Empire Dust – Empire Dust

Il y a des groupes qui sur le papier ont tout de bon. Les bons protagonistes. La bonne rencontre. Le bon moment. Des noms qui circulent déjà en solo et qui n’ont rien à prouver. Tout paraît alors très simple et la réussite se perçoit nettement à l’horizon. Parfois cette lueur n’est qu’un mirage. Parfois elle ne fait que ternir. Pour d’autres, malgré un pedigree irréprochable, la rencontre est un clash et le parcours plus combattant que glissant. C’est le cas d’Empire Dust.

Empire Dust - Empire Dust

Empire Dust est donc un groupe de têtes connues. Les médias le disent, indiemusic aussi. C’est annoncé et à présent, puisque les conditions sont dévoilées, passons à autre chose et intéressons-nous à Empire Dust corps et âme.

L’album vient de tomber en ce mois gris et glacial d’octobre. Le graphisme s’y prête. Le ciel ténébreux qui s’accompagne d’une nuée d’oiseaux noirs et s’ouvre sur une tour triangulaire. Les formes sont franches, les traits puissants. La musique aussi.

D’ailleurs, c’est sûrement ce qui frappe en premier lieu : Empire Dust, l’album, ne doute pas. Il s’impose comme le flow pulvérisant de Lord Kimo et MC Batamunde. Le son ne tâtonne pas non plus, et est envoyé violemment.

crédit : Juliane Lancou
crédit : Juliane Lancou

Le projet est radical comme la formation peut surprendre. Deux MCs londoniens s’entourent de musiciens frenchys. Mais ce qui détonne le plus n’est sûrement pas ce pont France-Angleterre, mais plutôt ces bagages que chacun a su amener et développer. Empire Dust signe un retour vers le passé pour mieux comprendre le son du futur.

On ne parle pas d’un retour aux années 2000, c’est bien plus loin que le groupe nous amène. Il l’assume et leur musique en transpire : la new wave 80s rencontre le punk 70s, là où les phrasés francs et coupants se déchaînent sur des guitares aux riffs pesants et continus et des claviers stridents. Le rendu est brut et métallique, sans pour autant sombrer dans la facilité de la non-perception auditive, du chaos sonore.

Tout cela arrive très vite, dès l’ouverture qui met directement les pieds dans le plat du sombre et du violent. De l’amer et du réel. « Take Over ». Un son en boucle qui en devient bourdonnant, un flow haché, qui pense un hip-hop comme une musique entêtante. Mais ça serait trop facile de croire que tout est dit avec un seul morceau. Parce que tout n’est pas aussi simple, à l’image d’ « Empire Dust », titre éponyme. Les guitares d’abord urticantes en deviennent criantes, puis laissent s’envoler un clavier mélodique et un refrain bien pensé. « No Rain » se déshabille de cette atmosphère sonore pour jouer sur une montagne russe de puissance et de tension. Le titre en devient plus dangereux.

L’album se ferme sur un morceau ingénieusement pensé. Histoire que l’on présage déjà un futur à Empire Dust. « The Apartment » est une curieuse façon de clôturer, où le phrasé est plus susurré et sulfureux qu’alarmant. Il s’accompagne intelligemment d’un apogée électro. L’envol après la tempête macabre.

Empire Dust défie les codes, les routes tracées, les sillons déjà effacés. Empire Dust défie la musique et ses carcans. Empire Dust impose sa propre conception de la musique.

Ils seront ce soir en concert parisien, au Centre Fleury Goutte d’Or à 19h.

Empire Dust

« Empire Dust » d’Empire Dust est disponible depuis le 19 octobre 2013 chez Last Exit Records.

empiredust.com
facebook.com/EmpireDust
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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes