album et qui s’interroge sur le concept du genre. Le concert se déroule dans une atmosphère assez suffocante du fait de la chaleur caniculaire de la salle parisienne. Nous connaissons déjà le lieu pour le devenir dès qu’il est à guichet fermé, n’offrant alors pas le meilleur contexte au public pour se mouvoir. Lorely Rodriguez ne peut l’ignorer et est tentée de tirer la langue comme ses fans. Elle nous a offert tout autant voire plus que lors de ses précédentes sorties, à l’image de cette chorégraphie mystique faisant tourner jupe et cheveux sur les beats acérés du remuant « Water Water ». Si nous regretterons cependant un son donnant une tonalité quelque peu garage, presque incongrue par rapport à la sensibilité artistique de l’Américaine, ne permettant pas de retrouver toute l’intensité de « Me », Empress Of a réussi à communiquer son énergie et ses fans se sont mouillés eux aussi pour lui rendre la pareille. Nous avons malgré tout pu profiter d’une performance vocale attendue, au moment de ses titres plus planants, à l’instar de l’intro sublime de son dernier disque, « Everything In You ».

Après une petite heure de show, Empress Of était prête à rendre le micro, mais c’était sans compter sur l’insistance du public à la faire rester pour jouer « Kitty Kat », dernier titre manquant de sa setlist et figurant parmi les plus belles réussites de son premier album. Et à la sortie du show, Lorely s’est elle-même rendue à la caisse de son stand de merchandising pour y présenter une version exclusive de « Me » format cassette ; une belle récompense après ce concert dégoulinant.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens